Maroc: attentat au royaume de Mohammed VI

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L’explosion dans le café de l’ancienne ville de Marrakech, l’un des centres touristiques du Maroc, apporte l’instabilité dans l’un des pays arabes les plus exotiques et les plus prisés des touristes.

L’explosion dans le café de l’ancienne ville de Marrakech, l’un des centres touristiques du Maroc, apporte l’instabilité dans l’un des pays arabes les plus exotiques et les plus prisés des touristes. Les attentats au Maroc ont eu lieu pour la dernière fois en 2003. A l’époque, 12 kamikazes ont organisé des attentats à Casablanca, la capitale économique du pays, au cours d’une même journée. 45 personnes ont été victimes de ces crimes. Selon des informations officieuses, à Marrakech il s’agirait d’un attentat commis par un kamikaze. Les témoins déclarent que cet homme est entré dans le café comme si de rien n’était et a commandé un jus d’orange. Puis l’explosion s’est produite, et dans le corps de l’un des 16 morts on a retrouvé un grand nombre de clous, dont la bombe était farcie.

Si la piste islamiste s’avérait exacte, il n’y aurait qu’une seule conclusion à en tirer: les compromis avec les radicaux ne conduisent qu’à de nouveaux attentats. Récemment, le 14 avril 2011, le roi Mohammed VI a amnistié plusieurs activistes du mouvement des salafistes et des moudjahidin, dont l’appellation (Salafia al jihadia) parle d’elle-même (le madhhab salafiste est le courant le plus strict de l’islam). Le "mouvement du 20 avril", appelé ainsi en l’honneur des manifestations du 20 février 2011 qui exigeaient des réformes politiques, est en plein essor dans le pays.

Quel était l’objectif des terroristes? L’un d’eux est évident: ternir un des derniers îlots de stabilité et de traditionalisme au Maghreb. Jusqu’à tout dernièrement, le Maroc arrivait à contourner les récifs et les hauts-fonds du monde contemporain grâce à la combinaison intelligente des traditions et des réformes, de la fermeté du pouvoir et des consultations avec la population, de l’islam et de modernité. Contrairement à l’Algérie voisine, qui s’est proclamé en tant que république dans les années 1960, le royaume du Maroc n’a connu aucun conflit sanglant pour son indépendance, ni guerre civile. L’Algérie a, par contre, subi une telle épreuve après l’annulation des résultats des élections en 1992 qui ont apporté la victoire aux islamistes. Résultat: des dizaines de milliers de morts. Le Maroc a été sauvé de tels troubles par le père du roi actuel, sa majesté Hassan II, décédé en 1999.

Le père d’Hassan II, Mohammed V, a troqué le titre de sultan pour celui de roi, plus moderne, juste avant l’indépendance en 1957. Ainsi a été défini l'axe de développement du pays qui consistait en la polyvalence, la conciliation du moderne et de la tradition. Cette concorde est apparue dans l’économie, la politique et la vie sociale. Le nouveau royaume était le premier du Maghreb au début des années 1960 à créer un système multiparti. Toutefois, le monarque, principal symbole de la nation, demeurait le chef de l’Etat. Ce système a permis en 1991 à l’opposition d’arriver au pouvoir, mais c’était "la Plus fidèle opposition officielle de Sa Majesté ", et non pas des bachibouzouks sur des 4x4 avec des mitrailleuses, se proclamant périodiquement dans l’opposition de par le vaste monde islamique de l’Algérie au Tadjikistan-Afghanistan.

Il s’est avéré que la monarchie pouvait coexister avec la modernité, aussi bien que les domaines agricoles familiaux avec les ports modernes, les compagnies aériennes et les projets de centrale nucléaire. Il est un fait curieux: Hassan II, homme ayant reçu une éducation européenne, possédait un harem. Il était le seul dans le monde arabe (!) qui pouvait se permettre dans les années 1960 d’avoir une attitude majestueuse envers Israël.

Lorsque la communauté juive du Maroc a commencé à regagner sa patrie historique, Hassan II ne s’y est pas opposé. Il n’a même pas retiré leurs passeports aux personnes qui laissaient au Maroc les tombes de leurs ancêtres qui y avaient vécu pendant des siècles. "Vous resterez mes sujets", disait-il magnanimement à ce qui partaient, et grâce à cela le Maroc a été pendant de longues années l’une des rares plateformes pour les contacts palestino-israéliens dans le monde arabe.

Le nouveau monarque Mohammed VI, qui a hérité le trône en 1999, a poursuivi la politique du père axée sur la conciliation de la tradition et de la modernité. Il arrive à bénéficier du respect de la population, de l’attitude bienveillante des voisins arabes et même des estimations positives des fervents défenseurs européens des droits de l’homme, tel que Bernard-Henri Lévy. Bien que sous Mohammed VI le pays ait continué à s’urbaniser, avec une diminution correspondante du nombre des familles nombreuses, le Maroc demeure cependant en grande partie une société traditionnelle avec des éléments de modernité. Les Marocains n’ont rien à prouver à qui que ce soit: ils y vivent comme ils ont toujours vécu, en adaptant habilement les nouvelles techniques aux relations traditionnelles entre les gens. D’où l’attitude bienveillante envers les étrangers, y compris les touristes.

En voyant le déferlement du "printemps arabe", interprété avec un enthousiasme bébête par les anciennes puissances coloniales, la France et l’Espagne, le roi a promis de mettre en œuvre des réformes constitutionnelles. Mais les islamistes radicaux n’ont pas besoin de réformes. L’idéal pour eux serait le retour au Moyen-Âge avec l’absence d'étrangers. C’est la raison pour laquelle 11 morts parmi les victimes étaient d’origine étrangère. Il reste à espérer que ces salauds n’atteindront pas leur objectif.


L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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