La Slovaquie rejette les décisions des dirigeants de la zone euro

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La petite Slovaquie a joué un sale tour à l’Union européenne en devenant le seul pays de la zone euro à refuser de soutenir l’élargissement du Fonds européen de stabilité financière (FESF) en compromettant ainsi le plan de sauvetage de la Grèce.

La petite Slovaquie a joué un sale tour à l’Union européenne en devenant le seul pays de la zone euro à refuser de soutenir l’élargissement du Fonds européen de stabilité financière (FESF) en compromettant ainsi le plan de sauvetage de la Grèce. La démarche slovaque n'aura certainement aucune conséquence grave: les fonctionnaires européens trouveront un autre moyen de faire adopter la décision nécessaire. Mais, selon les experts, cet incident malheureux ne fait que mettre en évidence l'existence de problèmes gravissimes dans la zone euro, qui demeurent pour l’instant irrésolus.

L’argent jeté par la fenêtre

Dans la nuit du 11 octobre le parlement slovaque a bloqué l’élargissement des compétences du FESF et l’augmentation du fonds de 250 à 450 milliards d’euros, comme en avaient convenu les dirigeants des pays de la zone euro en juillet 2011.

On peut comprendre la Slovaquie, qui est l’un des pays les plus pauvres de l’UE en termes de PIB par habitant (près de 17.000 euros), et qui ne veut donc pas aider la Grèce, où le PIB par habitant atteint 29.000 euros. "Ce pays pauvre ne veut pas aider celui qui a été bien plus généreusement subventionné, déclare Evgueni Gavrilenkov, directeur de la société d’investissement Troïka Dialog. En omettant la rhétorique sur le thème de la solidarité, la question de savoir pourquoi les pauvres doivent aider les riches reste sans réponse."

Toutefois, selon beaucoup d’économistes, la réalité est telle que l’aide financière accordée par l’UE ne peut pas inverser les tendances négatives dans l’économique de la Grèce. "Ce pays ne pourra jamais rembourser sa dette de 350 milliards d’euros, somme incommensurable pour l’économie de la Grèce, qui n'est pas en mesure de l'acquitter, estime Elena Matrossova, directrice du Centre d’études macroéconomiques BDO. La Slovaquie, de même que les autres, est consciente que la création d’un fonds n’est pas une solution, mais une tentative de gagner du temps." On ne constate aucune croissance dans l’économie grecque, et il est d’autant plus dommage de lancer l’argent pas la fenêtre.

Malgré cela, beaucoup d’experts sont convaincus que les fonctionnaires européens trouveront un moyen de faire adopter la décision nécessaire en contournant la fronde de la Slovaquie. "On votera jusqu'à ce que les pays parviennent à un accord", estime Evgueni Gavrilenkov.Les politiciens européens de premier plan n’ont pas l’intention de baisser les bras: la chancelière allemande Angela Merkel a déjà déclaré qu’en dépit de l’échec du vote en Slovaquie, l’élargissement des compétences du FESF serait ratifié avant le sommet de l’UE qui se tiendra le 23 octobre.

Pourquoi gagner du temps

La situation autour du FESF met en évidence les graves problèmes au sein de l’Union européenne. L’un d’eux est le modèle bancal de gestion. Les pays de l’UE, comme le fait remarquer Evgueni Gavrilenkov, ont créé le modèle le plus démocratique de prise de décisions, qui s’efforce de prendre en compte les intérêts des Etats de moindre importance, mais ce système ne permet pas de pendre des décisions rapidement et efficacement dans des situations complexes inhabituelles. Pour cette raison, selon Viktor Mizine, directeur adjoint de l’Institut des études internationales de l’Institut d’Etat des relations internationales de Moscou (MGIMO), l’UE est parfois comparée à un obèse pataud qui a du mal à s’orienter dans l’espace, ne peut pas se pencher et ne sait pas dans quelle direction aller.

Il existe un problème plus grave: pour l’instant on ignore ce qu’il faut faire avec la Grèce et d’autres économies problématiques de l’UE. Les experts interrogés par RIA Novosti sont convaincus que l’aide financière accordée à la Grèce pourra seulement retarder mais non pas régler les problèmes économiques de l’Union européenne. De plus, la Grèce n’est pas le seul point faible de l’Europe. "Certains pays de l’ancien Bloc de l’Est, par exemple la Roumanie, dépendent totalement des subventions de l’UE. On ignore ce qu’ils en sera si cette aide est stoppée", explique Viktor Mizine.

Le règlement éventuel des problèmes économiques de l’UE pourrait être particulièrement douloureux. Même en omettant l’option de l’effondrement de la zone euro et le retour aux monnaies nationales, la sortie de l’impasse, selon Elena Matrossova, est la monétisation des dettes grâce à une importante création monétaire. "Il faut imprimer dans les 2.000 milliards d’euros, estime l’experte. Cela dévaluera les dettes mais conduira parallèlement à l’hyperinflation et à la dévaluation de l’euro."

Cette décision est loin de plaire aux puissances économiques telles que l’Allemagne. Non seulement elle doit porter le fardeau des pays problématiques de l’UE, mais pour tous leurs efforts les Allemands récolteront une augmentation des prix et une dévaluation des épargnes. Par ailleurs, un tel scénario serait également lourd de conséquences pour l’économie russe, qui dépend des importations de l’UE.

Tant que les poches ne sont pas vides

L’effondrement hypothétique de la zone euro, dont les experts parlent de plus en plus souvent, serait également très douloureux. "Le monde n’est pas prêt à la disparition de l’euro et au rétablissement du monopole du dollar, estime Evgueni Gavrilenkov. Le passage aux monnaies nationales provoquerait un choc sur les marchés financiers."

On peut également attendre avant de prendre une décision radicale, car les ressources de ce qu’on appelle les assouplissements quantitatifs – la stabilisation des économies grâce à l’injection d’argent – ne sont pas encore épuisées. Même s’il est impossible de sauver la Grèce, l’économie européenne aura besoin d’argent. "Nul doute que l’argent sera injecté, et même beaucoup d’argent, entre 200 milliards et 1.500 milliards d’euros, déclare Evgueni Gavrilenkov de Troïka Dialog. En cas de défaut de paiement de la Grèce, les pays de l’UE devront soutenir leurs banques."

L’expert est convaincu que le principal débat ne concernera pas la question des assouplissements quantitatifs, mais la manière de les mettre en œuvre. Est-ce que cela relèvera principalement de la responsabilité du FESF avec les gouvernements nationaux ou, comme ce sur quoi insiste l’Allemagne, le secteur privé assumera une certaine part de responsabilité.

Une telle évolution de la situation serait profitable pour l’économie russe basée sur les matières premières. Les experts estiment qu’en cas d’injections financières importantes, il ne faut pas s’attendre à une baisse significative du prix du pétrole.

Dans le pire des cas cela se traduirait par une diminution éphémère des prix dans le contexte d’une panique générale. Une situation similaire est survenue en 2008, mais très rapidement le prix du baril augmentera de nouveau grâce aux injections d’argent.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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