Les légendes du siège de Leningrad

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En dépit de la famine, du froid et de la privation, les habitants de Leningrad assiégé ont combattu et lutté en s’accrochant désespérément à la vie et comptaient sur un miracle.

Aujourd’hui la Russie célèbre l’anniversaire de la levée du siège de Leningrad pendant la Grande guerre patriotique. Le siège a duré presque 900 jours. En dépit de la famine, du froid et de la privation, les habitants de Leningrad assiégé ont combattu et lutté en s’accrochant désespérément à la vie et comptaient sur un miracle. Et les miracles se sont effectivement produits. Pendant la guerre, beaucoup de rumeurs circulaient dans la ville sur les signes alarmants et les signes d'espoir.

Dans les tranchées tout le monde croit au ciel

Les nouvelles du front n’étaient pas les seuls avertissements des malheurs à venir des habitants de Leningrad, raconte Naoum Sindalovski qui étudie le folklore de Saint-Pétersbourg.

Les personnes âgées affirmaient qu’elles avaient aperçu un vieillard lumineux avec des ailes au cimetière de la laure Saint Alexandre Nevski. Il aurait prédit plusieurs semaines de famine. Elles auraient également vu une croix lumineuse dans le ciel, que beaucoup interprétaient comme un mauvais présage.

Et effectivement, les bombardements aériens réguliers de la ville ont commencé par la suite. Mais beaucoup de citadins ne s’étaient pas habitués à descendre dans les abris pendant les raids aériens, et comptaient sur leurs "maisons-forteresses".

"Nous avons vécu entre la gare de Moscou et l'institut Smolny (résidence de l'administration de Saint-Pétersbourg), alors vous comprenez bien qu’à cet endroit il y a avait des alertes permanentes, des bombardements et des sifflements d’obus. J’ai toujours peur de ce bruit, et ma peur s’est transmise à ma fille à sa naissance. Dès le déclenchement de l’alerte, on s’asseyait dans la plus sombre des chambres, dont les fenêtres donnaient sur un immeuble situé juste en face. On se roulait en boule dans un coin et on attendait. Ma grand-mère m’a appris deux prières à l’insu de ma mère. Notre père qui est aux cieux et le psaume 90. Et pendant les bombardements je regardais vers le haut et priait en silence. Les bombes et les obus ne nous ont jamais touchées. C’est certainement un miracle", se souvient Irina Skripatcheva, qui était une enfant pendant le siège.

Etonnamment, les principales cathédrales de Leningrad ont survécu aux importants tirs d’artillerie. Par exemple, un obus de 160 kg, qui n’a pas explosé et s’est coincé dans la coupole de la cathédrale Saint Sauveur sur le sang, a été découvert et enlevé seulement en 1961. La cathédrale Saint Isaac, l’un des symboles de la capitale culturelle russe, a également survécu pendant le siège. Une légende explique pourquoi cette cathédrale n’a pas été touchée par l’artillerie allemande.

Selon la légende de la ville, avant l’occupation des banlieues de Leningrad, le gouvernement a commencé à évacuer les objets de valeur des palais plus éloignés de la ligne du front, mais il a été impossible de tout transporter. Les fonctionnaires du conseil municipal ne savaient plus quoi faire.

Selon la légende, les trésors de musée ont été sauvés par un ancien officier d’artillerie.

Ce militaire a proposé d’entreposer les sculptures, les livres et d’autres objets d'une valeur inestimable dans les sous-sols de la cathédrale Saint Isaac. Il a ajouté que les Allemands se serviraient certainement de la coupole de la cathédrale qui surplombe la ville pour orienter leurs tirs et l’épargneraient. Les trésors des archives ont été transportés dans les sous-sols de la cathédrale, et l’invincible Isaac les a protégés jusqu’à la fin du siège.

Les généraux de bronze

Irina Skripatcheva doit un autre sauvetage miraculeux à son amie d’enfance Valentina, avec qui elle a partagé du pain pendant le siège. Les amies devaient passer la nuit à l’école où des lits chauds étaient installés pour les enfants, et Valentina a proposé de s’enfuir.

"Nous avons fugué avant de nous coucher. Durant la nuit, un obus a touché l’école et notre enseignante a été tuée. Tout le monde a probablement une dizaine d’histoires de ce genre à raconter. La mort nous effleurait constamment ", se souvient Irina.

Au total, l’artillerie allemande a lancé près de 150.000 obus sur Leningrad. Rien qu’en septembre 1941, la ville a subi plus de 2.000 raids aériens. Les habitants de la ville étaient jour et nuit sur les toits pour éteindre les bombes incendiaires et les incendies. Selon une croyance, les Allemands ne prendraient pas la ville tant que les statues des généraux Souvorov, Koutouzov et Barclay de Tolly seraient épargnées.

Les statues des généraux sont restées intactes mêmes pendants les bombardements les plus intensifs. Mais ce n’est pas parce qu’ils ont été mis à l’abri des bombes. Il était effectivement prévu de cacher les monuments dans les sous-sols. Mais le siège épuisait les dernières forces, et rapidement il n’est plus resté aucun habitant capable de transporter les statues de bronze jusqu’aux sous-sols.

Un signe de victoire

En mars 1942, un convoi de partisans avec de la nourriture est arrivé dans la ville affamée de Leningrad. Les paysans de la région de Leningrad ont rassemblé une grande quantité de pain et de céréales. L’ensemble a été chargé dans 200 camions et envoyé dans la ville.

"C’était le plus grand miracle de l’époque, sourit Irina Skripatcheva. Des "Hercules" avec des toques ornées d’un ruban rouge sont venus chez nous… Alors que nous étions maigres et portions des demi-pelisses, et à côté d’eux on paraissait très petites… C’est ainsi qu’on a survécu en se soutenant et en se sauvant mutuellement. On partageait chaque miette. Et nos mères ont survécu parce que nous étions à leurs côtés. Et nous savions aussi que Leningrad ne tomberait jamais. On y croyait fermement".

Les habitants de Leningrad cherchaient désespérément les signes d’une victoire imminente.

Ils faisaient circuler l’histoire de la statue de Papou tenant un arc bandé prêt à tirer une flèche dans la Kuntskamera, Chambre des curiosités (aujourd’hui Musée d'ethnographie et d'anthropologie de l'Académie des sciences de Russie). On dit qu'en hiver une bombe a explosé près du musée. Les murs ont tremblé en raison de la force de l'explosion et la flèche est partie et a percuté le mur.

"Même le Papou a déclaré la guerre à Hitler. La victoire est inéluctable!", disait le personnel de la Kuntskamera.

La foi dans le miracle aidait à survivre, rapprochait la victoire, c'était une nourriture qui remplaçait le pain lorsqu’il n’y en avait plus.

"La principale condition pour survivre est la gentillesse. Et ce n’est pas l’emphase actuelle. Vous comprenez bien quel âge nous avons aujourd’hui et quel jugement nous attend", déclare Irina Skripatcheva.

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