Les révolutions arabes: un interminable printemps

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Parfois, même les événements les plus insignifiants peuvent changer le cours de l’histoire.

Parfois, même les événements les plus insignifiants peuvent changer le cours de l’histoire.

Le 17 décembre 2010, les fonctionnaires provinciaux en Tunisie ont confisqué la marchandise d’un camelot dénommé Mohamed Bouazizi. Et cela a entraîné toute une cascade d’événements stupéfiants. Au départ, le régime de l'inamovible président tunisien Ben Ali s’est effondré.

Puis la vague de révolutions a frappé d’autres pays arabes.

Evidemment, le vendeur de fruits tunisien âgé de 26 ans n’avait prévu de changer le sort du monde arabe. Ces nerfs ont tout simplement lâché. Les amis de Mohamed ont déclaré plus tard que les fonctionnaires et les policiers saisissaient régulièrement sa marchandise. Et à chaque fois le commerçant reprenait son activité. Cependant, cette fois Mohamed ne l’a pas supporté et s’est immolé par le feu.

Les habitants de Tunisie sont habitués à subir les humiliations permanentes des fonctionnaires. Mais la tragédie de Mohamed Bouazizi a été pour la société la goutte qui a fait déborder le vase. Avant le décès du jeune homme le 4 janvier 2011, le président en personne lui a rendu visite à l’hôpital. Cependant, il était trop tard. Dix jours après la mort de Mohamed Bouazizi la vague de protestations a balayé le régime de Ben Ali. Et plus tard le monde arabe tout entier a été embrasé par un incendie politique.

Le samedi 17 décembre marquera le 1er anniversaire de l’événement à l’origine du printemps arabe. Qu’est-ce qui a changé en mieux au cours de cette période?

Pendant la récente intervention en direct de Vladimir Poutine à la télévision, le nouveau député de la Douma (chambre basse du parlement) Valeri Iakouchev a donné aux touristes russes la recommandation suivante : il faut aller en Egypte avec ses propres pommes-de-terre. Mais si cette situation ne change pas, bientôt plus aucun touriste n’ira en Egypte. Le dictateur Moubarak est renversé depuis longtemps. Cependant, l’instabilité politique dans cet Etat clé du monde arabe ne fait que prendre de l’ampleur.

En Libye, les habitants s’habituent à un phénomène étonnant : il s’avère qu’il est possible de vivre sans Kadhafi. Mais pour l’instant, les Libyens ne vivent en paix que dans leurs rêves. Voici la démocratie libyenne en action : le 10 décembre, les groupes de combattants rivaux ont organisé un combat pour le droit de contrôler l’aéroport de la capitale.

Parmi tous les pays du "printemps vainqueur", seule la Tunisie a eu relativement de la chance. Mais désormais ce sont des islamistes qui sont au pouvoir, mais tout de même des islamistes modérés. Et ce pays n’est pas secoué par des conflits sanglants. Selon les normes arabes modernes, c’est déjà une réussite.

Et quelle est la conclusion de tout cela? L’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi a-t-elle changé quelque chose en réalité? Les révolutions sont-elles toujours néfastes? Le peuple en colère contre le gouvernement doit-il subir, subir et encore subir?

Je suis convaincu que la principale leçon du printemps arabe est diamétralement opposée.

Il ne faut pas attendre qu’un Mohamed Bouazizi local se suicide en signe de protestation.

Il ne faut pas attendre qu’il soit trop tard.

Par sa structure intérieure, la société russe contemporaine est infiniment loin du monde arabe. Par exemple, elle ne connaît pas un tel excès de la part des jeunes désoeuvrés. Mais en voyant l’activité frénétique du gouvernement russe après le rassemblement de la place Bolotnaïa, personnellement je m’en réjouis.

Nos leaders ne veulent certainement pas refaire les erreurs de leurs anciens collègues du monde arabe. Et cela donne de l’espoir, car après tout les émotions humaines sont matérielles. Mohamed Bouazizi l’a parfaitement démontré.


L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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