L’argent des autres et le tribunal de Londres, ou pourquoi le public adore les règlements de comptes des oligarques.
Les gens aiment généralement compter l’argent des autres et désigner des responsables. Cette idée est une fois de plus confirmée par l’intérêt soutenu pour le procès qui a lieu actuellement au tribunal de Londres entre les oligarques russes: Boris Berezovski et Roman Abramovitch. Peu importe si l’un d’eux est un ancien oligarque, et si l’autre, au contraire, est choyé en haut lieu. Les deux vivent tout de même à Londres, comme il se doit pour des oligarques.
En parlant concrètement du procès, la majorité des gens dont les regards sont tellement rivés sur l’affaire, n’est pas tant attirée par le fond du litige que par le fait qu’un homme fortuné tente de soutirer à l’autre une forte somme d’argent.
Rappelons le fond du problème: Berezovski affirme qu’Abramovitch l’a forcé à vendre ses parts de la société pétrolière Sibneft pour un prix nettement inférieur à son coût réel. Berezovski a estimé ses pertes à 5,5 milliards de dollars, somme à laquelle il veut condamner Abramovitch, le propriétaire du club Chelsea.
Les reportages des médias russes consacrés à ce procès occupent aujourd’hui la première place dans la rubrique des articles les plus lus. Et bien que le procès dure depuis longtemps, la presse et les blogueurs russes ont commencé à témoigner autant d’intérêt à partir de lundi dernier, lorsque Roman Abramovitch a commencé à témoigner.
Et ce n’est pas surprenant. Au début du procès, il n’y avait rien de passionnant. A l’exception, peut-être, de l’information selon laquelle ce procès est le plus cher de l’histoire de la justice britannique, et des paroles de Berezovski disant qu’Abramovitch l’avait trahi.
L’intérêt pour cette affaire a été alimenté par les déclarations d’Abramovitch affirmant que Berezovski aurait financé les combattants tchétchènes, et qu’il aurait assuré à Abramovitch une protection politique pour mener ses affaires avec succès. Ces propos ont fait les gros titres des articles consacrés au procès et ont été activement discutés par les blogueurs.
Peu de gens ont noté les propos d’Abramovitch concernant directement le partage des parts de Sibneft. Même chose pour l’attention accordée au fait que deux hommes fortunés russes ont choisi le tribunal de Londres, dont le verdict ne peut être acheté.
Mais cela n’a pas grande importance aux yeux des lecteurs. Le fric et les flingues, voilà ce qui fait vibrer aujourd’hui l'opinion politique.
L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction
