Le dialogue avec l’Iran aura lieu, mais de quoi parlera-t-on?

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L’Iran accepte la reprise des négociations. Pour tous les responsables de politique étrangère c’était une très grande nouvelle,d’autant plus que l’information est tombée vendredi, constituant en quelque sorte le point culminant de la semaine dernière.

L’Iran accepte la reprise des négociations. Pour tous les responsables de politique étrangère c’était une très grande nouvelle, d’autant plus que l’information est tombée vendredi, constituant en quelque sorte le point culminant de la semaine dernière. L’Iran accepte de relancer les pourparlers sur son programme nucléaire avec le ‘’ G-6 ’’, les cinq membres permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne.

Actuellement, depuis la semaine dernière déjà, Téhéran est en correspondance avec Catherine Ashton, Haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères, pour fixer l’heure et le lieu des négociations. La rencontre devrait avoir lieu entre le 10 et le 18 novembre, probablement à Vienne, pour se rapprocher des spécialistes de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), dont le siège se trouve précisément dans la capitale autrichienne.

Cependant, ce n’est plus un scoop. Les sources diplomatiques, dès la fin septembre, dans les couloirs de l’Assemblée générale de l’ONU, disaient que l’Iran, après une année d’interruption, voudrait de nouveau négocier. Et en termes de délais on parlait effectivement de novembre. Certes, le dialogue avec l’Iran aura lieu. Mais de quoi va-t-on parler?

Le mois dernier, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait séduit ses électeurs par quatre conditions dont le respect permettrait aux négociations d’aboutir à quelque chose. Par exemple, l’Occident doit définir ce qu’il cherche à obtenir par le biais des négociations, l’amitié ou l’hostilité. C’est une question rhétorique. Or la dernière condition est très significative: le ‘’ G-6 ‘’ doit donner son avis concernant l’arsenal nucléaire d’Israël.

Cette idée a été si souvent émise dans les déclarations similaires de propagande des Iraniens, qu’on essaye de ne pas y faire attention. Dommage. C’est réellement un problème pertinent. Il suffit de se référer à l’opinion des divers participants aux futures négociations.

Avec les Européens, tout est plus ou moins clair, ils prennent traditionnellement la responsabilité de l’organisation car, en réalité, ils jouent ici un rôle passif, le rôle d’assistants fatigués et sans enthousiasme des Etats-Unis. La situation concernant l’Iran, ainsi que le problème de l’arsenal nucléaire d’Israël, ‘’ ce n’est pas leur guerre ‘’. La Russie et la Chine se sont lassées de Téhéran et de son art de provoquer des scandales. Néanmoins, on disait que du point de vue de Moscou et de Pékin, les sanctions de l’ONU, ratifiées par les deux capitales en juin de cette année, seraient les dernières. Notamment car lors des négociations sur ces mesures, la Russie et la Chine ont clairement averti les Américains et les Européens qu'il ne faudrait pas, après les sanctions de l’ONU, adopter ses propres sanctions, plus rigides : dans le cas contraire vous n’aurez plus jamais notre soutien. Néanmoins, les occidentaux ont fait exactement le contraire. Mais les sources russes ont fait preuve d’optimisme en conseillant d’attendre jusqu’en novembre pour relancer les négociations.

Il reste Washington. Mais aux Etats-Unis on parle peu des négociations de Vienne. On s’y prépare aux élections dans les deux chambres du Congrès, dans les organismes législatifs locaux, des gouverneurs etc., où la défaite guette ‘’ le parti d’Obama ‘’. Or contrairement aux autres membres du ‘’ G-6 ‘’, Israël et l’Iran nucléaires représentent un thème de politique nationale pour les Etats-Unis et ses électeurs. Un mot de travers pourrait coûter les votes de certains électeurs.

Mais cela ne signifie pas que la diplomatie américaine de fait rien à l’approche des négociations. Elle le fait discrètement. Récemment, à Hanoi, lors des entretiens tenus dans le cadre de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE), la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, qui s’était rendue exprès dans la ville de Sania dans le sud de la Chine, a rencontré les autorités chinoises pour déterminer si la Chine remplacerait les compagnies occidentales dans le cas où elles quitteraient le marché iranien. Des négociations similaires ont régulièrement lieu avec Moscou, on trace des ‘’ lignes rouges ‘’ pour chaque partie. Tout le monde prépare le terrain et attend l’issue des élections. Est-ce que les forces conservatrices seront réellement capables d’influencer la politique étrangère des Etats-Unis ? Ou seront-elles incapables d’apporter à cette politique les changements nécessaires?

Pour l’instant les conservateurs reprennent courage : les sanctions contre l’Iran fonctionnent. A Téhéran il est difficile de payer avec des cartes bancaires, le pays est étouffé financièrement, les entreprises japonaises et européennes quittent le pays, remplacées, toutefois, par les entreprises sud-coréennes et chinoises. Mais, quoi qu’il en soit, des changements concrets devraient se produire dans la situation de l’Iran. Lesquels? Il serait utile de citer deux articles du journal américain Foreign Affairs, principale édition traitant de la politique étrangère.

En exprimant, bien sûr, son avis et l’avis des auteurs, un article (http://www.foreignaffairs.com/articles/66569/avner-cohen-and-marvin-miller/bringing-israels-bomb-out-of-the-basement) recommande de ‘’ sortir la bombe nucléaire d’Israël de sa cave ‘’, en d’autres termes reconnaître Israël en tant qu’Etat nucléaire officiel, à l’instar de l’Inde. Pourquoi? Le deuxième article (http://www.foreignaffairs.com/articles/66535/mustafa-akyol/an-unlikely-trio) explique que seulement deux puissances régionales pourraient devenir des alliés fiables des Etats-Unis au Proche Orient face au fondamentalisme sauvage et agressif, ce sont la Turquie et l’Iran. On en vient à la conclusion logique suivante : on peut présenter l’Iran en tant que ‘’ méchant ‘’, mais il est impossible d’éviter constamment un dialogue sérieux avec Téhéran.

Evidemment, personne ne souhaite que Mahmoud Ahmadinejad triomphe en imposant, enfin, au ‘’ G-6 ‘’ une discussion sur un sujet extrêmement important, l’équilibre des forces et des intérêts au Proche-Orient, au lieu de ses ‘’ torts ‘’ concernant le nucléaire clairement non pacifique. Dans une région où l’arsenal nucléaire non reconnu (ni réfuté) d’Israël, selon diverses évaluations, compris entre 80 et 500 têtes nucléaires, a son importance. Et cela influe sur le comportement de l’Iran. Quelle que soit la qualification de ce comportement – indigne, scandaleux etc.

Le redémarrage des relations avec Israël et la région se produira aux Etats-Unis tôt ou tard, plus tôt serait le mieux. Le Proche-Orient devient tout simplement trop grand pour que les Etats-Unis puissent se permettre de continuer à soutenir inconditionnellement Israël et construire sa politique dans la région en partant de cet axe. Devrait-on réellement parler de cela avec l’Iran? Il faudra bien le faire un jour, que ce soit sous Barack Obama ou sous un autre réformateur.



Ce texte n’engage pas la responsabilité de RIA Novosti

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