Les bals de Vienne monopolisés par les néonazis

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La décision de l’UNESCO d’exclure les bals de Vienne mondialement célèbres de la liste du patrimoine culturel de l’Autriche en raison de leur popularité auprès des néonazies ne paraît étrange qu’à première vue.

La décision de l’UNESCO d’exclure les bals de Vienne mondialement célèbres de la liste du patrimoine culturel de l’Autriche en raison de leur popularité auprès des néonazies ne paraît étrange qu’à première vue. En réalité, elle suit une logique simple : depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, l’Autriche (de la même manière que l’Allemagne) s’efforce de se débarrasser de sa réputation d’Etat marqué par l'idéologie nazie autrefois imposée par Hitler.

L’exclusion des bals légendaires, dont l'histoire est vieille de 250 ans, de la liste de l’UNESCO est motivée par le fait que le bal annuel des étudiants attirait, selon certaines informations, un grand nombre de représentants des organisations d’extrême-droite.

Les sentiments nationalistes sont une question très sensible pour l’Autriche, qui était une province du Troisième Reich entre 1938 et 1945. C’est la raison pour laquelle les autorités du pays luttent activement contre la diffusion de l'idéologie nazie, y compris au sein de la sphère culturelle.

Le lien étroit entre la culture et la politique est naturel et inévitable, et à toutes les époques les politiciens cherchent dans une certaine mesure à influencer la culture. C’est seulement une question de priorités. Si les autorités autrichiennes veulent éviter la propagande des idées nazies, en Russie, au contraire, certains flirtent avec elles.

Une carte de visite souillée

Les bals de Vienne, devenus la carte de visite de l’Autriche, attirent depuis de nombreuses années non seulement l’attention des touristes, des journalistes et des personnalités culturelles, mais également des activistes antifascistes. Chaque année, le bal des étudiants s'accompagne de manifestations antifascistes.

Sous la pression publique, la commission autrichienne de l’UNESCO a déclaré qu’en reconnaissant les bals de Vienne comme partie du patrimoine culturel du pays, elle avait omis le fait que des activités organisées par les corporations d’étudiants d’extrême-droite en faisaient partie.

Selon le règlement de l’UNESCO, toute organisation peut organiser un bal, pourvu qu’un protocole banal soit respecté. Cependant, en dépit du respect formel des règles d’organisation des bals, la présidente de la commission autrichienne de l’UNESCO Eva Nowotny a déclaré que les bals de Vienne devaient correspondre aux valeurs et aux principes fondamentaux de l’organisation, "dont les principaux sont la tolérance et le respect des cultures étrangères".

Cela concerne tous les bals de Vienne, cependant la commission a laissé entendre que l’exclusion du programme du bal des étudiants, "qui fait tache", pourrait permettre aux bals de faire à nouveau partie de la liste de l’UNESCO.

A leur tour, les organisateurs du bal des étudiants nient tout lien avec les mouvements d’extrême-droite, et ces derniers condamnent la décision de la commission de l’UNESCO.
Les critiques du bal des étudiants cherchent à "humilier et à diffamer tous ceux qui ne partagent pas leur opinion idéologiquement fausse" , selon Associated Press qui cite les propos de Martin Graf du parti FPÖ (parti de la liberté) d’extrême-droite.

Selon le chef de ce parti Heinz-Christian Strache, la commission a pris sa décision sous la pression de l’extrême-gauche.

Faire le ménage culturel

La décision de la commission autrichienne de l’UNESCO, motivée par l’opinion publique, montre que l’Autriche, qui se considérait auparavant comme la première victime de l’Allemagne nazie, s’est progressivement résignée à l’idée qu’elle était un allié volontaire d’Hitler, font remarquer les observateurs.

Suite à la décision de la commission, certains parlent du danger de rupture brutale entre la culture et la politique, ce qui pourrait conduire à une stagnation culturelle et à la persécution des artistes pour leurs convictions politiques.

Dans le cas présent, il ne s’agit pas de rupture entre la culture et la politique, affirme l’historien et animateur Nikolaï Svanidze. "L’enchevêtrement de la culture et de la politique est très fort, et bien sûr elles s’influencent mutuellement. Il est impossible de les séparer et personne n’a besoin de le faire. Mais en l’occurrence la tâche consiste à débarrasser la culture des phénomènes extérieurs abjects. L’UNESCO cherche à ne pas salir les événements culturels remarquables par des notions aussi horribles (surtout en Autriche et en Allemagne) que le nazisme", a-t-il déclaré à RIA Novosti.

La frontière entre l’ironie et le sérieux


Selon l’historien, les pays "les plus responsables" sont préoccupés par le nettoyage des idées nationalistes. "Dans certains pays cette initiative est saluée, au contraire, dans d’autres ce n’est pas le cas officiellement, mais on flirte d’une certaine manière avec ces tendances", a-t-il ajouté.
Parmi les pays qui flirtent avec les idées nationalistes, Nikolaï Svanidze a cité la Russie.
"Ces idées sont exprimées dans la presse, et je pense que dans la culture elles le sont aussi",
 a-t-il résumé.

Apparemment, en Russie on n’a pas l’habitude de détecter et de freiner les sentiments nazis. Tout récemment, dans une école de Saint-Pétersbourg, une équipe d'élèves portant un nom à connotation nazie a remporté le concours de la tolérance. Les journalistes ont découvert que les enseignants ignoraient que les chiffres 14/88, utilisés pour baptiser l'équipe, étaient un signe d’identification des néonazis. Le chiffre 14 représente le nombre de mots dans le slogan des néonazis américains, et le chiffre 88 représente les deux premières lettres du salut nazi "Heil Hitler".

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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