Les républicains empêchent Obama de relever le plafond de la dette publique

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Le gouverneur du Texas Rick Perry a été éliminé à la veille des primaires républicaines en Caroline du Sud (qui ont eu lieu le 21 janvier) cruciales pour la course présidentielle.

Le gouverneur du Texas Rick Perry a été éliminé à la veille des primaires républicaines en Caroline du Sud (qui ont eu lieu le 21 janvier) cruciales pour la course présidentielle. Ainsi il ne restait plus que 4 candidats potentiels sur la liste républicaine: l’ancien gouverneur du Massachussetts Mitt Romney, l’ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich, l’ex-sénateur Rick Santorum et le congressiste Ron Paul. Le modéré Romney et le conservateur Gingrich étaient en tête de course.

La veille, la Chambre des représentants du Congrès américain a une nouvelle fois rappelé aux Etats-Unis qu’ils étaient endettés, et qu’il fallait régler ce problème. La majorité républicaine a voté le 18 janvier (le 19 janvier en Europe) contre la demande du président Barack Obama d’augmenter le plafond de la dette publique de 1.200 milliards de dollars.

Aucune comptabilité, une simple vacherie préélectorale

Cette action n’a aucun sens financier ou comptable.

Premièrement, après les affrontements budgétaires entre la Maison blanche, les républicains et les démocrates, en août dernier ils étaient parvenus à un accord sur le relèvement du plafond.

Deuxièmement, le Sénat, où les démocrates sont majoritaires, lèvera la semaine prochaine sans aucun problème le blocus républicain en votant pour la proposition d’Obama, et l’administration obtiendra le droit d’augmenter le plafond de la dette jusqu’à 16.400 milliards de dollars. Dans le cas contraire, le président pourrait utiliser son droit de veto contre la décision des deux chambres.

C’est une simple vacherie  politique: rappeler au pays qui se remet des fêtes qu’il doit payer ses dettes mais n’a pas d’argent.

Au moment de la publication de cette revue, la dette publique américaine s’élevait à 15.256 milliards de dollars. Et le PIB est aujourd’hui estimé à 15.128 milliards de dollars. Ceux qui s’intéressent à l’arithmétique cauchemardesque de la dette américaine peuvent se rendre sur le site http://www.usdebtclock.org/.

L’année se terminera comme elle a commencé

Généralement, rien ne se déroule comme d’habitude pendant l’année de la présidentielle aux Etats-Unis. Pendant la campagne présidentielle on assiste à des événements et des démarches extraordinaires, inexplicables et stupides. Seul un microscope pourrait permettre d’y trouver une explication rationnelle, et même dans ce cas le niveau de rationalité dépendra de celui qui regarde dans l’oculaire.

L’administration a besoin de relever le plafond de la dette publique non seulement afin de permettre aux départements fédéraux de survivre jusqu’à la fin de l’exercice financier (jusqu’en septembre), mais également pour payer à temps les échéances.

Evidemment, les républicains veulent que durant cette année électorale l’administration soit sur les nerfs et commette des erreurs qui lui coûteraient sa place à la Maison blanche.

Tout semble clair. Et les républicains n’ont pas caché qu’il ne s’attendaient à aucun résultat particulier de cette action, mais elle est tout à fait opportune pour rappeler à l’électeur qu’il est temps d’en finir avec les dettes, que l’administration actuelle ne l’a pas fait et ne le fera pas, et qu’il faut la remplacer.

Toutefois, ce genre de rappels a également l'effet inverse, car après tout beaucoup d’administrations ont contribué à la hausse de la dette, et les républicains ne sont certainement pas les derniers.

En effet, pendant la présidence d’Obama, la dette fédérale a augmenté de pratiquement 50%, en passant de 10.600 milliards à 15.200 milliards de dollars à l’heure actuelle. Mais elle s’est accrue en raison de l’héritage de George W. Bush : les dépenses pour les guerres en Irak et en Afghanistan, la réduction des impôts (et par conséquent des revenus) à l’époque de l’administration de Bush et la nécessité d’allouer près de 900 milliards de dollars pour stimuler (sauver) l’économie après la crise financière de 2008.

Obama est prêt à enclencher toutes les vitesses

L’économie, les dettes et les impôts ont toujours été des thèmes sensibles. Et pendant l’année électorale, qui plus est dans le contexte postcrise, ils sont d’autant plus brûlants. Pour l’instant, les Américains n’ont pas obtenu de réponse claire concernant l’avenir de l’économie cette année, ainsi qu'à ce que le président Obama et le candidat Obama voudraient faire pour sortir de la période de crise.

Cette semaine Obama entame sa campagne électorale, qui commencera le 24 janvier par le message présidentiel traditionnel portant sur la situation dans le pays. Beaucoup de choses dépendront de ce qui sera dit pendant la réunion des deux chambres du Congrès. Le message du président sera précisément son programme électoral.

Pour l’instant, selon divers sondages, près de 35-40% d’électeurs n’ont pas encore décidé pour qui (ou plutôt pour quoi) voter – pour les républicains ou les démocrates. Aux Etats-Unis on appelle cette partie de l’électorat "indépendant". C’est ce bloc qui décidera si le séjour de Barack Obama à la Maison blanche doit être prolongé ou non.

Bien sûr, il faut interpréter prudemment les sondages réalisés à neuf mois et demi de la présidentielle de novembre. Tant que les républicains n’ont pas trouvé leur candidat pour la bataille décisive contre Obama, il peut être seulement question du pour ou du contre Obama.

Les estimations pourraient changer considérablement lorsque le candidat républicain sera déterminé en août pendant le congrès du parti. Et elles changeront certainement. C’est précisément le cas lorsque la personnalité de l’un détermine l’attitude envers l’autre.

Pour l’instant, les affaires d’Obama ne vont pas trop mal, mais si elles ne sont pas trop bonnes non plus. Selon l’un des derniers sondages de The New York Times/ CBS News poll, 44% des Américains estiment que la politique économique (principal problème de cette présidentielle) d’Obama est correcte, et 40% font plutôt confiance aux républicains.

Lorsque le segment des interrogés est réduit au groupes des "hésitants", ceux qui balancent toujours entre les démocrates et les républicains, et qui prennent leur décision pratiquement le jour de la présidentielle, les perspectives sont plus sombres. Ici, seulement 31% estiment qu’Obama est un "génie de l’économie" , et les deux tiers restants sont sceptiques quant à sa politique économique.

Il convient de rappeler que le président actuel a obtenu en 2008 52% des voix des "indépendants". Alors que son principal rival, le candidat républicain John McCain n’en a obtenu que 44%.

A première vue, Obama est loin d’avoir le soutien des "indépendants". Mais tout n’est pas aussi grave. Selon le même sondage, 28% des Américains pensent que la situation économique se redresse. En février 2011, seulement près de 20% étaient de cet avis.

Le principal rival républicain d’Obama, Mitt Romney, ancien gouverneur du Massachussetts, mormon et millionnaire, est pratiquement épaule contre épaule avec le président dans les sondages.

Si ses camarades de parti ne le freinent pas, ses chances de remporter la victoire augmenteront après chaque tour des primaires. Mais, heureusement pour Obama, les concurrents républicains de Romney lui mettent des bâtons dans les roues aux moments les plus opportuns.

Lors des débats électoraux récents à Myrtle Beach (Caroline du Sud), les républicains ont critiqué le travail de Romney au poste du directeur de la société d’investissement Bain Capital. Romney est également critiqué pour ne pas avoir publié sa déclaration de revenus.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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