Réduction du budget militaire : les USA capitulent ?

© RIA Novosti . Senis VoroshilovL’infanterie de marine des Etats-Unis
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La Commission de la Maison Blanche pour la réduction du déficit budgétaire propose de diminuer le budget du Pentagone de 15%. Il se chiffre actuellement à près de 700 milliards de dollars. En cas d’adoption de la réforme, beaucoup de projets prometteurs de dernières décennies aboutiraient directement à la poubelle.

La Commission de la Maison Blanche pour la réduction du déficit budgétaire propose de diminuer le budget du Pentagone de 15%. Il se chiffre actuellement à près de 700 milliards de dollars. En cas d’adoption de la réforme, beaucoup de projets prometteurs de dernières décennies aboutiraient directement à la poubelle.

Les candidats à l’élimination

Le corps de l’infanterie de marine des Etats-Unis risque d’être le plus affecté, car malgré son auréole élitaire, c’est l’une des armes les plus pauvres. Les ‘’ marines ‘’ pourraient être privés du futur chasseur à décollage vertical F-35B, du véhicule blindé de combat d’infanterie IFV et de l’avion hybride de transport MV-22 (croisé entre un avion de transport et un hélicoptère).

En cas d’approbation de la proposition de la commission, d’autres unités militaires souffriront également. Ainsi, les commandes de chasseurs F-35A et de F-35C destinés respectivement à l’armée de l’air et à la marine américaine pour les cinq prochaines années seront divisées par deux. Au cours de cette période, le Pentagone envisageait d’acquérir en tout jusqu’à 350 chasseurs F-35 toutes versions confondues. Compte tenu du retard pris dans la mise en œuvre du programme Joint Strike Fighter (JSF), dans le cadre duquel le F-35 est fabriqué, et des réductions budgétaires proposées, plus de 250 appareils devraient être soustraits au nombre prévu.

De plus, la possibilité de réaliser intégralement le programme JSF, dans le cadre duquel les trois versions du F-35 sont élaborées, est remise en question.

L’abandon du F-35B et la réduction de la commande de F-35A et C sont d'autant plus susceptibles de faire grimper le prix du chasseur. Vu que son prix a atteint 150 millions de dollars l’unité, après une autre augmentation brutale (et brutale, dans les conditions de la réduction considérable du nombre des appareils commandés, elle le sera sans aucun doute), le F-35 risque de revenir plus cher qu’un F-22 (350 millions de dollars). Etant donné que le F-22, équipé de deux turboréacteurs, a des capacités bien supérieures, la production du F-35 deviendrait inutile.

Un nouvel armement : les rêves se heurtent à la réalité

Le début manqué du programme JSF, qualifié de plus en plus souvent d’échec, est conditionné par de nombreux facteurs et, avant tout, par un facteur de risque technique trop élevé.

Le ‘’ clou ‘’ du programme consistait dans la création d’un avion de combat commun pour l’armée de l’air, la marine et l’infanterie de marine dans trois versions sensiblement similaires. Cela aurait pu permettre de réduire à la fois les dépenses de production et d'exploitation.

La version pour l’infanterie de marine, le F-35B, un appareil à décollage vertical, est l’un des plus risqué du point de vue de la faisabilité du projet, et le plus cher des trois versions du F-35. L’échec de l’avion avait été programmé à l’avance en raison de la différence entre le cahier des charges formulé par les militaires et les capacités technologiques de l’industrie. Toutefois, personne n’a tenu compte de l’avis de ceux qui, au stade de la conception, déclaraient qu’à l’étape actuelle du développement, l'élaboration d'un tel appareil avait toutes les chances de rester dans le tiroir. Ni le Pentagone, ni l’industrie militaire n’ont voulu perdre le gros lot de 330 milliards de dollars sous la forme du programme d’un chasseur de nouvelle génération pour les Etats-Unis et leurs alliés.

Mais les lois du développement technologique, à l’instar des lois de la physique, ne sont pas impactées par la décision des grandes compagnies et du ministère de la Défense de les ignorer, malgré les avertissements timides venus ‘’ d’en bas. ‘’ Au final, la mise en œuvre du programme prend de plus en plus de retard, et le coût de l’avion a été multiplié pratiquement par trois par rapport aux 50-60 millions de dollars annoncés au départ, et, de toute évidence, continuera à grimper.

Lockheed Martin, l’un des principaux concepteurs, a fait laconiquement remarquer au cours d’une discussion concernant les problèmes du F-35: ‘’ Ils voulaient des avions avec les performances  suivantes : la furtivité, un seul propulseur, une suspension interne, le décollage vertical, et leurs exigences ont été satisfaites. ‘’

La même philosophie était à la base de nombreux autres programmes d'avenir pour l’armée américaine, qui font aujourd’hui l’objet de restriction budgétaire. Cela concerne les appareils de combat IFV et les appareils hybrides de transport MV-22 cités ci-dessus, et le programme ambitieux Future Combat System (FCS), dans le cadre duquel il était prévu de créer toute une famille de nouveaux appareils et d’armement pour l’armée américaine. Toutes ces conceptions créées ‘’ à la limite ‘’ des capacités technologiques ont un indice de risque technique particulièrement élevé : elles sont généralement très coûteuses et souffrent de ‘’ maladies infantiles ‘’ qui surviennent aux moments et aux endroits les plus inattendus.
 
Toutefois, ces appareils de combat ne présentent pas d’avantages décisifs en termes de capacités opérationnelles par rapport aux générations précédentes.

Ainsi, la majorité des spécialistes mettent en doute la capacité du F-35, dans un combat aérien, de prendre le dessus sur les chasseurs russes de la génération 4++ Su-30 et Su-35 qui se distinguent par une fiabilité enviable ainsi que par une charge utile et une autonomie de vol bien supérieures.

Retour à des générations antérieures ?

Dans les conditions des problèmes financiers et de la nécessité à préserver les emplois, il serait naturel pour les Etats-Unis de revenir à la production des appareils des anciennes générations. Ainsi, au lieu du F-35, il est prévu d’acquérir des lots  supplémentaires de chasseurs F-16 et F/A-18. Au lieu des appareils hybrides MV-22, l’infanterie de marine devrait recevoir des hélicoptères traditionnels SH-60 et CH-53. Cela permettrait d’économiser de l’argent. Les économies réalisées sur les hélicoptères, selon certaines sources, permettraient de réduire les dépenses de plus d’un milliard de dollars, et de conserver à la fois les emplois dans l’industrie.

Toutefois, il est clair que la réduction considérable des dépenses pour de nouveaux appareils au profit des anciens ne permettra pas aux Etats-Unis d'abaisser notablement les dépenses militaires, qui ne sont pas du tout épuisées par le budget du Pentagone.
 
Afin de réaliser des économies notables, les Etats-Unis doivent effectuer des coupes dans le budget des opérations militaires en Afghanistan, ainsi que dans celui du financement des forces militaires locales et du grand nombre d’instructeurs et de conseillers en Irak. Au cours des dix dernières années, plus de 1.000 milliards de dollars ont été dépensés pour ces campagnes, tandis que les dépenses n’ont pas cessé, et ne cessent pas, d’augmenter.

La pression financière, couplée au déroulement pas franchement réussi de la campagne afghane, a indiscutablement une incidence sur la décision de l’administration américaine, à savoir rester ou partir. Il est difficile de dire si cette pression sera suffisante pour contraindre les Etats-Unis à retirer leurs troupes d’Afghanistan.

On peut dire avec certitude que le retrait des troupes, accompagné de la suspension des projets prometteurs pour l’armée américaine, aura un impact très négatif sur l’image des Etats-Unis en tant que leader du monde occidental, et sera la meilleure preuve de la profondeur de la crise actuelle.

La Congrès et la Maison Blanche en sont certainement conscients. Mais que peut-on faire pour sauver la face, sans parler de la régularisation de la situation dans l’ensemble? La question reste ouverte.


Ce texte n’engage pas la responsabilité de RIA Novosti

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