Obama et Medvedev à Prague pour le nouveau Traité START

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Barack Obama a obtenu l’adoption par le Congrès de sa réforme de la santé, la nouvelle loi qui en découle est déjà signée et il peut maintenant se pencher sur ses projets en matière de politique étrangère, notamment en ce qui concerne les armes nucléaires.

Barack Obama a obtenu l’adoption par le Congrès de sa réforme de la santé, la nouvelle loi qui en découle est déjà signée et il peut maintenant se pencher sur ses projets en matière de politique étrangère, notamment en ce qui concerne les armes nucléaires.

Aussi bien Washington que Moscou affirment que le nouveau traité START, devant succéder à START-1 arrivé à expiration l’année dernière, est déjà prêt et qu’il ne reste plus qu’à le signer. Cela aura lieu à Prague. Parmi les dates les plus probables, les Américains avaient jusque-là cité le lundi 5 avril. Des sources russes avaient mentionné le 8 avril. Malgré cette divergence, la date sera annoncée bientôt.

Des différences d’interprétation quant au degré d’achèvement du travail sur le document demeurent aussi puisque les Américains affirment que les présidents Barack Obama et Dmitri Medvedev « doivent avoir des entretiens » avant la signature, ce qui devrait avoir lieu d’un jour à l’autre. De toute évidence, il n’y a plus d’obstacles insurmontables.

La rencontre qui a eu lieu le mercredi 24 mars entre Obama, d’un côté, et John Kerry, le président du comité des affaires étrangères du Sénat, et son homologue républicain, l’influent sénateur Richard Lugar, de l’autre, montre de façon particulièrement éloquente que l’affaire n’est plus au point mort. Selon la Constitution, le Sénat américain « donne son accord » pour tous les traités internationaux signés par les États-Unis. Les présidents éclaircissent d’ordinaire à l’avance les difficultés éventuellement posées par la ratification des accords importants afin d’éviter toute mauvaise surprise. Le Sénat commencera les débats sur le projet de traité probablement le 4 avril, c’est-à-dire avant même la signature. Cela ne signifie pas que les débats au Sénat puissent se dérouler sans accrocs. La signature de l’accord rencontre des adversaires même parmi les démocrates qui sont majoritaires au Sénat, sans parler des républicains.

Mais cela signifie qu’Obama accélère effectivement la mise en œuvre de ses initiatives nucléaires, pour que le traité puisse être signé au moins avant la rencontre sur la non-prolifération nucléaire prévue pour le 12 avril à Washington. C’est de cette rencontre et du traité que dépendra pour beaucoup le succès ou l’échec de la conférence du mois de mai qui doit examiner les conditions d’application des dispositions du Traité de non-prolifération des armes nucléaires de 1968. La ratification pourrait prendre plusieurs mois.

Une demande a déjà été adressée à Prague de pouvoir signer le traité dans la capitale tchèque. Compte tenu de l’attachement des Américains aux symboles et du désir constant qu’a le service des relations publiques de la Maison Blanche de souligner à tout prix le rôle décisif de son président, il faudrait s’attendre à une signature le 5 avril. C’est-à-dire un an exactement après le discours que Barack Obama a prononcé à Prague et dans lequel il a exposé sa vision de la future sécurité nucléaire du monde. En deux mots, il avait annoncé l’aspiration des États-Unis à un « monde dénucléarisé » et son intention d’entrer en négociations avec la Russie à propos du désarmement nucléaire. Autrement dit, Prague et le 5 avril sont un lieu et une date parfaits pour confirmer enfin que les déclarations d’Obama ne sont pas du vent et qu’il passe vraiment des paroles aux actes dans sa politique étrangère, d’autant plus que ses échecs sur le terrain international ont été cuisants ces derniers temps. Cela concerne surtout la récente visite du premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou à Washington. L’entretien était si musclé que la Maison Blanche - du jamais vu - a interdit aux journalistes d’y assister, annulé la conférence de presse et n’a même pas publié de photos de la rencontre dans le Bureau ovale, comme cela se fait ordinairement à de telles occasions.

Bref, START vient à point.

Mais il ne faut pas se faire d’illusions. La signature du nouveau traité de réduction des armements nucléaires stratégiques serait une percée, mais seulement par comparaison avec ce que nous avions sous George Bush junior. Pour le reste, le nouveau traité ne peut être considéré (et c’est ce qui est souhaité) que comme une porte entrouverte.

Le nouveau traité START de 20 pages doit stipuler l’obligation des parties de réduire de près de deux fois le nombre d’ogives nucléaires jusqu’à 1500-1675 unités et celui de leurs vecteurs, jusqu’à 500-1100. Et cela sept ans seulement après l’entrée en vigueur du traité. George W. Bush et Vladimir Poutine avaient conclu en 2002 un traité supplémentaire sur la réduction des potentiels stratégiques offensifs. Ce traité réduisait le nombre d’ogives nucléaires déployées à 1700-2200 de part et d’autre vers 2012. La différence n’est pas grande avec le nouveau traité START qu’on s’apprête à signer.

C’est pourquoi tous les experts affirment, presqu’à l’unisson, que le nouveau traité START doit être une sorte d’apéritif avant le plat principal. S’il ne l’est pas, la victoire ne sera pas si grande, car la réduction des nombres est, en fait, minimale dans le traité. Le nouveau traité START est si modéré que l’optimisme susceptible d’être éprouvé ne peut porter que sur les prévisions quant à la poursuite du travail. Comme l’a déclaré un expert américain, « les deux parties ont en commun le même objectif – réduire les armes nucléaires – et il serait appréciable qu’elles aient aussi en commun les moyens de l’atteindre ». Espérons que la réunion de Prague y contribuera.

En tout cas, il faudra lire attentivement les dispositions du traité et les déclarations qui seront faites par les présidents à la cérémonie de signature. A ce propos, Prague – et l’Europe de l’Est dans son ensemble – est le lieu idéal pour suivre ce qui sera finalement écrit dans le traité sur la défense antimissile et son application en matière d’armements stratégiques.

Ce texte n’engage que la responsabilité de l’auteur.

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