Retournements de situation dans la campagne républicaine aux USA

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Comme il fallait s'y attendre, les républicains connaissent des retournements de situation.

Comme il fallait s'y attendre, les républicains connaissent des retournements de situation. Le républicain modéré Mitt Romney, candidat à la nomination républicaine pour la présidentielle en août 2012, considéré comme leader dans la course républicaine, a subi une défaite écrasante aux primaires en Caroline du Sud face au conservateur belliqueux Newt Gingrich. Ce dernier l’a dépassé de pratiquement 13%, ce qui est beaucoup.

La procrastination républicaine

Mais ce n’est pas tout.

Dans l’Iowa, où début janvier a débuté la course républicaine, les voix ont été recomptées, et il s’est avéré que le vainqueur n’était pas Romney, mais l’ancien sénateur Rick Santorum. La différence n’est que de 34 voix, mais un fait reste un fait.

Au final, l'ancien gouverneur du Massachussetts, selon le chronomètre républicain, n’est plus le premier, mais le second. Et le premier est finalement Newt Gingrich, ancien président de la Chambre des représentants, l’espoir de l’aile conservatrice, à savoir du parti d’extrême-droite Tea Party.

C’est précisément le principal problème des républicains: la primaire en Caroline du Sud devait désigner le leader et beaucoup, y compris les journaux, estimaient que Romney remporterait la victoire dans cet Etat également. Mais elle n’a rien réglé, bien au contraire, elle a compliqué les choses.

En psychologie, la situation qui correspond à l’évolution de cette campagne républicaine est généralement appelée procrastination. C’est une tendance à remettre systématiquement au lendemain une action qu’on n’a pas accomplie le jour même. Lorsque l’incertitude est forte et que le stress croît à mesure que la confiance diminue.

Le parti républicain, ou comme on l’appelle encore aux Etats-Unis Grand Old Party (grand vieux parti), est à la recherche d’un prétendant pour évincer Barack Obama de la Maison blanche, et le temps manque pour s’attaquer directement au président sortant. Pour le plus grand plaisir de Barack Obama et des organisateurs de sa campagne électorale.

D’ailleurs, le président entamera la campagne le 24 janvier par son discours annuel traditionnel sur la situation dans le pays (le discours sur l'état de l'Union) lors de la réunion des deux chambres du Congrès. La Maison blanche a déjà laissé entendre que ce message évoquerait un ensemble de nouvelles propositions concernant la stabilisation et le développement économique.

En d’autres termes, Barack Obama présentera aux Etats-Unis son manifeste électoral. Puis, il se rendra dans quelques Etats pour des affaires présidentielles urgentes: en effet, pourquoi ne pas utiliser la ressource administrative de la Maison blanche?

Les triomphes éphémères

Il convient de noter que l’échec en Caroline du Sud n’est pas une catastrophe pour Mitt Romney. Et ce n’est pas une victoire écrasante de Newt Gingrich. Les renversements de ce genre se produisent souvent dans chaque campagne présidentielle, et encore plus fréquemment pendant les primaires.

La Caroline du Sud est un Etat extrêmement conservateur. On y vote sous le coup de l'émotion, qui anime les activistes républicains au sud, de surcroît dans la région de la Bible Belt, la ceinture de la Bible. C’est donc un triomphe éphémère de Gingrich lors d'une assemblée de partisans loyaux.

Comme l’a écrit le New York Times dans un article de fond, "Newt Gingrich a entraîné la campagne dans un caniveau et y a trouvé un soutien considérable." Ce n’est pas très correct de dire cela à propos des habitants du sud, mais c’est imagé et très clair. Et, ne le cachons pas, c’est la vérité dans l’ensemble.

Cela provoque peu à peu la migraine au sein de la direction du parti républicain, car même elle a peur de l’extrémisme de Newt Gingrich. Mais une autre chose est encore plus préoccupante. Il sera certainement impossible de terminer rapidement la sélection des candidats.

Par conséquent, un marathon inutile et éprouvant attend le parti, avec des coups de coude et des querelles entre les membres du parti. Cette semaine, tout cela se poursuivra pendant les débats télévisés en Floride, où la prochaine primaire républicaine se déroulera le 31 janvier.

Bien que la Floride soit également au sud du pays, il ne faut certainement pas s’attendre aux mêmes résultats qu’en Caroline du Sud, avec un avantage pour l’extrême-droite.

L’Etat ensoleillé est un champ électoral complètement différent sur la carte des Etats-Unis. C’est une sorte de territoire des "transplants" du nord. D’un point de vue politique on peut difficilement qualifier la Floride d'Etat "du sud", car ces dernières décennies un très grand nombre d'habitants de la Côte est et du nord du pays sont venus vivre sous le soleil de cette région.

De plus, un habitant sur dix en Floride est un Latino ou un Hispanique. Or les Américains hispanophones ne soutiennent pas les radicaux qui souhaiteraient durcir les règles d’immigration et de naturalisation aux Etats-Unis.

Ainsi, la Floride devrait permettre à Mitt Romney de revenir en tête. Bien que cette fois une sérieuse confrontation l’attende avec Gingrich. La question est de savoir combien de temps cette lutte et cette procrastination dureront, et quel préjudice cela infligera aux républicains.

Selon certaines rumeurs, avant la Floride les rangs des prétendants pourraient se réduire à trois candidats. Rick Santorum pourrait sortir de la course en raison du manque de fonds pour poursuivre la campagne. Le congressiste Ron Paul tient encore, mais il pourrait s'arrêter à mi-chemin, pour la même raison que Santorum – le manque d’argent.

Après sa victoire, les donations faites au profit des fonds de campagne de Gingrich pourraient augmenter. Mais cela sera certainement insuffisant pour rivaliser avec les moyens financiers de Romney. Toutefois, il existe une autre option – l’entrée en milieu de course d’un candidat "inattendu."

Certains journaux parlent de l’ancien gouverneur de Floride Jeb Bush (frère du précédent président américain). C’est possible, mais peu probable pour l’instant.

Tout pour le bonheur des démocrates et d’Obama

Evidemment, le camp démocrate se complaît à observer les combats sanglants que se livrent les membres du parti républicains. Et cette semaine le sang coulera à flot.

Mitt Romney s’est engagé à rendre publiques ses déclarations de revenus de 2010 et 2011 le 24 janvier. Sur l’instigation de Newt Gingrich, d’ailleurs.

Actuellement, Romney est une sorte de retraité sans emploi. Il a quitté quelques années auparavant le poste de président de la société d’investissement Bain Capital, qu’il avait lui-même fondée, et toutes ses actions sont en fiducie.

Grâce aux changements apportés récemment (mais avant Obama) à la législation fiscale, il ne paye d'impôts que sur les plus-values, qui dans sa catégorie représentent 15%. Or, l’imposition moyenne des revenus moyens (par exemple, les enseignants) aux Etats-Unis atteint 25-30%.

Mitt Romney est le candidat le plus riche de la campagne. Sa fortune est estimée à 200-250 millions de dollars. D’ailleurs, Gingrich est également loin d’être pauvre. En 2010, son impôt sur les revenus s’est élevé à 994.700 dollars. Ce qui représente un revenu annuel à hauteur de 3,1 millions de dollars. Malheureusement, Newt Gingrich doit sacrifier 31% de ses revenus, c’est-à-dire deux fois plus par rapport à Mitt Romney.

Il faut dire que Romney n’enfreint aucune loin. Mais allez l’expliquer aux électeurs américains en période de crise financière, de réduction des salaires, des dépenses publiques et, par conséquent, d’argent dans le portefeuille.

Romney a déjà déclaré que comme tout mormon (il n’est pas un simple mormon, mais un haut membre de l’Eglise de Jésus-Christ des saints des jours derniers) il donnait 10% de ses revenus pour les besoins de la communauté. C’est certainement vrai. Avec la participation de son épouse il finance régulièrement divers fonds caritatifs. Toutefois, nul ne possède d'informations précises concernant la valeur en dollars de ces 10%.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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