Russie-Ukraine: la guerre du gaz n'aura pas lieu

© SputnikRussie-Ukraine: la guerre du gaz n'aura pas lieu
Russie-Ukraine: la guerre du gaz n'aura pas lieu - Sputnik Afrique
S'abonner
La décision de l’Ukraine de liquider la compagnie Naftogaz Ukraine entraînera la révision des contrats gaziers entre Moscou et Kiev, ce qui pourrait conduire au reformatage des relations dans pratiquement tous les domaines de la coopération, selon les experts.

La décision de l’Ukraine de liquider la compagnie Naftogaz Ukraine entraînera la révision des contrats gaziers entre Moscou et Kiev, ce qui pourrait conduire au reformatage des relations dans pratiquement tous les domaines de la coopération, selon les experts. Ces derniers estiment que la liquidation de la compagnie est le seul moyen d'éviter une nouvelle guerre du gaz.

Le gouvernement ukrainien prévoit la liquidation de la société Naftogaz Ukraine : la compagnie qui a signé des contrats avec Gazprom de fourniture de gaz en Ukraine et le transit du gaz à destination de l’Europe, a déclaré vendredi le premier ministre ukrainien Nikolaï Azarov.

"Naftogaz cessera d’exister en tant qu’entité commerciale à l'issue d'une période de liquidation, et après l’entrée en vigueur des formalités nécessaires, de nouvelles compagnies occuperont ce marché. Et pour cette raison, tous les accords gaziers actuels seront révisés", a déclaré Nikolaï Azarov.
Alexeï Miller, président de Gazprom, a confirmé que la liquidation de Naftogaz Ukraine nécessitera après une certaine période la révision des tous les accords existants.

Nikolaï Azarov a ajouté que la révision des accords gaziers actuels était une question cruciale pour l’économie du pays. L’Ukraine estime que le prix du gaz (au troisième trimestre il a atteint 354 dollars les mille mètres cubes), dont la formule est fixée par le contrat signé en janvier 2009, est trop élevé. Kiev considère que le prix devrait être fixé à hauteur de 200 dollars les mille mètres cubes.

Peut-on éviter une guerre du gaz?

"Il est évident que l’Ukraine voulait modifier par tous les moyens les accords gaziers, et la solution qu’elle a choisie est la plus raisonnable, a déclaré à RIA Novosti Alexeï Gromov, directeur adjoint de l’Institut des stratégies énergétiques. La restructuration de Naftogaz permettra le maintien des accords mutuels. Je pense qu’indirectement la Russie, qui a réagi sereinement, est également d’accord".

La révision des accords via la reconnaissance par un tribunal de l’illégalité du contrat gazier signé en janvier 2009 par l’ex-première ministre Ioulia Timochenko aurait été extrêmement scandaleuse, a fait remarquer Alexeï Gromov.

Si les autorités ukrainiennes étaient parvenues à prouver dans le procès actuel de l’ex-première ministre l’illégitimité du contrat actuel de fourniture de gaz, une nouvelle guerre du gaz se déclencherait, a expliqué à RIA Novosti Konstantin Simonov, directeur de la Fondation pour la sécurité énergétique. "Cela aurait signifié que le transit du gaz russe en Europe n’a aucune base juridique, déclare Konstantin Simonov. Autrement dit, l’Ukraine pourrait à tout moment procéder à une réquisition illégale de gaz, ce qui aurait marqué le début d’une nouvelle guerre du gaz". Et la question des prix du gaz fourni à l’Ukraine serait inévitablement soulevée. Les Ukrainiens auraient commencé à compter ce que Gazprom leur doit, suppose l’expert

La fiabilité des fournisseurs et des pays de transit

Par ailleurs, la guerre du gaz est dommageable pour les deux pays, déclare Konstantin Simonov. "Lorsqu’en hiver 2009 l’Ukraine a bloqué le transit de gaz vers l'Europe, les Européens en ont tiré une conclusion logique : il est impossible de faire confiance à la Russie et il faut chercher d’autres sources de fourniture de gaz, a-t-il rappelé. Une nouvelle guerre du gaz serait un signal pour la construction des gazoducs contournant la Russie à tout prix".

Par exemple, actuellement les pays européens ne construisent pas le gazoduc Nabucco
(il prévoit des fournitures de gaz en UE en provenance de la région caspienne et des pays du
Moyen-Orient) car l’Union européenne "s’efforce de sauver les apparences et le considère comme un projet commercial", a déclaré Konstantin Simonov. Mais d’un point de vue commercial, un tel transit n’est pas rentable, car le prix du gaz acheté, par exemple, à l’Azerbaïdjan serait plus élevé par rapport au prix du gaz acheté à Gazprom pour des contrats à long terme, explique l’expert. "Si une guerre du gaz se déclenchait, l’Union européenne ne dirait plus que Nabucco est un projet commercial. Elle construirait des gazoducs sans se préoccuper des frais", affirme Konstantin Simonov.

Si la Russie venait à décevoir définitivement les partenaires européens en tant que fournisseur fiable, par exemple le Turkménistan, qui souhaite construire un gazoduc pour exporter son gaz, pourrait se joindre au projet Nabucco. "Ensuite les gazoducs du Turkménistan et de l’Azerbaïdjan seront réunis, et ce sera une tout autre histoire, a expliqué Konstantin Simonov. Cela changera complètement la disposition des forces dans la région, et c’est la raison pour laquelle la Russie ne peut pas engager une seconde guerre du gaz".

A son tour, l’Ukraine s'autodétruira en tant que pays de transit. "La conclusion sera simple : l’Ukraine n’est pas un Etat qui respecte les accords, mais une entité cartographique. On ne peut y croire personne, car le prochain régime proclamera le gouvernement précédent illégitime et mettra en prison chaque ex-premier ministre, a expliqué Konstantin Simonov. L’UE ne cherchera pas à savoir qui est responsable des perturbations des approvisionnements en gaz, et changera simplement de fournisseur, et c’est la principale menace".

Les limites d’un compromis

Etant donné qu’une guerre du gaz est dommageable pour les deux pays, ils devront trouver un terrain d’entente, estiment les experts. La Russie attend toujours des propositions de l’Ukraine pour la compensation d’une éventuelle diminution des prix fixés par le contrat de fourniture du gaz russe, déclare Alexeï Gromov.

Il existe actuellement deux motivations permettant à la Russie d’accepter de diminuer le prix du gaz, déclarent les experts. L’apaisement de la situation pourrait contribuer avant tout à l’unification des systèmes de transport de gaz (STG) de l’Ukraine et de la Russie. Le président de Gazprom
Alexeï Miller a déclaré fin juillet que la compagnie pourrait accepter de diminuer le prix de gaz pour l’Ukraine sous réserve de la fusion de Naftogaz Ukraine et de Gazprom, par exemple, en créant un consortium avec la participation de l’Europe, c’est-à-dire d’un acheteur.

Le contrôle du gazoduc ukrainien réduirait considérablement les risques liés au transit pour la compagnie russe.

La seconde motivation possible est la signature d’un ensemble d’accords prévoyant l’adhésion de l’Ukraine à l’Espace économique commun, en cours de création sous l’égide de la Russie.
"A mon avis, une solution d'ensemble sera adoptée où les questions gazières ne domineront pas mais où d’autres compromis seront obtenus", prédit Alexeï Gromov. Dans ce cas, le prix du gaz pour l’Ukraine pourrait être diminué.

Toutefois, il n’est pas exclu que la Russie insistera sur le respect des conditions de l’accord de partenariat stratégique. "Pour l’instant, en Russie et en Ukraine on n’entrevoit aucun perspective de coopération dans les secteurs importants tels que la construction aéronautique et navale, ainsi que le secteur spatial", a déclaré à RIA Novosti Valentina Goïdenko de l’Institut des pays de la CEI.

L’Ukraine ne tient toujours pas sa promesse de changer le statut de la langue russe. "La promesse de faire du russe la seconde langue nationale à permis à Viktor Ianoukovitch de remporter la présidentielle", rappelle Valentina Goïdenko.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала