Almazbek Atambaïev, nouveau président du Kirghizstan

© Photo par la service de presse du premier ministre du KirghizstanAlmazbek Atambaïev, nouveau président du Kirghizstan
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Le 30 octobre, le premier ministre kirghiz, chef du parti social démocrate Almazbek Atambaïev a remporté loin en tête la course présidentielle au Kirghizstan.

Le 30 octobre, le premier ministre kirghiz, chef du parti social démocrate Almazbek Atambaïev a remporté loin en tête la course présidentielle au Kirghizstan.

"Je ferai en sorte qu’il n’existe plus aucune raison d'organiser des révolutions au Kirghizstan, la population en a assez, a déclaré lundi aux journalistes le vainqueur en commentant les résultats préliminaires du vote. Le peuple a dit fermement "non" à la déstabilisation de la société et à la confrontation interrégionale."

"Au Kirghizstan, parmi mes rivaux figurent de bons hommes politiques, mais également des politiciens malhonnêtes, a fait remarquer Almazbek Atambaïev et a ajouté avec optimisme: je me demandais avec inquiétude si le pays pourrait s’unifier. Mais j’ai eu la preuve qu’il est impossible de nous diviser ni sur les critères régionaux, ni ethniques. C’est le principal."

Cependant, l’un de ses adversaires en provenance du sud, Kamtchibek Tachiev, qui s’est également entretenu avec des journalistes, n’a pas manqué l’occasion de proférer des menaces: "Si les résultats de la présidentielle ne sont pas annulées, les émeutes seront inévitables." Il a ajouté que "le peuple [prendrait] sa décision."

"Mes électeurs attendent de moi des actes concrets", a déclaré Kamtchibek Tachiev. Il a ajouté qu’il ne reconnaissait pas les résultats de cette élection présidentielle.

Néanmoins, les experts estiment qu’en échangeant ainsi des "politesses", les hommes politiques s’assoiront tout de même à la table des négociations.

La dynamisation de l’électorat du nord

Almazbek Atambaïev, qui a longtemps été dans l’opposition, était l’un des pères de la révolution d'avril 2010, lorsque les rivaux de Kourmanbek Bakiev ont renversé le régime basé sur le népotisme et accédé à la haute politique kirghize.

Sa victoire à la présidentielle était prédite même par ses concurrents, qui déclaraient que le premier ministre parti en congés pendant la campagne électorale utiliserait la ressource administrative. Cependant, il est évident que l’électorat a préféré un candidat affirmant sa volonté de relancer l’économie, de parvenir à la stabilité attendue par la population kirghize, et qualifiant la Russie de partenaire stratégique de son pays.

Toutefois, la victoire d’Almazbek Atambaïev n’a pas mis en évidence son soutien populaire dans la totalité du pays. La présidentielle de 2011 a clairement révélé la division du Kirghizstan entre le nord et le sud.

Selon les données de la commission électorale centrale qui a dépouillé plus de 99% des bulletins arrivant des bureaux de vote, la situation est plus qu’éloquente. Au nord, une majorité écrasante a voté pour Almazbek Atambaïev, ressortissant local, tandis que le sud a préféré Adakhan Madoumarov, originaire de la région. Dans les bureaux de vote de certaines régions du sud, Almazbek Atambaïev a obtenu moins de 0.02%. Dans le nord, le score du sudiste est similaire à celui du nordiste dans le sud.

"La victoire évidente d’Almazbek Atambaïev est due au dynamisme sans précédent de l’électorat du nord", estime Tattou Mambetalieva, directrice de la fondation publique Initiative civile sur la politique d’internet.

Le principal rival d’Almazbek Atambaïev, Adakhan Madoumarov, chef du parti Kirghizstan libre, selon les résultats préliminaires, a obtenu un nombre de voix largement inférieur.

Les révélations de cet homme politique ont également influé sur le résultat de l’élection. Les électeurs se sont bien souvenus qu’il y a quelques années Adakhan Madoumarov a déclaré que les représentants de la nation non titulaire au Kirghizstan étaient de simples locataires.

Un lourd héritage

Lorsque l’euphorie des résultats s’apaisera et qu'Almazbek Atambaïev prendra officiellement ses fonctions, ce ne sera pas une révélation qu’il a reçu un lourd héritage.

Un énorme déficit budgétaire, une dette publique de plusieurs milliards de dollars, une régression dans tous les secteurs de l’économie et le niveau de vie extrêmement bas de la population ne sont pas une nouveauté pour le premier ministre Atambaïev.

Dans son programme électoral, il a promis de propulser la république vers une nouvelle étape de développement.

Les déclarations du chef du parti social démocrate que la Russie demeurait un partenaire stratégique du Kirghizstan ont joué un rôle important pour la majorité des Kirghizes lors de l’élection.

Les perdants jouent à leur propre jeu

La division de l’électorat entre le nord et le sud ternit la victoire du favori de la course. Le QG électorale d’Almazbek Atambaïev est conscient que le troisième président (légitime) devra inéluctablement négocier avec ses adversaires du sud, qui sont largement soutenus dans cette région, pour préserver la structure étatique.

Selon Sergueï Massaoulov, président du Centre de recherche avancée, Atambaïev devra déterminer de manière plus précise la politique des cadres, y compris au sein du gouvernement.

Ceux qui sont restés loin derrière (tous les autres candidats ont obtenu au total moins de 5%) ont organisé une conférence de presse dans la nuit du 30 octobre pour annoncer que les résultats avaient été falsifiés. Mais ce discours n’a pas été suivi d'appels au boycott ou à l’organisation d'actions de protestation.

Selon Sergueï Massaoulov, les déclarations des perdants ont montré qu’ils n’avaient plus de force pour faire descendre les gens dans la rue. Actuellement, au Kirghizstan il n’existe pas d’opposition en tant que telle. Mais à en juger par le déroulement de la présidentielle, elle commencera à se former. Tout dépendra des futures actions d’Almazbek Atambaïev, a ajouté l’expert.

Il est à noter que même si beaucoup d’observateurs indépendants, qui n’avaient encore jamais été aussi nombreux, ont constaté des infractions dans certains bureaux de vote, ils estiment que cela n’a pas affecté le résultat de l’élection.

Selon Tattou Mambetalieva, toutes les conditions étaient réunies pour que les candidats à la présidentielle respectent les règles de la concurrence. "Les infractions concernaient principalement les listes des électeurs et le marquage. Les autres plaintes étaient sporadiques", a-t-elle déclaré.

Selon Sergueï Lebedev, chef de la mission d’observateurs internationaux de la CEI, le dépouillement des votes a été transparent et ouvert. Sergueï Lebedev affirme également que tous les candidats avaient des conditions équitables pendant la course présidentielle.

"La présidentielle au Kirghizstan s’est déroulée de manière parfaitement transparente, crédible et ouverte", estime Elena Doubrovina, membre de la commission électorale centrale de Russie. Elle a ajouté que certains candidats, en se montrant du doigt les uns les autres, parlaient de la ressource administrative et ont rapporté une tentative de bourrage des urnes.

"Même si ces faits étaient confirmés, on ne pourrait pas parler de fraude à grande échelle, et même si dans certains bureaux de vote un nouveau scrutin était organisé, cela n’aurait aucune incidence sur le résultat de la présidentielle", a souligné Elena Doubrovina.

Bref rappel historique:

Après le renversement du deuxième président kirghiz Kourmanbek Bakiev le 27 juin 2010 Roza Otounbaïeva a été élue en tant que chef de l’Etat intérimaire au référendum sur la nouvelle constitution. Son mandat expire le 31 décembre 2011. A cette date se tiendra l’investiture du nouveau président, marquant la fin de la légitimation du nouveau gouvernement.

 

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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