La grande hostilité pour les musulmans en Europe

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Parler ouvertement de l’échec de l’intégration multiculturelle dans une Allemagne où les problèmes et les relations ethniques ont toujours été un sujet tabou, indique que le problème de l’immigration en Europe revêt une acuité particulière.

 

Parler ouvertement de l’échec de l’intégration multiculturelle dans une Allemagne où les problèmes et les relations ethniques ont toujours été un sujet tabou, indique que le problème de l’immigration en Europe revêt une acuité particulière. Si quelqu’un doutait encore de l’arrivée d’un climat hostile dans l’Ancien Monde pour les immigrés, le discours de la chancelière Angela Merkel lors du dernier congrès de la jeunesse de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) était à cet égard suffisamment éloquent. Le multiculturalisme, selon la chancelière, est un échec total et les immigrés doivent changer pour s’intégrer à la société allemande.

Bien qu’il soit question d’immigrés en général, il était clair qu’il s’agissait des musulmans, et plus précisément des Turcs qui sont 2,5 millions sur un total de 16 millions de non-Allemands habitant en Allemagne. Et voila que le 19 octobre, le président allemand Christian Wulff a recommandé à tous les Turcs résidant en Allemagne d’apprendre plus rapidement l’allemand.

A la veille de la visite officielle de cinq jours en Turquie, qui a commencé ce même 19 octobre, il a littéralement déclaré dans une interview accordée au plus grand journal turc Hurriyet : ‘’ L’apprentissage de la langue allemande [par les immigrés] permettrait de résoudre nombre de problèmes ‘’. Dans la ‘’ chancellerie de démocratie ‘’, en Allemagne, les présidents ne font rien sans l’accord préalable des chanceliers. Ainsi, cette considération est-elle une approche systémique de la politique allemande.

Il faut dire que ce n'est pas la première fois qu’Angela Merkel tient ce genre de propos. C’est déjà arrivé, avec l’emploi des mêmes termes, ou presque. En novembre et en décembre 2004, lors du congrès de la CDU à Düsseldorf, Mme Merkel avait déclaré que ‘’ le multiculturalisme ne fonctionnait pas ‘’. Ce n’est donc pas une nouveauté. Seulement à l’époque, Angela Merkel s'exprimait en tant que leader d'opposition, or aujourd’hui, elle fait cette déclaration au titre de chancelière allemande. Ce n’est pas exactement la même chose.

Tout cela signifie qu’aujourd’hui Berlin s’est joint officiellement à la France, à la Belgique, aux Pays-Bas, à l’Italie, à la Grande-Bretagne dans la révision de leur position conceptuelle sur le problème européen. Plus précisément : l’approche multi- et pluriculturelle ne fonctionne pas. Il est nécessaire d’opter pour une autre solution qui ne serait valable que dans les deux sens. Séparément, deux cultures différentes n’ont aucune chance de coexister.

On pourrait justifier tout cela par la fragilité de la position de Merkel au sein de l’union CDU/CSU (Union chrétienne-sociale) au pouvoir et de son propre parti. Certains manitous de la coalition estiment qu’Angela fait pencher la CDU trop ‘’ à gauche ‘’. On lui prédit même une sorte de mutinerie interne au parti, la probabilité de la séparation de l’aile de droite, la scission, la démission du poste du chef du parti et, par conséquent, des élections anticipées. Ainsi, les propos de l’ancien membre des Jeunesses Communistes et de la fille d’un prêtre de la RDA cachent des motivations politiques. Or les prochaines élections ne sont prévues qu’en 2013, et le pays ne souhaite pas connaître l'instabilité politique. Et une scission des conservateurs aujourd’hui assurerait demain la victoire des socio-démocrates.

Il faut dire que l’Allemagne n’est pas le plus ‘’ musulman ‘’ des pays de l’UE. Près de 15 millions de musulmans (selon des évaluations approximatives) sur un total de 1,5 milliards vivent en Union Européenne. Et la France affiche le taux le plus important d’environ 8%, contre  6% au Pays-Bas. On recense près de 4% de musulmans en Allemagne, en Autriche, en Suède, en Grèce et en Suisse. Environ 3% en Grande-Bretagne et 2% en Italie. Selon les prévisions, en 2050, pratiquement la moitié de la population européenne sera musulmane. Les experts mettent en doutent la méthode de tels calculs mais ne doutent pas de l’augmentation future du nombre de musulmans.

La Russie devrait suivre avec attention les événements en Europe en raison de la hausse du ‘’ contingent d’immigration ‘’ : comment résoudre (ou pas) les problèmes de l’immigration. Elle pourrait en tirer des enseignements.

Le problème est que dans le monde actuel soumis aux changements, et dans les conditions défavorables de l’indétermination économique européenne, l’intégration des musulmans immigrés, d’Al-Qaïda, et de ben Laden en un ensemble, fût-t-il amorphe, a déjà eu lieu. Et cela représente un phénomène très dangereux mais, malheureusement, inévitable. Toutes les personnes confrontées aux problèmes de l’immigration au quotidien, en mettant de côté le niveau culturel et politique du politiquement correct hypertrophié, en sont bien conscientes. De Vladivostok à Moscou, de Moscou à Lisbonne, d’Amsterdam à Madrid ou de Marseille à Hambourg, l’hostilité à l’égard des immigrés est un fait.

Il serait, bien sûr, préférable que dans chaque pays on ne remarque pas les différences ethniques, à l’instar d’un individu en bonne santé qui ne fait pas trop attention à sa colonne vertébrale. De plus, en Europe la diversité culturelle s’établit depuis des siècles, et en enlever ne serait-ce qu’une couche (prenons l’exemple de l’Espagne et son patrimoine culturel mauritanien) sans endommager l’ensemble est tout simplement impossible. Tout le monde souhaiterait voir se créer une société culturelle homogène, plutôt que mono- ou multiculturelle, où chaque partie s’intègrerait parfaitement à la société, de sorte qu’on ne puisse pas séparer une partie de l’ensemble. Mais la maladie semble à un stade trop avancé.

Bien sûr, les musulmans doivent s’intégrer à ‘’ l’ensemble ‘’ (culturel, quotidien, linguistique, national etc.) aussi bien en Allemagne qu’en Europe en général. Il faut apprendre la langue, s’empreindre des traditions et respecter les coutumes des autochtones européens. C’est un fait.

Mais les Européens, y compris les Allemands, feraient bien de réfléchir également à une question fort simple. Les immigrés ont été conviés dans le pays dans les années 50-60 du siècle dernier (Turcs, Marocains, Algériens, Pakistanais, Philippins, Indiens, Nigérians, etc.). Pour combler le manque crucial de main-d’œuvre. Une fois que l’économie s’est mise sur les rails, que la situation s'est améliorée, que des rues et des routes ont été construites et sont devenues propres, pouvait-on d'un simple claquement de doigts les renvoyer du pays après de nombreuses années de séjour ? Ce ne serait pas digne de l’Europe. Tous les mantras disant qu’ils ont été invités temporairement et qu’on attendait qu’ils repartent tous ensemble chez eux (à destination des pays pauvres après avoir goûté au bien-être européen ?!) sont peu convaincants. Ne pouvait-on pas prévoir la suite des événements ?

Ce problème n’est donc pas seulement allemand (britannique, français, espagnol hollandais etc.) mais européen, et ce depuis longtemps. En Russie il est aussi présent et se traduit par une pression accrue chaque année. Il suffit de sortir dans la rue pour le comprendre.

 

Ce texte n’engage pas la responsabilité de RIA Novosti

 

 

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