Qui sera submergé par la vague japonaise

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Le monde entier suit de très près l’évolution des événements au Japon, et les économistes ne cessent pas de calculer le préjudice causé à l’économie du Japon et qui pourrait être subi par la planète.

Le monde entier suit de très près l’évolution des événements au Japon, et les économistes ne cessent pas de calculer le préjudice causé à l’économie du Japon et qui pourrait être subi par la planète. Il est évident que le monde en souffrira. Une sortie de jeu, même provisoire, de la troisième économie mondiale ne peut pas passer inaperçue. Cependant, tout pronostic actuel ne peut être que préliminaire. Il ne sera possible de discuter du changement d'axe dans la politique économique mondiale et même de la redistribution des forces dans certains secteurs que lorsque les éléments se seront calmés.

L’énergie de destruction

Les éléments ne comptent pas s’arrêter là. Les experts sismologues affirment que les processus tectoniques qui ont causé de terribles dommages ne sont pas terminés, et que de nouvelles secousses d’une force inférieure pourraient avoir lieu prochainement. Ainsi, de nouvelles destructions, des suspensions de la production et des pannes de l’infrastructure restent envisageables. Malheureusement, il y aura encore des victimes.

Même les dommages déjà subis ne peuvent être évalués qu’approximativement. On parle d’un chiffre oscillant entre 15 et plus de 100 milliards de dollars. Les assurances pourraient devoir verser plus de 50 milliards de dollars.

Les prévisions quant au sort de l’économie japonaise sont diamétralement opposées.

Une partie des experts, qualifions-les de pessimistes, prédisent un déclin critique du Japon et un nouveau cycle de crise dans le monde entier. Les optimistes sont convaincus que le pays surmontera les conséquences du cataclysme naturel et que les événements seront une sorte de catalyseur de la percée économique, à l’image de celle que le pays du Soleil levant a connu après la Seconde guerre mondiale.

A première vue, les positions des pessimistes sont plus fortes: l’économie japonaise est lestée par une dette publique énorme (plus de 200% du PIB) et souffre d’un important déficit budgétaire. Cela devrait compliquer l’accès aux investissements nécessaires à la reconstruction du pays.

Mais ces arguments sont discutables. Premièrement, le Japon se portait très bien en ayant la plus importante dette publique du monde. Le pays n’était pas secoué par des cataclysmes financiers que l’Union européenne a traversés. De plus, le monde dépend trop du Japon pour permettre à son économie de s’effondrer. Pour cette raison, le pays devrait probablement s’attendre à l’injection d’investissements étrangers, sans parler des compagnies, de la population et du gouvernement locaux qui ne vont certainement pas lésiner sur les investissements.

Les craintes du Japon

Le Japon représente avant tout l’électronique et l’industrie automobile. La majeure partie des sites industriels a été dispersée par les compagnies japonaises dans le monde entier. Mais beaucoup d’usines travaillent toujours sur le territoire japonais. Les constructeurs automobiles y ont gardé entre 20% et 40% de leurs capacités de production. La situation est similaire dans l’électronique: la production des composantes les plus complexes n’est pas externalisée avec enthousiasme.

Et voici que les constructeurs automobiles et les fabricants de l’électronique suspendent leur travail: Toyota a arrêté plus de dix usines, Nissan, Honda, Suzuki, Mitsubishi et Mazda ont également fermé plusieurs usines. Les usines des sociétés Sony, Panasonic, Toshiba et Fujitsu ont été endommagées et ont cessé leur activité. Une partie des sites est en panne seulement en raison du tremblement de terre, d’autres ont cessé de travailler à cause de la rupture de la chaîne technologique, en d’autres termes de l’absence des pièces. Les entreprises en dehors du Japon pourraient également connaître des problèmes similaires. Les experts prédisent déjà une augmentation importante des prix des composants électroniques.

La Russie pourrait devoir faire face à deux problèmes dans ce contexte. Le premier est évident: les perturbations pourraient impacter les usines russes des compagnies japonaises. Mais il n’en existe pas beaucoup. Depuis 2007, seule l’usine d’assemblage de Toyota travaille sur le territoire russe. Cependant, la diminution de la production au Japon entraînera une diminution de la demande, et par conséquent des prix mondiaux des matières premières, telles que l’acier et le cuivre (le Japon en est le second importateur après la Chine). Or, ce n’est pas une très bonne nouvelle pour les exportateurs russes d’acier.

En économie on ne s'embarrasse pas de scrupules

Par contre, les compagnies énergétiques et agraires russes pourraient en tirer avantage. L’élimination des conséquences du tremblement de terre et le rétablissement de l’industrie nécessiteront du carburant et de l’électricité. Et les capacités japonaises pourraient s’avérer insuffisantes. Une importante partie de l’infrastructure est détruite, entre cinq et huit raffineries sont arrêtées et les perspectives de l’énergie nucléaire sont floues. Or les fonctionnaires et les compagnies énergétiques russes ont déclaré à plusieurs reprises qu’ils souhaitaient diversifier autant que faire se peut les fournitures énergétiques à l’étranger.

D’ailleurs, la Russie a déjà annoncé qu’elle était prête à envoyer au Japon près de 6.000 MW depuis l’Extrême-Orient russe. Pour l’instant en tant qu’aide. La mise en place du câble sous-marin prendra près de deux ans. Mais l’épopée japonaise pourrait justement durer des années.

La catastrophe naturelle a touché les régions agraires du Japon. Cela signifie que le pays sera à coup sûr confronté à un déficit alimentaire à long terme. Cela permettra à la Russie de régler un problème important: celui du retour sur le marché mondial des céréales. Après la sècheresse de 2010 et l’introduction de l’embargo sur l’exportation des céréales russes, les négociants en céréales disaient que "lieu saint n’était jamais vide", que d’autres fournisseurs seraient trouvés, et que la Russie aurait du mal à regagner le terrain perdu. Or, les fonctionnaires et les entrepreneurs russes observent depuis longtemps le Japon en tant qu’un acheteur potentiel du blé russe.



Ce texte n’engage pas la responsabilité de RIA Novosti

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