Dette US: une menace pour l’économie russe?

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Démocrates et Républicains américains doivent arriver à un accord dans les jours à venir sur l’augmentation du plafond de la dette, afin d’éviter le défaut de paiement technique, a déclaré le 25 juillet le président américain Barack Obama dans un discours à la Maison blanche.

Démocrates et Républicains américains doivent arriver à un accord dans les jours à venir sur l’augmentation du plafond de la dette, afin d’éviter le défaut de paiement technique, a déclaré le 25 juillet le président américain Barack Obama dans un discours à la Maison blanche. Les experts estiment qu’en cas de défaut technique, la situation profiterait à la Russie pendant une courte période : les prix des matières premières subiront une augmentation en flèche, dopant dans leur hausse les recettes budgétaires. Mais si la confrontation entre Obama et le Congrès se prolonge, le défaut de paiement technique des Etats-Unis pourrait provoquer une crise économique. La croissance mondiale pourrait ralentir, et les prix des matières premières chuteraient. Par conséquent, la situation économique en Russie se détériorerait.

Actuellement, le plafond de la dette américaine est fixé à 14.300 milliards de dollars. En 2011, le Congrès américain a interdit de dépasser cette limite. La dette publique est déjà trop élevée, ayant atteint 98% du PIB, qui s’élève à 14.600 milliards de dollars. La Maison blanche propose d’augmenter le plafond de la dette publique de 2.400 milliards de dollars.

"Si dans les jours à venir le Congrès américain ne prenait pas la décision d’augmenter le plafond de la dette, les Etats-Unis seraient dès le 12 août dans l’incapacité de remplir leurs obligations, autrement dit ils seraient en défaut de paiement technique, a expliqué à RIA Novosti Vladimir Braguine, directeur d’analyse des marchés financiers et de la macroéconomie de la société Alfa Capital. Les Américains n’auront pratiquement plus d’argent dans leurs caisses".

Le défaut de paiement est l’incapacité d’honorer ses engagements envers un créancier, de remplir ses obligations ou d’autres conditions d'un prêt. Il faut faire la distinction entre la faillite et le défaut de paiement technique. Dans le premier cas, il s’agit de l’impossibilité d’honorer ses engagements envers un tiers. Dans le second cas, l’emprunteur ne respecte pas les délais prévus par le contrat, mais est physiquement capable de remplir ce contrat. Le plus souvent, le défaut de paiement technique ne se termine pas par la faillite de l’emprunteur.

"Etant donné que le gouvernement américain ne peut pas emprunter pour financer le déficit budgétaire, les Etats-Unis seront à court d’argent et les paiements seront suspendus, a expliqué Vladimir Braguine. Mais cela ne signifie pas la faillite. Tant que le Congrès n’aura pas pris la décision d’augmenter le plafond de la dette, les paiements pourraient être suspendus". Les Etats-Unis ne risquent pas la faillite, a insisté l’expert.

L’économie mondiale au seuil de bouleversements

Si les parties n’arrivaient pas à s’entendre, le défaut de paiement technique des Etats-Unis deviendrait une réalité, et les économies de nombreux pays seraient affectées.

"Les obligations sur la dette américaine restent toujours des titres les plus liquides (les plus négociés), et en cas de défaut de paiement technique la nervosité toucherait l'ensemble des marchés mondiaux", affirme la directrice du Centre d’études macroéconomiques de BDO en Russie Elena Matrossova.

Un tel scénario pourrait conduire à l’effondrement des marchés boursiers, augure l’expert. "Les gestionnaires des risques des sociétés insisteront sur la vente des titres américains, et les grands créanciers se demanderont s’il faut acheter de la dette américaine à l’avenir", déclare Vladimir Braguine.

Les investisseurs qui préfèrent les obligations du Trésor américain commenceront à chercher un autre "havre de paix", où il serait possible de placer leurs fonds. Les investissements dans les actifs financiers japonais, allemands ou suisses, qui sembleront aux investisseurs plus sûrs, pourraient constituer une alternative aux obligations américaines, déclare l’analyste macroéconomique de TKB Capital Sergueï Karykhaline.

Le défaut de paiement technique des Etats-Unis conduira inévitablement à une chute significative du taux de change du dollar, l’une des principales monnaies mondiales, déclare l’économiste en chef de la société d’investissement Troïka Dialog Anton Stroutchenevsky. "Dans ce cas, les capitaux afflueraient vers les marchés des matières premières : du pétrole, de l’or, des métaux, des céréales, prédit Anton Stroutchenevsky. On assistera à un retour vers les "valeurs éternelles", vers ce que la terre produit".

La Russie sera-t-elle gagnante?

"L’intérêt croissant des investisseurs pour les matières premières, et, par conséquent, la montée en flèche des prix de pétrole, pourraient profiter à la Russie", déclare Anton Stroutchenevsky. Le budget russe est dépendant des prix de pétrole libellés en dollars. L’augmentation des prix des matières premières contribuerait à la hausse de l’afflux de la monnaie étrangère et à la hausse des revenus budgétaires.

Toutefois, l’augmentation des prix des matières premières pourrait être de très courte durée. "La ruée sur les matières premières est une réaction possible des investisseurs au premier choc suite au défaut de paiement technique, une tentative de sauver le capital, estime Vladimir Braguine. Mais le ralentissement de la croissance de l’économie mondiale et le recul de la demande de matières premières et des prix de celles-ci pourraient être l’étape suivante". Pour la Russie, la chute des prix des matières premières serait une épreuve difficile. Si les prix chutaient à 60-70 dollars le baril, il serait difficile d’équilibrer le budget, et le rouble commencerait à fléchir par rapport aux principales devises, prédit Vladimir Braguine.

"Dans ce contexte, il faut s’attendre à une immense fuite des capitaux des marchés émergents, dont fait partie la Russie", déclare Anton Stroutchenevsky.

Actuellement, une importante partie des fonds sur le marché boursier russe est étrangère, et leur fuite serait susceptible de conduire à l’effondrement du marché et à une forte pression sur le rouble, a expliqué Vladimir Braguine. Les investisseurs préféreront placer leurs fonds dans des actifs sûrs : canadiens, allemands, les obligations et l’or suisses. "Le rouble pourrait se renforcer considérablement par rapport au dollar, toutefois, il pourrait baisser par rapport à d’autres monnaies mondiales, telles que l’euro, la livre ou le franc suisse", déclare Anton Stroutchenevsky.

Personne ne croit en une nouvelle crise

Malgré la poursuite du bras de fer aux Etats-Unis, les économistes ne croient pas dans un défaut de paiement technique des Etats-Unis, au moins car cela provoquerait une nouvelle crise mondiale.

"Je pense qu’Obama et les congressistes trouveront un terrain d’entente, probablement au dernier moment, reconnaît Sergueï Karykhaline. Leurs différends sont d'ordre politique, et non pas économique. En réalité, toutes les parties sont conscientes qu’il est nécessaire d’augmenter le plafond de la dette publique, il n’y a pas d’autre choix".

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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