Le rôle des réseaux sociaux dans les émeutes en Egypte

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Actuellement, l’Egypte est un pays métamorphosé avec une capitale totalement méconnaissable, dont les rues ont été envahies par les manifestants en colère.

Actuellement, l’Egypte est un pays métamorphosé avec une capitale totalement méconnaissable, dont les rues ont été envahies par les manifestants en colère. Le régime au pouvoir depuis plusieurs décennies a été la cible de manifestations populaires, lors desquelles les jeunes qui utilisent activement internet ont joué un rôle déterminant. Les événements d'Egypte montrent clairement la manière dont les réseaux sociaux sont capables de provoquer des changements politiques, ainsi que les nouvelles méthodes des utilisateurs pour contourner les restrictions d’accès à internet.

Les événements qui se sont produits en Tunisie un mois auparavant se sont étendus à de nombreux pays arabes, notamment l'Egypte. Des révoltes similaires ont déjà eu lieu auparavant. Par exemple, la révolution-Twitter en Iran en 2009, appelée ainsi car le célèbre réseau social Twitter a été utilisé pour coordonner les manifestations antigouvernementales. Se souvenant des événements en Iran, parallèlement à l’introduction des unités anti-émeute de et de l’armée dans la ville, les autorités égyptiennes, tentant d'étouffer les manifestations dans l’œuf, ont bloqué l’accès à internet et au réseau cellulaire.

Mais cette fois, et pour la première fois à une telle échelle, les manifestants ont réussi à trouver des méthodes pour contourner les restrictions d’accès à internet et aux réseaux de téléphonie mobile instaurées par le gouvernement égyptien, et à obtenir un accès aux réseaux sociaux, dont Facebook et Twitter. Ont fait leur apparition sur les pages des utilisateurs de ces réseaux sociaux des statuts dont le contenu servait en fait d’instructions à l'intention des manifestants: "NOTRE RESEAU DSL EN EGYPTE FONCTIONNE TOUJOURS, UTILISEZ LE MODEM 0777 7776 OU 0777 7666. Diffusez l’information aussi vite que possible #Egypt#25Ja."

De tels messages se sont rapidement répandus, expliquant aux utilisateurs comment utiliser l’accès à internet via un modem pour contourner les restrictions imposées par le gouvernement. Lorsque l’accès à internet depuis l’Egypte a été intégralement coupé, ces messages ont commencé à être diffusés par les Egyptiens qui résidaient à l’étranger et les utilisateurs d’autres réseaux sociaux arabes vivant en dehors de l’Egypte et soutenant les manifestants. Ainsi, les médias indépendants ont pu recevoir des informations et les diffuser à la télévision et dans les journaux.

Les vidéos filmées par les utilisateurs ont également joué un rôle primordial en donnant une idée de ce qui se produisait réellement en Egypte, tandis que les médias gouvernementaux d’Egypte tentaient de toutes leurs forces de bloquer le flux d’informations. Sur l’une des vidéos les plus poignantes, diffusée sur YouTube par l’utilisateur freeegypt, on voit un jeune homme faire face aux véhicules militaires.

Le réseau social Twitter a été utilisé pour la coordination des actions en province. Les communiqués appelaient à se rendre dans un endroit précis à une certaine heure, et ils expliquaient quelles rues de la ville il fallait éviter. De plus, sur Twitter, il était possible de trouver les reportages réalisés sur place. Par exemple, voici la chaîne de commentaires d’un journaliste:

Je vais me faire arrêter

Lorsque sur ordre des autorités, le dernier opérateur internet fonctionnant encore dans le pays a dû cesser son activité de fourniture d’accès à la toile, Google et Twitter ont uni leurs efforts et ont ouvert trois lignes téléphoniques aux Etats-Unis, en Italie et à Bahreïn, qu’il était possible d’utiliser pour y laisser des tweets sur une messagerie vocale. Les utilisateurs de Twitter pouvaient écouter (et non pas lire comme cela se fait généralement) ces messages sur le réseau social. Ces "audio-tweets" ont immédiatement rendu les messages des microblogs plus émotionnels, car les utilisateurs pouvaient entendre la voix de l’auteur et les bruits environnants. Pour la première fois les moteurs de recherche et les réseaux sociaux se sont unis pour soutenir le flux d’informations pendant les émeutes de masse contre les actions du gouvernement qui s'échinait à stopper ce flux et diffuser les messages publics qui lui convenaient.

On débattra probablement encore pendant longtemps de la question de savoir ce que les autorités égyptiennes ont obtenu en coupant internet et les réseaux cellulaires dans le pays: ont-ils renforcé la sécurité nationale ou, au contraire, l’ont-ils affaiblie. Certains affirment que les personnes privées de moyens de communication n’ont plus qu’une chose à faire: descendre dans la rue. Cependant, il est indiscutable que les réseaux sociaux ont joué un rôle décisif dans les événements en Egypte.

"Dans le cas de l’Egypte, les réseaux sociaux ont effectivement joué un rôle crucial dans l’obtention de certaines informations en provenance du pays", cite le portail The Atlantic Wire le correspondant de CNN Mohammed Jamjoom. "Nous constatons que les réseaux sociaux ont été utilisés pour expliquer comment contourner les barrages, traverser les ponts, se rendre à l’endroit où les gens voulaient organiser une manifestation."

Quel que soit le rôle joué par les réseaux sociaux lors des manifestations de protestation en Egypte, le rôle de catalyseur ou de facteur modérateur, les événements de la semaine dernière ont montré que les forces aussi bien progouvernementales qu’antigouvernementales dans tout le Proche-Orient utilisaient activement les réseaux sociaux pour organiser les actions de masse.

John Stewart, le célèbre comique et présentateur américain, a récemment fait une remarque humoristique, qui reflète parfaitement l’influence extraordinaire des réseaux sociaux au Proche-Orient.

"Si deux interventions en public et un réseau social suffisent à diffuser la démocratie, pourquoi avons-nous envahi l’Irak? On pouvait simplement leur envoyer un poke sur Facebook", a déclaré John Stewart.

Rateb Joudeh, rédacteur du site web du journal Anba Muscu, de l'hebdomadaire Moskovskie Novosti en langue arabe

Ce texte n’engage pas la responsabilité de RIA Novosti

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