Palestine, une autonomie sans autonomie

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En septembre, la communauté internationale s’attend à une nouvelle situation complexe au Moyen-Orient : le gouvernement palestinien semble avoir pris la décision définitive de proclamer unilatéralement son indépendance.

En septembre, la communauté internationale s’attend à une nouvelle situation complexe au Moyen-Orient : le gouvernement palestinien semble avoir pris la décision définitive de proclamer unilatéralement son indépendance. Quoi qu’il en soit, le chef de l’Autorité nationale palestinienne Mahmoud Abbas a fait part de son intention de formuler une demande appropriée auprès du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon le 20 septembre, après l’ouverture de la session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies. Comme le font remarquer les experts, le mois de septembre n’a pas été choisi par hasard. Durant cette période le Conseil de sécurité sera présidé par le représentant du Liban, et les Palestiniens sont convaincus que ce dernier fera tout son possible pour donner un coup de pouce à la Palestine.

La réconciliation entre le Fatah et le Hamas, qui ont préféré provisoirement fermer les yeux sur l’hostilité et le sang mutuellement versé pour contribuer à la création de leur propre Etat, joue également en faveur de la Palestine. Il en est de même pour les différends au sein de la communauté israélienne sur les thèmes les plus variés. Mais quels que soient les litiges qui déchirent Israël, il a déjà fait preuve à plusieurs reprises de la capacité de resserrer ses rangs en cas de menace sérieuse. Ainsi, la paix palestinienne et les différends israéliens sont des facteurs secondaires et transitoires.

D’ailleurs, la position du Liban est impuissante face au droit de veto des Etats-Unis, et le veto américain à la création de l’Etat palestinien dans les frontières de 1967, sans accords préalables avec Israël, semble inévitable. Washington a exhorté le gouvernement palestinien à maintes reprises à s’abstenir de la proclamation unilatérale de son indépendance. Le fait que l’administration américaine exprime ouvertement son désaccord avec la construction de nouvelles colonies israéliennes dans des territoires occupés, chose qui entrave les négociations de paix israélo-palestiniennes, ne signifie pas forcément que les Etats-Unis soient prêts à changer radicalement leur politique moyen-orientale. Notamment dans le contexte du renforcement du Hamas dans la bande de Gaza, des événements actuels imprévisibles dans le monde arabe, de la réélection à venir de Barack Obama et du poids du lobby israélien dans la communauté américaine, ainsi que de la crise économique mondiale et de nombreux autres facteurs.

Le gouvernement palestinien en est forcément conscient. Pour cette raison, il élabore déjà une solution alternative : ne pas s’adresser au Conseil de sécurité, mais à l’Assemblée générale des Nations Unies, où les Palestiniens sont suffisamment soutenus. L’Autorité palestinienne, qui a actuellement le statut d’observateur au sein de l’ONU, demandera à devenir membre à part entière de l’Organisation, ce qui lui permettra d’adhérer à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’UNESCO et l’UNISEF. L’adhésion à ces organisations ne nécessite pas l’approbation du Conseil de sécurité, mais cela permettra aux Palestiniens d’élargir considérablement leur marge de manœuvre politique.

Toutefois, Israël a également prévu des contre-mesures. Tel-Aviv a déjà laissé entendre que si la Palestine s’adressait à l’ONU, Israël pourrait dénoncer les Accords d’Oslo, qui constituent la base des relations israélo-palestiniennes actuelles depuis pratiquement 20 ans. D’autant plus que le gouvernement palestinien ne cache pas son intention de renforcer en automne la pression sur Israël, y compris grâce à des actions de protestation de masse qui pourraient facilement se transformer en une nouvelle intifada. Si des conflits violents avaient lieu entre la Palestine et Israël, les experts estiment que le processus de paix au Moyen-Orient serait définitivement enterré.

Comme toujours, Evgueni Satanovsky, président de l'Institut du Proche-Orient, est radical dans ses prévisions. Il estime qu’après la demande palestinienne auprès de l’ONU, Israël rompra certainement les Accords d’Oslo, et les Etats-Unis cesseront définitivement d’aider financièrement la Palestine."Ensuite, le gouvernement palestinien sera probablement expulsé du pays, et il n’aura pas d’autre choix que de former quelque part à Londres un gouvernement en exil. Israël prendra le contrôle des territoires palestiniens, et il faudra oublier l’Autorité actuelle", affirme Evgueni Satanovsky.

Toutefois, si Evgueni Satanovsky a raison, cela signifie que le Moyen-Orient sera frappé par une grande tempête et que des flots de sang couleront. Et dans le monde actuel, préoccupé par de nombreux autres problèmes, aucun des principaux acteurs politiques ne veut d'une telle tempête. Pour cette raison, je ferai un autre pronostic. En septembre, la météo se dégradera temporairement au Moyen-Orient. Un cyclone sera confronté à un anticyclone, ce qui provoquera le tonnerre et la foudre, puis tout reprendra son tour chronique : commissions et conférences internationales, et une nouvelle feuille de route. Autrement dit, d'interminables palabres.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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