Bachar al-Assad agite la menace d’un nouvel Afghanistan

© RIA Novosti . Sergei Guneev Président syrien Bachar al-Assad
Président syrien Bachar al-Assad - Sputnik Afrique
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Enthousiasmé par le soutien de la Russie et la Chine, qui ont opposé leur veto au projet de la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies contre la Syrie, le président syrien Bachar al-Assad semble s’être lancé dans une contre-attaque médiatique contre l’Occident.

Enthousiasmé par le soutien de la Russie et la Chine, qui ont opposé leur veto au projet de la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies contre la Syrie, le président syrien Bachar al-Assad semble s’être lancé dans une contre-attaque médiatique contre l’Occident. C’est ainsi qu’on pourrait interpréter sa dernière interview accordée au quotidien britannique Sunday Telegraph.

La rhétorique belliqueuse

Selon le président syrien, l’invasion étrangère de son pays bouleverserait toute la région. "La Syrie est le centre du Proche-Orient, et tout conflit dans le pays provoquerait des troubles dans toute la région. Voulez-vous voir encore un Afghanistan ou des dizaines d’Afghanistans?", s’exclame al-Assad.

Généralement posé et pesant chacun de ses mots, le dirigeant syrien a cette fois changé de rhétorique et a accusé directement, et non pas par l'intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères comme auparavant, les pays occidentaux d’attisement du conflit dans son pays et de financement de l’opposition depuis l’étranger.

"Ces manifestations antigouvernementales sont financées depuis l’étranger, a souligné al-Assad, et je ne perdrai pas mon temps à parler de ces gens-là. Je ne les connais pas. Il serait préférable de mener une enquête et vérifier s’ils représentent bien le peuple syrien."

Les derniers propos de Bachar al-Assad montrent qu’il est poussé à bout. Au lieu du modeste ophtalmologue qu’il était en prenant le pouvoir en Syrie en juillet 2000, on voit un politicien-faucon prêt à se battre jusqu'à la mort.

Le bâton et la carotte de la LEA

Une réaction aussi violente est bien légitime. En gros, Bachar al-Assad n’a pratiquement plus d’amis idéologiques dans le monde arabe. Il est soutenu seulement par le mouvement shiite libanais Hezbollah, ainsi que par les mouvements palestiniens Hamas et Jihad islamique opposés à Mahmoud Abbas.

Néanmoins, les pays arabes, notamment les dirigeants des pays riches et prospères du Golfe, veulent à tout prix éviter la répétition du scénario libyen et préfèrent pratiquer la politique de la carotte et du bâton à l’égard de la Syrie. Le 30 octobre, dans la capitale qatarie Doha s’est tenue la réunion des ministres des Affaires étrangères de la Ligue des Etats arabes (LEA), au cours de laquelle un plan interarabe de règlement de la crise a été proposé au ministre syrien Walid Mouallem.

Aucune précision n’a été donnée à ce sujet. Officiellement il a été seulement annoncé que la LEA avait exhorté al-Assad à cesser d'utiliser la force contre les manifestants.

La réponse de Walid Mouallem aux frères arabes a été tout aussi rude que celle donnée à l’Occident. Il a recommandé de ne pas évaluer la situation en Syrie en se basant uniquement sur les reportages des chaînes satellitaires arabes qui déforment les événements réels, et de réagir seulement aux informations officielles sur la situation.

Selon la version officielle de Damas, les forces de sécurité ne luttent pas contre la population, mais contre les terroristes. Cependant, les militants des droits de l’homme syriens installés à l’étranger rapportent pratiquement tous les jours des dizaines de morts suite aux affrontements entre l’armée et les manifestants dans diverses villes et régions du pays, ainsi que de nombreuses désertions de militaires qui passent du côté de l’opposition. Selon les rapports de l’ONU, le nombre de victimes des affrontements depuis les 7 derniers mois a dépassé 3.000 personnes. Les autorités syriennes parlent de plus de 1.500 morts dans les deux camps, y compris de plus de 1.100 agents des forces de l’ordre.

L’Occident abandonne al-Assad à son sort en l’absence d’alternative

La situation dans laquelle se trouve aujourd’hui le président syrien n’est pas plus enviable que celle de Mouammar Kadhafi au début de l’opération de l’OTAN en Libye. Et bien que Bachar al-Assad et son armée ne subissent pas les bombardements de l’Alliance, il est tout de même le "faucon" enfermé dans sa propre cage.

La marge politique de manœuvre du président syrien se réduit de jour en jour. Les Etats-Unis et l’Europe occidentale proposent à l’unisson à al-Assad de démissionner de son propre gré et d’organiser des élections démocratiques, autrement dit de donner le pouvoir à l’opposition. L’initiative confidentielle de la Ligue des Etats arabes implique probablement un scénario similaire.

Al-Assad ce n’est pas Kadhafi, et il ne voudra certainement pas mourir sur le champ de bataille. Très probablement, en cas de départ volontaire il se verrait proposer des garanties de sécurité personnelle dans un pays arabe ou en Iran, patron politique de la Syrie pendant de nombreuses décennies. On ignore pour l’instant qui remplacerait al-Assad.

L’Occident voudrait voir à sa place le politologue syrien Burhan Ghalioun, professeur en Sorbonne, qui préside le Conseil national syrien formé en Turquie en août 2011.

Cependant, cet homme ne peut arriver en Syrie qu’avec l’aide de l’OTAN, or l’Europe, de même que les Etats-Unis, ne sont pas encore prêts pour une intervention militaire. Un autre scénario est bien plus probable pour la Syrie: un coup d’Etat militaire perpétré par un groupe d’officiers généraux ou supérieurs de l’opposition.

C’est ainsi que tous les dictateurs militaires arabes sont arrivés au pouvoir: Kadhafi, Nasser, Saddam Hussein, ainsi que le père du président syrien, Hafez al-Assad. Cela s’est produit dans les années 1950-70 du siècle dernier. Mais l’histoire se répète.

 

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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