L'aéronavale russe a besoin de nouveaux appareils

© RIA Novosti . Anton Denisov / Accéder à la base multimédiaMiG-29
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L’aviation de la Marine russe traverse une période critique. Et la Flotte de la mer Noire, qui pourrait se voir privée de la majeure partie de ses avions et hélicoptères dans les 5-6 prochaines années, est particulièrement touchée.

L’aviation de la Marine russe traverse une période critique. Et la Flotte de la mer Noire, qui pourrait se voir privée de la majeure partie de ses avions et hélicoptères dans les 5-6 prochaines années, est particulièrement touchée. Des mesures urgentes doivent être prises, d’autant plus que sans la composante aéronavale, tous les nouveaux bâtiments prévus par la loi de programmation militaire 2011-2020 seraient inutiles.

Les projets de dotation de l’aviation maritime russe en nouveaux appareils demeurent inconnus. Aucune déclaration publique, et encore moins officielle, n'a encore cité les chiffres et les modalités d’acquisition des appareils pour la Marine, sauf l’annonce de l’achat de 26 chasseurs MiG-29 destinés aux porte-avions. Les déclarations informelles et les articles des experts font référence à la modernisation des avions anti-sous-marins Il-38 et Tu-142, ainsi qu’aux appareils prévus pour la Marine dans le cadre des achats de 1 000 nouveaux hélicoptères en 2011-2020.

Au cours des 20 dernières années, la Marine a subi des réductions des effectifs drastiques, l’aviation maritime a été l’une des premières touchée. Ainsi, l’aviation maritime équipée de missiles a de facto cessé d’exister, le nombre d’appareils anti-sous-marins a considérablement diminué, la situation des avions embarqués est également critique. Cela concerne aussi bien les avions du seul porte-avion russe Amiral Kouznetsov, que les hélicoptères embarqués des croiseurs, des grands navires anti-sous-marins et des patrouilleurs. Dans ce contexte, la situation de la Flotte de la mer Noire est critique.

Cette situation s’explique par le fait que de toutes les flottes de la Marine soviétique, la Flotte de la mer Noire a été la seule à ne pas avoir bénéficié de la modernisation de ses navires et à ne pas avoir été dotée d’avions de nouvelle génération dans les années 80, avant l’effondrement de l’URSS. Au final, la flotte a gardé les hydravions Be-12, retirés depuis longtemps dans toutes les autres flottes russes. Son parc d’hélicoptères est également assez obsolète, comprenant les appareils Ka-27 et Mi-14. Toutefois, ces types d’hélicoptères sont utilisés par les autres flottes de la Marine russe.

La Russie a la capacité de remplacer les hélicoptères. Le pays produit annuellement jusqu’à 100 appareils destinés à l’exportation et à ses propres besoins. Et compte tenu des plans plus qu’impressionnants d’achat de nouveaux hélicoptères dans le cadre de la loi de programmation militaire 2011-2020, l’aviation maritime devrait, sans doute, obtenir sa part.

La question du remplacement des avions anti-sous-marins est plus sensible. A l’heure actuelle, la Russie dispose tout au plus de 40 appareils de longue portée, dont près de 26-28 Il-38 et 15 Tu-142 en dotation dans les flottes du Pacifique et du Nord. La Flotte de la Baltique ne dispose d’aucun avion anti-sous-marin, et la Flotte de la mer Noire ne possède que 4 anciens Be-12.

Au cours des dernières années, les avions anti-sous-marins basés à terre ont considérablement changé. Dans la majorité des pays développés, au fur et à mesure du développement des équipements radio-électroniques, ils se sont transformés en patrouilleurs aéronavals polyvalents. Le P-3 Orion modernisés de la Marine américaine, équivalent de l'Il-38 russe, en est un parfait exemple. Au cours de l’évolution des 30 dernières années, les Orions sont devenus capables d’attaquer les bâtiments de surface à l’aide de missiles antinavires, de remplir les missions d’un appareil de détection radar et de guidage à longue portée, de patrouiller dans la zone économique exclusive et dans les eaux territoriales pour traquer les contrebandiers et les braconniers.

Une modernisation similaire est prévue pour les appareils anti-sous-marins russes. Mais 40 appareils ne suffiraient pas à remplir toutes les missions imposées à la Russie par la plus longue frontière maritime couplée à la fonte des glaciers polaires. Par exemple, les Etats-Unis disposent de 130 appareils de ce type. Toutefois, certains experts américains estiment que c’est insuffisant.

La Russie est incapable de rivaliser avec les Etats-Unis dans le secteur de l’aéronavale. Mais son potentiel lui permet de renforcer significativement l’aviation de marine en acquérant de nouveaux appareils.

Avant tout, il est question de l’hydravion A-42, une version modernisée de l’A-40 Albatros élaboré dans les années 80. Ces appareils sont capables d’atterrir sur l’eau et de participer aux missions de sauvetage, parmi tant d’autres missions de patrouilleurs navals.

Le ministère de la Défense a déjà fait part de son intention d’acquérir des A-42. En particulier, en 2008, le ministère parlait de l’achat de 4 versions de recherche et de sauvetage de ces appareils pour 2010, puis s’approvisionner en appareils polyvalents, capables d’embarquer de l’armement. Cependant, ces plans n’ont toujours pas été mis en œuvre. Selon l’ancien commandant de l’aviation et de la défense antiaérienne de la Marine, le général-lieutenant Valeri Ouvarov, 15-20 nouveaux hydravions suffiraient à la Russie pour répondre aux besoins en appareils de recherche et de sauvetage et pour renforcer le parc de l’aviation anti-sous-marine. On pourrait difficilement parler du remplacement intégral des anciens appareils par les A-42. Compte tenu de l’état de l’usine de Taganrog, chargée de la fabrication de ces appareils, ainsi que du Be-200 inférieur par la taille, en dotation au ministère des Situations d’urgence, la fabrication de 40 appareils de ce type pourrait demander un délai de 20 ans.

L’achat d’avions Tu-204P serait une alternative qui permettrait de remplacer l’ancien parc d’avions dans des délais acceptables. Cet appareil, conçu selon le modèle de l’avion de ligne Tu-204, correspond de par son idéologie au dernier patrouilleur américain P-8 Poseidon, conçu d’après la version civile du B-737.

Le déploiement d’une production en série de tels appareils sur commande de la Marine paraît plus réalisable que le lancement de la fabrication en série du A-42, et, qui plus est, cela permettrait de donner un coup de pouce à la production des avions Tu-204, qui ne fait l’objet de pratiquement aucune commande commerciale. La fabrication de 50-60 de ces appareils en dix ans, couplée à une série limitée d’A-42, destinés principalement à remplir des missions de sauvetage, pourrait globalement arranger la situation et constituer une base pour le développement futur de l’aéronautique navale.

Ce texte n’engage pas la responsabilité de RIA Novosti

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