Mitt Romney, un mormon pour tous les goûts

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Finalement, les stratèges de la campagne électorale de Barack Obama ne se sont pas concentrés en vain dès 2011 sur Mitt Romney en laissant de côté tous les autres rivaux potentiels du président en exercice à la présidentielle du 6 novembre 2012.

Finalement, les stratèges de la campagne électorale de Barack Obama ne se sont pas concentrés en vain dès 2011 sur Mitt Romney en laissant de côté tous les autres rivaux potentiels du président en exercice à la présidentielle du 6 novembre 2012.

Romney est en tête de la course électorale républicaine, et on lui prédit la victoire au congrès national du parti en Floride fin août. Bien sûr, c’est un peu tôt, mais pas sans raison. Et cette raison ne concerne pas tant les qualités de Mitt Romney que les défauts du camp républicain.

Le ménage dans les rangs républicains

Barack Obama doit être content: la composition du camp républicain devient telle que ses chances d’être réélu augmentent de semaine en semaine. Sauf si l’économie s’effondre (ce qui est peu probable), la chance lui sourira à nouveau. En 2008, il a eu de la chance avec son rival très âgé John McCain. En 2012 il pourrait à nouveau avoir de la chance face à un autre candidat républicain.

Mitt Romney, ancien gouverneur du Massachusetts, millionnaire (d’ailleurs, le candidat le plus riche à la prochaine présidentielle avec une fortune qui s’élève à près de 250 millions de dollars), mormon et fils de politicien, s’est emparé début janvier de deux Etats à la fois: l’Iowa, puis le New Hampshire.

Aucun autre prétendant républicain, à l’exception des présidents sortants, n’avait encore réussi cet exploit. Même l’Iowa, malgré son attachement au christianisme traditionnel n’a pas résisté au mormon Romney.

Actuellement, toute la cavalerie républicaine forte des six rivaux restant s’est rendue en Caroline du Sud, où la sélection aura lieu le 21 janvier.

Romney, qui a obtenu près de 40%, des voix est loin devant le congressiste Ron Paul (près de 23%) et l’ancien gouverneur de l’Utah (et également mormon!) Jon Huntsman (16,8%). Dans le trio d’outsiders ont trouve l’ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich, l’ancien gouverneur de Pennsylvanie Rick Santorum et le gouverneur du Texas Rick Perry.

Ces trois hommes n’ont pratiquement aucune chance de réussir. On dit même qu’après la Caroline du Sud, la liste républicaine pourrait devenir deux fois plus courte.

Certains politologues estiment même que d’ici le 6 mars, le Super Tuesday (lorsque dix États voteront simultanément pour désigner parmi les candidats, ceux qui pourront se présenter effectivement à l'élection au début du mois de novembre), Mitt Romney pourrait être le seul à demeurer dans le camp républicain, ou dans le meilleur des cas accompagné par un camarade-rival. Mais il faut reconnaître que lors des primaires aux Etats-Unis on a déjà tout vu: les outsiders qui passaient en tête, et vice versa.

Un mormon pour tous les goûts
Mitt Romney est considéré comme un conservateur modéré. Etant donné que tout le sud américain est constitué de territoires qui sont l'apanage du républicanisme radical, du mouvement contestataire et hétéroclite Tea Party, du conservatisme et qu’il est la ceinture baptiste des Etats-Unis pour qui les mormons sont pires que les schismatiques et les hérétiques, une personne originaire du nord y rencontrera beaucoup de difficultés.

Mais si Romney réussissait à conquérir la Caroline du Sud, on pourrait considérer que le congrès républicain est déjà dans sa poche.

Actuellement, l'important ce n’est pas le pourcentage qu’il reçoit, mais le fait qu’aucun de ses rivaux n’ait encore annoncé sa sortie de la course. Pendant que les autres cinq prétendants s'agressent les uns les autres, ainsi que Romney et Obama, la droite ne peut pas avoir un seul et unique contrepoids fort pour l’opposer au modéré Romney: merci les radicaux, ils contribuent eux-mêmes à la victoire de Mitt Romney.

Par contre, Mitt Romney fait des miracles en termes de souplesse et de prévenance politique. Toutefois, ses rivaux et ses ennemis démocrates considèrent cela comme de l'opportunisme ostentatoire, du mimétisme, de la sournoiserie et Dieu sait quoi d’autre.

David Axelrod, qui était le principal architecte de la victoire de Barack Obama et est actuellement l’un des dirigeants de sa campagne électorale, qualifie Mitt Romney de charlatan.

"Occuper deux positions sur chaque question, une à gauche et une autre loin à droite, ne fait pas de vous un centriste. Cela fait de vous un charlatan", a-t-il déclaré après le succès de Romney dans l’Iowa. Etonnamment, le camarade républicain Rick Perry, gouverneur du Texas, affirme que Mitt est un "charognard." Newt Gingrich déclare qu’il est un menteur et peu différent d’Obama dans son idéologie de gutta-percha.

Mais Romney, qui se bat pour gagner l'investiture de son parti pour la seconde fois (en 2008 il s’est incliné face à John McCain), a parfaitement conscience de ce qu’il fait.

Mitt Romney dit partout exactement ce qu’on veut entendre. C'est un fervent conservateur dans un Etat, modéré dans un autre ou politiquement conciliant dans un autre encore. En somme, c’est un mormon pour tous les goûts.

Le seul problème et que Mitt n’ait encore donné aucune alternative réelle à la politique économique d’Obama. Pour le plaisir de ce dernier, car il est plus facile de combattre ce genre de rivaux.

Romney pourrait gagner l'investiture du parti républicain. Mais cela est loin de lui garantir toutes les voix des Américains.

Les USA ont-ils besoin d’un Obama numéro 2, qui plus est mormon?
En faisant la moyenne de tous les sondages parmi les chrétiens américains pratiquants, il s’avère qu’entre un quart et un tiers d’entre eux ne veulent pas voter pour un mormon à la Maison blanche. Bien que les mormons soient également des chrétiens, les idées préconçues et/ou la méfiance persistent jusqu’à nos jours à l’égard des adeptes de l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours.

Et Mitt Romney n’est même pas un simple mormon. A une époque il était évêque de la paroisse (chez les mormons c’est quelque chose entre un pasteur et un administrateur d’une région), puis éparque, responsable d’un évêché (qui inclut plusieurs dizaines de paroisses).

Près de 40% des Américains ne savent pas encore s’ils voteront pour le démocrate Obama ou son rival républicain.

Mitt Romney a obtenu un Master of Business Administration et un diplôme de droit de l'université Harvard. C’est un homme d’affaires et un politicien-praticien. C’est un homme très riche qui dirige la grande compagnie d’investissement Bain Capital. En 2002 il était à la tête du Comité d’organisation des Jeux olympiques d’hiver à Salt Lake City. Seulement à son arrivé il a été possible de remédier au gaspillage des moyens récoltés, et au lieu du déficit prévu de 375 millions de dollars, les Jeux ont rapporté pratiquement la même somme. Mitt Romney et son épouse ont personnellement investi dans l’organisation de ces Jeux olympiques 1 million de dollars de leur propre poche.

Lorsqu’il était au poste de gouverneur au Massachusetts en 2003-2007, Mitt Romney a fait pratiquement la même chose avec cet Etat. Il est arrivé lorsqu’il manquait 600 millions de dollars pour les besoins courants, et un déficit de 3 milliards de dollars était prévu pour l’année suivante. Mais il est parti lorsque les recettes étaient supérieures de près de 700 millions de dollars par rapport aux dépenses.

Romney y est parvenu en réduisant des dépenses, en colmatant les failles fiscales des grandes entreprises et en augmentant les impôts sur le carburant, le prix du permis de conduire, de la licence d’achat des armes et de la taxe sur l'enregistrement des mariages.

D’ailleurs, il a été le premier à introduire aux Etats-Unis l'assurance médicale obligatoire. Obama en fera son principal objectif de la réforme de la santé aux Etats-Unis seulement trois ans plus tard.

Dans l’ensemble, désormais l’administration d’Obama utilise largement l’expérience de Romney dans le Massachussetts. Mais pourquoi les Etats-Unis auraient-ils besoin d’un Obama numéro 2, mais mormon?

Aucune excuse
Ou Romney serait-il tout de même différent d’Obama?

Par exemple, il promet de changer considérablement la politique étrangère du président actuel laquelle, selon Romney, souffre d’une perte de foi dans les idéaux américains, l’exclusivité et la place prédominante dans le monde. Faire regagner aux Etats-Unis leur Grandeur, leur force, leur notoriété et leur puissance d’antan, et forcer tout le monde à respecter à nouveau les USA, tel est l’objectif de Mitt Romney.

Sous une forme plus ou moins succincte il a exposé ses opinions sur les réalités géopolitiques dans son livre No Apology: The Case for American Greatness. Il a été publié en 2010 et réédité en 2011.

La principale idée du livre est la nécessité de renforcer la puissance militaire et générale des Etats-Unis, y compris nucléaire, et de lutter plus activement contre le terrorisme.

Car pour l’instant, les Etats-Unis sont presque les seuls à lutter contre l’extrémisme islamique, ce terrible ennemi, alors que "les nations telles que la Russie et la Chine s’efforcent de neutraliser notre primauté militaire."



L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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