Obama et le club nucléaire

© RIA Novosti . Dmitri AstahovLes présidents Dmitri Medvedev et Barack Obama
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Après START et les ententes nucléaires russo-américaines scellées le 8 avril à Prague, le monde abordera la semaine prochaine le règlement d’autres casse-tête nucléaires épineux.

Après START et les ententes nucléaires russo-américaines scellées le 8 avril à Prague, le monde abordera la semaine prochaine le règlement d’autres casse-tête nucléaires épineux.

Ces problèmes similaires ou connexes, mais déjà d’envergure globale, seront examinés aux États-Unis où le président Barack Obama accueillera le Sommet sur la sécurité nucléaire globale (Global Nuclear Security Summit) des 12 et 13 avril. C’est Obama lui-même qui l’avait proposé lors du sommet du G8 de juillet 2009 en Italie. En mai prochain, le monde franchira un pas de plus car l’ONU passera en revue l’application du Traité de non-prolifération des armes nucléaires datant de 1968.

A Washington, 47 chefs d’État et de gouvernement devront examiner et, éventuellement, adopter un plan d’action qui puisse assurer la sécurité et le bon entretien des matières nucléaires; aider à mettre fin à la contrebande et à la vente illégale de matières nucléaires; permettre d’identifier le « terrorisme nucléaire » au moment opportun et de le neutraliser; renforcer le régime de non-prolifération et le contrôle du maniement de matières fissiles. La Russie aura d’ailleurs beaucoup aidé les États-Unis à formuler l’ordre du jour du sommet.

Le fait que de nombreux participants, y compris des puissances nucléaires antagonistes comme le Pakistan, l’Inde et la Chine, aient consenti à participer à la conférence est déjà, en soi, un bon signe. Que Barack Obama ait enfin commencé à mettre en œuvre son agenda international relatif au désarmement est également impressionnant. Le contrôle des armements, la lutte contre le terrorisme nucléaire et la non-prolifération en sont les éléments majeurs. Le prédécesseur de Barack Obama, George W. Bush, avait également parlé de contrôle et de désarmement. Mais annoncer un objectif et le suivre sont deux choses différentes. En l’occurrence, c’est la deuxième qui sera difficile.

Les participants, en particulier ceux qui n’ont pas signé le TNP (Israël, l’Inde et le Pakistan), qui ne le respectent pas (l’Iran et la Corée du Nord qui s’est retirée du traité) et les vieux pays nucléaires (les États-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, la France et la Chine) ont tant de divergences qu’il est peu probable qu’on parvienne à valider d’emblée un plan concret. Si déjà l’on parvenait à adopter une déclaration politique commune, ce serait une bonne chose. Ce serait toujours un pas en avant de fait.

Il faudrait aussi éviter de transformer le sommet en « Grand procès nucléaire » qui se pencherait sur le comportement nucléaire incohérent de Téhéran et de Pyongyang et/ou en instrument de forte pression qui s’exercerait sur ces pays en prononçant de nouvelles sanctions. Il a été ainsi conçu et cela ne laisse pratiquement aucun doute. L’essentiel est de savoir quelle sera la tendance qui prévaudra: globale ou régionale, c’est-à-dire irano-coréenne.

Bien entendu, il ne faudrait pas nourrir trop d’illusions. Tout cela n’aurait de sens profond et concret que si le désarmement nucléaire intense s’opérait de façon simultanée et non pas en termes de perspectives. Tant que se trouveront dans le monde des fortes puissances nucléaires, des « adolescents nucléaires » comme l’Inde, le Pakistan, Israël, et des « mauvais garçons » comme l’Iran et la Corée du Nord, ces deux dernières catégories de pays se sentiront toujours lésées dans leurs droits nucléaires souverains.

Barack Obama agit, semble-t-il, de façon énergique en vue de préparer le Traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles (TIPMF). En ce sens, il n’est ni un pionnier, ni un messie. On parlait déjà de ce traité à la fin des années 1950. Obama et Medvedev avaient débattu de son élaboration au cours de leur récent sommet de 2009 à Moscou.

Tous les pays équipés des armes nucléaires, d’un nucléaire civil, des ressources en matières premières nucléaires, des centrales nucléaires, des réacteurs nucléaires de recherche et des navires à propulsion atomique ont été invités au sommet sur la sécurité nucléaire. Ce sont, entre autres, les pays qui utilisent l’uranium "civil" hautement enrichi à partir duquel il est le plus facile d’obtenir une matière nucléaire militaire. D’après les données de l’International Panel on Fissile Materials, organisation internationale indépendante dont font partie des experts russes, les réserves mondiales d’uranium hautement enrichi représentent actuellement 1670 tonnes, dont 760 tonnes sont destinées à « usage civil ». La Russie et les États-Unis se taillent la part du lion. En dehors de ces pays, 4,3 tonnes d’uranium hautement enrichi sont utilisées chaque année à des fins civiles. Cette quantité est suffisante pour fabriquer 160 charges nucléaires.

Il faut dire que la plupart des règles en matière de nucléaire auxquelles se conforme le monde depuis 60 ans ont été écrites (ou prévues) après la Seconde Guerre mondiale, dans les années 50, et qu’elles n’ont pas fondamentalement changé depuis. En revanche, les puissances nucléaires se sont multipliées.

Comme tout dans ce domaine complexe, chaque acte entraîne toute une série d’implications et il y a un effet « boule de neige ». Bref, il sera bien plus difficile de s’entendre sur les problèmes mentionnés que de parvenir à une entente entre Washington et Moscou sur, par exemple, un nouveau traité START. Il faut pourtant bien commencer.

 

Ce texte n’engage que la responsabilité de l’auteur.

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