45e anniversaire du Pardon aux Juifs, au Dieu crucifié et à l'UE

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Afin d'expliquer les relations étranges entre la Russie et l'UE, il convient de recourir aux services d'un historien qui, à l'instar d'un psychiatre tentant de pénétrer dans l'enfance d'un individu pour y déceler ses peurs et sa culpabilité refoulées, pourra expliquer les complexités cachées de civilisations tout entières.

Afin d'expliquer les relations étranges entre la Russie et l'UE, à savoir, par exemple, pourquoi de temps à autre les Russes s’exclament " nous sommes Européens, comme vous ", mais la réponse des Européens contient beaucoup de termes polis servant à camoufler un rejet total (et cela dure depuis plus de trois cents ans), il convient de recourir aux services d'un historien qui, à l'instar d'un psychiatre tentant de pénétrer dans l'enfance d'un individu pour y déceler ses peurs et sa culpabilité refoulées, pourra expliquer les complexités cachées de civilisations tout entières.

Dans le cas présent il s'agit du passé douloureux de la civilisation européenne séparée entre " les nôtres " et " les autres ". La plus instructive des histoires concerne celle des Européens (des chrétiens) et du peuple juif. Pour la simple et bonne raison qu'aucune autre civilisation n'aurait pu imaginer une chose semblable.

Commençons par la date anniversaire (jeudi, 28 octobre) du pardon accordé pour la crucifixion de Jésus-Christ. Il y a quarante-cinq ans, le Vatican a fait repentance pour cette injustice qui dure depuis près de quatorze siècles (nous reviendrons plus tard sur ce chiffre étrange).

On pourrait dans le cas présent commencer à compter à partir de la déclaration de Nostra Aetate, adoptée par le Deuxième concile du Vatican (1962-1965). Ou à partir de la prière du Pape Jean XXIII sur les Juifs (30 septembre 1965) : " Pardonne-nous notre jugement aussi violent et injuste à l'égard du peuple juif. Pardonne-nous de t'avoir crucifié une seconde fois en disant cela. Pardonne-nous car nous ne savions pas ce que nous faisions... ". Enfin, on pourrait commencer par la reconnaissance d'Israël par le Vatican le 30 décembre 1993 (n'étant pas reconnu jusque-là, comme l'Iran qui refuse toujours de le reconnaître), ou par la visite de Jean-Paul II au Mur des Lamentations. Ce même Pape a expurgé des prières catholiques tous les passages concernant les Juifs.

Mais avant cela ils ont été en guerre des siècles durant! Près de quinze cents ans les chrétiens devaient considérer tout un peuple, y compris les enfants, comme maudit parce qu'en 33 après J.C. un groupe de leurs " compagnons " de Jérusalem avaient trahi Jésus. Une action, dont la majeure partie de la ville n'avaient probablement pas connaissance, étant préoccupée par ses propres affaires.

En principe c'est incroyable pour quiconque aurait étudié l'histoire du monde dans son intégralité. Aucune autre civilisation n'avait jamais fait une chose similaire. Les guerres et les pillages existaient, mais en dehors la coexistence des peuples de confession et de langue différente était tout à fait normale. Dans le cas contraire, le commerce serait impossible, les impôts cesseraient d'affluer, l'État s'effondrerait.

Tous les gouvernements essayaient de séparer les " autres " de la population en les installant dans les quartiers isolés. Les nôtres " étaient tout de même considérés comme tels. Mais de là à maudire indéfiniment une nation toute entière?

Le problème viendrait probablement du fait que la civilisation européenne –  produit des civilisations zoroastrienne et d'ancienne Égypte, c'est-à-dire iranienne – en a hérité du rôle spécifique de prêtres dans le gouvernement, un phénomène sans précédent nulle part ailleurs.

Revenons aux quatorze siècles. Ici, dans l'ordre des annotations, il est important de comprendre que " les deux Romes " n'ont jamais existé. Il y avait l'Empire romain, dont la capitale se trouvait au départ à Rome, puis, en raison des pillages  incessants par les barbares, à Constantinople jusqu'en 1453 (prise par les Turcs). Plus tard, les historiens ont baptisé cette seconde période romaine " période byzantine ". C'était une civilisation qui a connu des combats et des supplices en abandonnant la foi païenne au profit du christianisme. En 614, lors d'une guerre entre Rome (Constantinople) et les Iraniens, les derniers ont pris Jérusalem. Au début les chrétiens se sont soulevés en tuant des Iraniens et des Juifs pratiquant le judaïsme, suivi par l'insurrection de ces derniers, qui ont tué près de 90.000 chrétiens.

Il n'y a, bien sûr, rien de bon à cela, mais l'histoire de tous les pays est jalonnée de périodes de massacres. Et personne n'a dit que les Juifs étaient des anges. De nos jours, ils construisent des colonies où bon leurs semble, s'emparent des navires humanitaires... Les anges, qu'ils soient bons ou mauvais, ne prennent pas la forme de peuples. Nous sommes tous des êtres humains.

Ainsi, le massacre de Jérusalem a eu lieu lorsque la civilisation occidentale traversait une nouvelle crise (et pas des dernières) d'autodestruction en raison de la compréhension correcte du dogme. À l'époque, même Constantinople et Alexandrie n'arrivaient pas à s'entendre sur Dieu, l'empire tombait en ruine à cause de la haine interne. D'une manière ou d'une autre, ce massacre n'a jamais été pardonné aux Juifs et l'affaire a été déférée à un niveau supérieur : " Mais vous avez crucifié Dieu! ". Et cela a été écrit dans les prières et autres. Dans les siècles qui ont suivis, lorsque les régions nord-ouest de Rome sont devenues indépendantes et ont commencé à créer l'Europe contemporaine, deux christianismes ont fait leur apparition, mais les occidentaux ont gardé la malédiction des Juifs, ainsi que toute la culture de Constantinople et d'autres régions romaines.

Un étranger connaîtra toujours des difficultés dans un pays étranger. Ce n'est qu'une question du degré de haine. Voici un épisode de l'histoire européenne : le pays appelé aujourd'hui Espagne, à partir du VIIIe siècle était peuplé par les chrétiens, les Arabes et les Juifs. Ils étaient répartis par quartiers, voire par villes ou par villages. Ils cohabitaient, malgré des conflits. Et en 1492, les chrétiens ont pris le pouvoir. Les Juifs traversent une période " inconfortable " : ou ils se convertissent au christianisme, ou... Et où sont allés les Juifs pour fuir la péninsule ibérique? Chez les musulmans, chez les Turcs, vers l'ancienne Constantinople et ses environs. Et y ont vécu en paix.

La haine envers les étrangers a toujours été un trait de personnalité de l'Europe en développement. Et lorsque les Croisés, en route pour prendre Jérusalem, ont par la même occasion pillé et détruit Constantinople en 1204 (sa renaissance en un demi-siècle fut un miracle). Et lorsqu'au XIIIe siècle la jeune Europe (en la personne du Vatican) a non seulement été effrayée par Gengis Khan, mais a également tenté de présenter son armée comme une horde de barbares vivant dans la nature et se nourrissant, pardon, de leurs propres poux. Et lorsque les Européens, en fait le Vatican, a laissé Constantinople à la merci des Turcs en 1453. Il était très important de séparer en deux catégories : les siens et les étrangers, les derniers étant des barbares toujours responsables. Et il ne faut pas tout rejeter sur le fait que c’était le moyen-âge : il suffit d'observer l'expérience des civilisations plus méritantes, chinoise, indienne etc., pour voir la différence. Il n'y avait pas d'antisémites en Chine.

Au final, le complexe de perfectionnisme de l'Europe a conduit à l'apparition du protestantisme, puis des États-Unis (avec un amour particulier pour les Juifs), et à d'autres événements. Et le Vatican a commencé à changer réellement et à se repentir il y a seulement 45 ans.

Aujourd'hui, les européens sont pris de panique face à l'échec du multiculturalisme, en d'autres termes de " l'invasion " du sous-continent par les musulmans. Un nouvel échec. Et ils n'arrivent sincèrement pas à comprendre pourquoi les Russes, à une période aussi difficile du développement de la civilisation européenne, viennent parler de leur européanisme. Les étrangers n'apportent que des problèmes.


Ce texte n'engage pas la responsabilité de RIA Novosti

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