2012: le référendum sur Obama aux Etats-Unis

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Début janvier 2012, les Etats-Unis s’engagent enfin la voie longue et sinueuse menant à l’élection présidentielle du 6 novembre prochain.

Début janvier 2012, les Etats-Unis s’engagent enfin la voie longue et sinueuse menant à l’élection présidentielle du 6 novembre prochain. Toutes les étapes franchies à ce jour, à savoir l’enregistrement des candidats et les débats télévisés au niveau local, ne sont qu’un prélude, un avant-propos.

Les choses sérieuses débutent le 3 janvier 2012 dans l’Etat d’Iowa où commence la kyrielle d’élections primaires du Parti républicain destinées à désigner parmi les neuf candidats du parti restant dans la course à ce jour, celui qui sera considéré comme le plus digne (et le plus capable) de battre Barack Obama. Ou plus exactement il s’agit de déterminer si la Parti républicain possède ou non un candidat pour lequel les Américains seraient prêts à déloger Obama de la Maison blanche.

Qui sera le gagnant, telle est la question clé.

Probablement, en examinant à la loupe les quatrains de Nostradamus, on y trouverait une prophétie à ce sujet. Toutefois, à condition de posséder une imagination fertile. Pour le moment, personne ne se risque à prédire le résultat de la présidentielle. Tout dépendra de l’état de l’économie qui pourrait connaître une relance ou une nouvelle récession, du taux de chômage et du candidat choisi par les républicains afin de contrer Barack Obama.

Une école d’analyse estime qu’Obama a autant de chances de gagner que de perdre. Selon une autre école, ce rapport serait de 55/45, et le président sortant pourrait profiter de l’absence dans les rangs des républicains d’un candidat fort et d’un programme économique bien articulé. Ainsi il semble plus judicieux de miser sur Obama au lieu de placer ses cartes sur n’importe quel candidat républicain. Selon une troisième école, les républicains remporteront la présidentielle avec un avantage minime. Bref, les semi-sceptiques et les semi-optimistes sont pratiquement à égalité.

En 2012, les démocrates n’organiseront pas de primaires. Leur président brigue un second mandat ce qui lui confère un avantage indiscutable: il ne devra pas s’épuiser à combattre ses propres amis politiques afin d’être désigné candidat à la présidence au congrès national du Parti démocrate qui se tiendra en septembre en Caroline du Nord. Il pourra se concentrer sur la propagande des succès de son administration au lieu de mener une guerre d’usure sur deux fronts.

En 2008, la concurrence entre Barack Obama et Hillary Clinton (la secrétaire d’Etat en exercice) a duré jusqu’au congrès du Parti démocrate et a failli provoquer un désastre. Si le président sortant, le républicain George W. Bush, avait eu une meilleure cote de popularité et que le Parti républicain eût disposé d’un candidat meilleur que le vieillissant John McCain, le résultat de l’élection présidentielle aurait pu être complètement différent.

Barack Obama et la présidentielle référendaire

Le 2 janvier 2012, le président américain a terminé son congé et il pourra désormais profiter pleinement de ce que l’on appelle en russe "la ressource administrative." L’année électorale est toujours marquée par une intensification des voyages que les présidents sortants et voulant briguer un nouveau mandat effectuent à travers le pays

Cette élection revêtira une importance particulière pour Obama. Pour lui il ne s’agit même pas tant d’une élection présidentielle que d’un référendum sur les résultats du premier mandat du 44ème président des Etats-Unis, le premier homme de couleur à exercer cette fonction. Et le moment est très mal choisi pour ce référendum.

Si les Américains étaient un peu plus patients et reconnaissants, Barack Obama pourrait être pratiquement certain de passer encore quatre ans à la Maison blanche. Si seulement les Américains pouvaient comprendre ses problèmes…

Il faut dire en toute honnêteté qu’Obama n’a vraiment pas eu de chance: en 2008, George W. Bush lui a légué deux guerre: l'Afghanistan et l'Irak, ainsi qu’une crise financière et économique sans précédent depuis les années 1920, une dette publique et un déficit budgétaire colossaux et échappant aux solutions simples et rapides, ainsi que la prison de Guantanamo où l’on pratique la torture. S’y sont ajoutés les "printemps arabes" et l'administration ultra-conservatrice en Israël, principal allié des Etats-Unis au Proche-Orient.

Encore heureux que la politique étrangère n’ait aucun effet sur le résultat de la présidentielle aux Etats-Unis, exception faite bien sûr de la situation en Afghanistan et en Irak qui est pratiquement une affaire intérieure aux yeux des Américains.

Barack Obama avait promis d’accélérer le règlement aux Proche-Orient, et il a échoué, il avait promis de réaliser le redémarrage des relations entre les Etats-Unis et la Russie, mais cette politique s’est enlisée. Il n’a jamais réussi à justifier le prix Nobel de la paix qu’il avait reçu à titre d’avance en 2009. L’Europe, principalement en la personne de l’Allemagne, refuse de prêter l'oreille à ses exhortations incessantes à régler le problème de l’euro en remboursant intégralement les dettes des pays de l’Europe du Sud en difficulté. Un autre échec.

Toutefois, étant donné la qualité de l’héritage reçu par Obama, force nous est de constater que son premier mandat s'achève sur une note éminemment positive. Malgré toute l’étendue de la crise de 2008 héritée par Obama et qui a ravagé les Etats-Unis, le pays a tout de même évité l’effondrement des systèmes économique et bancaire. Grâce à Obama.

Il a fait adopter une série de mesures de stimulation économique à hauteur de 800 milliards de dollars. Les principaux producteurs automobiles et les plus grandes banques américaines ont été sauvés. Enfin, Obama a initié une réforme sans précédent du système bancal de santé publique et a mis en place un mécanisme très strict de réglementation des marchés financiers afin d’éviter une rechute de la crise bancaire. Oussama ben Laden a également été éliminé sous Barack Obama.

Certes, les électeurs sont peu sensibles aux succès passés, aux tourments du président, à la nature spectaculaire de la relance financière et à l’importance des problèmes résolus. L’électeur est aigri à l’idée que tout ne va pas bien aujourd’hui et que les choses risquent de se dégrader encore davantage demain. Quand les portefeuilles des Américains s’amincissent, ils refusent de compatir aux problèmes d’autrui. Surtout à ceux du président.

Obama sera-t-il réélu?

Cependant la réélection du président sortant est loin d’être exclue. Certes, les Américains sont impatients, mais ce trait de leur caractère s’applique tout aussi bien à Obama qu’à ses concurrents républicains.

Or, ces derniers sont justement en train de réitérer la lutte que Barack Obama et Hillary Clinton se livraient en 2008, et il semble qu’ils mèneront cette guerre intestine jusqu’au congrès national du Parti républicain qui se tiendra fin août 2012 en Floride. Pour le moment ils vilipendent à qui mieux mieux le président sortant tout en s’infligeant réciproquement des plaies et des bosses.

Huit principaux candidats sont actuellement présents dans la case républicaine de l’échiquier politique américain. Ce sont Newt Gingrich, ancien président de la chambre des représentants, Jon Meade Huntsman, ancien ambassadeur des Etats-Unis à Singapour et en Chine et ancien gouverneur de l’Utah, Gary Johnson, ancien gouverneur du Nouveau-Mexique, Rick Perry, gouverneur du Texas, Mitt Romney, ancien gouverneur du Massachusetts, Michele Bachmann, représentante du Minnesota, Rick Santorum, ancien sénateur de Pennsylvanie, et Ron Paul, représentant du Texas.

Il est vraiment impossible de prévoir lequel d’entre eux gagnera l'investiture de son parti. A ce jour, Mitt Romney arrive en première position suivi tantôt de Newt Gingrich, tantôt de Ron Paul. En été 2011, Gingrich a failli être éliminé de la course en raison d’une série de déclarations imprudentes: selon un consultant politique du Parti républicain, le langage Newt Gingrich fait penser qu’il porte en permanence le bouton d’autodestruction dans sa poche. Le trio susmentionné est talonné par les autres candidats.

Selon les prévisions, Mitt Romney a les meilleures perspectives. Et il pourrait même offrir à Gingrich le poste de vice-président étant donné que ce dernier est un vrai conservateur alors que Romney est considéré comme modéré. Les deux s’équilibreraient alors mutuellement.

Toutefois il est peu probable que le caucus de l'Iowa permette d’établir un classement définitif des candidats. Ces événements électoraux réunissent les militants les plus actifs des partis qui rejettent les nuances. Et un conservateur endurci a plus de chances de les remporter. A titre d’exemple, le caucus de l’Iowa a été remporté en 2008 par Barack Obama grâce à des promesses tellement radicales que le leader des communistes russes, Guennadi Ziouganov, en aurait été ravi.

Ainsi, espérer que le caucus de l’Iowa servira à désigner le futur adversaire d’Obama reviendrait à essayer de deviner le futur métier d’un élève qui vient d’entrer au cours préparatoire. Il faudra sans doute attendre le super-mardi, le jour où les primaires se tiendront début mars dans dix Etats américains à la fois.

Entre-temps, Barack Obama commence à relever lentement mais sûrement sa cote de popularité. Cette dernière reflète les dispositions générales des Américains, leur attitude envers le passé, le présent et le futur, ainsi que leurs espoirs et leurs attentes.

Selon les derniers sondages réalisés par l’institut Gallup, à la fin de l’été 2011 la cote de popularité d’Obama avait baissé pour atteindre 40%, elle était de 41% début décembre et de 46% (voire de 49%, selon d’autres sondages) à la fin de l’année dernière. Certes, cela ne garantit pas son retour à la Maison blanche mais pour le moment la tendance lui est manifestement favorable.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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