Le nouveau système russe de commandement interarmées

© RIA Novosti . Vitaliy Ankov / Accéder à la base multimédiaLes manœuvres Vostok-2010
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Les changements attendus dans la structure du commandement des forces armées russes sont devenus réalité : le président Dmitri Medvedev a signé hier l’arrêté créant quatre commandements stratégiques interarmées qui seront déployés dans les quatre nouvelles régions militaires.

Les changements attendus dans la structure du commandement des forces armées russes sont devenus réalité : le président Dmitri Medvedev a signé hier l’arrêté créant quatre commandements stratégiques interarmées qui seront déployés dans les quatre nouvelles régions militaires.

Le commandement "Ouest", dont l’état-major siègera à Moscou, commandera les forces de la région militaire d’Ouest. La nouvelle région est composée des anciennes régions militaires de Moscou et de Leningrad et des flottes de la Baltique et du Nord.

Le commandement "Sud", dont le siège sera à Rostov-sur-le-Don, commandera les forces de la région militaire du Sud, comprenant l’ancienne région militaire du Nord Caucase, la flotte de la mer Noire et la flottille de la mer Caspienne.

Le commandement "Centre", dont le siège sera à Ekaterinbourg, commandera les forces de la Région militaire centrale, qui réunira l’ancienne région militaire de Volga-Oural et la partie Ouest de la région militaire de la Sibérie.

Pour finir, le commandement "Est", dont le siège sera à Khabarovsk, commandera la flotte du Pacifique, les forces de la région militaire de l’Extrême-Orient et de la majeure partie de la région militaire de la Sibérie.

Les nouveaux commandements dirigeront toutes les forces, y compris la marine, l’armée de l’air et la défense antiaérienne, des régions militaires respectives. Les états-majors interarmes qui dirigeront ces unités sont en cours de création.

Le système des régions militaires qui existait près de 150 ans avait été fondé sur d’autres principes. Le commandant de la région militaire dirigeait les forces de l’armée de terre appartenant à la région et son autorité ne s’étendait pas aux autres armes, à l’exception de l’aviation légère qui a fait périodiquement l’objet d’essais de subordination aux commandants des régions militaires. Les structures de commandement (hors marine) n’ont été réunies au niveau opérationnel qu’en temps de guerre, lorsque toutes les forces de combat étaient soumises aux commandements militaires indépendamment de leur appartenance à une armée, à l’exception de certaines unités spéciales, ainsi que des unités de bombardement à longue portée, dirigées directement par le Commandement suprême. L’interaction avec la flotte était rendue possible grâce au passage des forces de la flotte sous le commandement opérationnel des fronts maritimes (ou des fronts dans la région de grands fleuves ou de lacs, sur lesquels naviguaient les flottilles de la marine) ou à la coordination des activités par les instances supérieures.

Après la guerre, compte tenu de l’accroissement considérable des capacités de l’armée de l’air et du potentiel de la marine lors des opérations contre les forces côtières, ainsi qu’avec l’apparition de systèmes permettant la coordination des forces des unités de divers types d’armée, la constitution d’états-majors interarmées est devenue une norme en Occident et, finalement, la Russie a également reconnu la rationalité de ce système.

La répartition géographique des nouvelles régions est faite en fonction de l’emploi possible des forces armées. La région Ouest comprend les unités et les forces traditionnellement destinées pour des opérations sur le théâtre européen et dans les eaux territoriales respectives, à savoir les régions de Moscou et de Leningrad, les flottes du Nord et de la Baltique. La région Sud est responsable du Caucase, de la mer Noire, Caspienne et Méditerranée et de la partie Ouest de l’océan Indien. La région Centre pourrait également s’appeler "centrasiatique" : sa zone potentielle de responsabilité en dehors des frontières russes comprend toute l’Asie Centrale, du Kazakhstan au Hindou Kush. La région Est est composée d’unités responsables des frontières russes dans la région de l’océan Pacifique et de la zone Asie-Pacifique.

La nouvelle structure du commandement devra être opérationnelle le 1er décembre 2010. Certains de ses éléments avaient déjà été testés pendant les manœuvres Vostok-2010 qui se sont achevées récemment. La création des nouveaux commandements est l’étape finale du passage de l’armée à une structure de commandement à trois niveaux : le commandement interarmées stratégique, le commandement opérationnel, la brigade. À la première étape, dans le cadre de l’ancienne structure de commandement, les nouvelles brigades avaient été créées, ensuite les états-majors des armées ont été transformés en états-majors de commandement opérationnel et, enfin, c’est le tour des états-majors supérieurs.

Les nouveaux commandements pourront coordonner les forces aussi bien sur le territoire national qu’à l’étranger : une zone de responsabilité en dehors de la Russie est attribuée à chaque commandement. L’état-major du Commandement interarmées stratégique, quant à lui, coordonnera toutes les armes dans les limites de sa zone.

Seules les unités de missiles stratégiques conserveront la structure et le système de commandement indépendant, se trouvant sous le commandement exclusif et direct du Chef suprême des armées.

En parallèle avec la création des commandements interarmées, un autre changement s’est opéré : une structure unique de logistique militaire a été créée. La nouvelle structure réunira les unités de soutien et d’approvisionnement, responsables du carburant, de la nourriture, des munitions, de l’armement et des autres provisions nécessaire à l’activité militaire quotidienne. Auparavant ces fonctions étaient séparées. L’adjoint du ministre de la Défense traitera exclusivement des questions d’élaboration, d’adoption et de production de nouveaux types d’armement et de matériel militaire.

La réforme du système de commandement des forces armées avec la mise en place des commandements interarmées dans régions militaires était nécessaire depuis longtemps mais sa réalisation suscite beaucoup de questions. La première est de connaître l’aptitude du corps des officiers et des généraux à diriger ce type d’unités qui comprendront des forces aussi diverses. La seconde concerne la capacité de ces unités de réagir face aux multiples menaces qui surviennent dans la large zone de responsabilité du pays et en dehors de ses frontières. Cela concerne principalement les questions de coordination de la flotte, y compris sur des théâtres d’opération éloignés dans l’océan Indien, en Méditerranée et dans d’autres régions d’importance stratégique.

Ce type de commandement serait efficace à condition d’augmenter considérablement le rôle des officiers de la marine car, dans le cas contraire, la flotte autonome se transformera de facto en une « sous-unité maritime de l’armée », rendant impossible l’accomplissement de la majorité des missions de la marine.

Des questions importantes apparaissent à propos de l’approvisionnement des états-majors en moyens et en équipements modernes de gestion et de liaison. En l’absence de capacités techniques la réforme des unités n’aura pas le succès escompté et, qui plus est, réduira considérablement la coordination des forces, même par rapport à la situation actuelle qui est loin d’être idéale.

Notons, que le déficit en systèmes modernes de gestion et de communication, qualifié par les autorités militaires et civiles de malheur le plus important de l’armée, et le décret du président russe en vigueur actuellement prévoit l’équipement des états-majors en moyens de gestion et de communication dans les 2-3 ans à venir.

Résoudre la question de la préparation des officiers et de leur capacité à coordonner les unités interarmées demandera du temps. Des années s’écouleront avant que la nouvelle structure soit entièrement opérationnelle, et elles seront les années les plus difficiles pour l’armée russe.

Il sera impossible de résoudre rapidement les problèmes d’armement au sein de l’armée russe. L’armement ancien et de types variés vieux de 20-30 ans est également un obstacle à la création d’un mécanisme de combat efficace. Dans ce sens, l’espoir pourrait reposer sur le nouveau programme gouvernemental d’Etat d’armement pour les années 2011-2020, en espérant que sa mise en œuvre ait plus de succès que les programmes précédents.



Ce texte n’engage que la responsabilité de l’auteur

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