Mission accomplie pour les casques bleus russes au Soudan du Sud

© Photo Oleg Haritonov, Groupe de l'air russeMission accomplie pour les casques bleus russes au Soudan du Sud
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Le contingent russe des forces de maintien de la paix doit quitter le Soudan du Sud fin mars. Depuis le début février, un jour sur deux des avions de transport Il-76 ramènent le matériel et le personnel russes de Djouba en Russie. Le camp des casques bleus, mis en place par les 10 rotations de la mission militaire, est pratiquement désert.

Le contingent russe des forces de maintien de la paix doit quitter le Soudan du Sud fin mars. Depuis le début février, un jour sur deux des avions de transport Il-76 ramènent le matériel et le personnel russes de Djouba en Russie. Le camp des casques bleus, mis en place par les 10 rotations de la mission militaire, est pratiquement désert.

Le samedi 10 mars, le personnel du Groupe aérien russe (GAR) déployé dans le cadre de la mission de l’Onu au Soudan du Sud, ainsi que les hélicoptères rattachés au GAR, ont quitté le pays. Fin janvier 2012, le président russe Dmitri Medvedev a signé le décret sur le retrait du GAR du Soudan du Sud suite à la formation d’un Etat indépendant sur son territoire et la fin du mandat de la mission de l’Onu au Soudan.

Une vie paisible grâce aux casques bleus

"Nous quittons Djouba avec le sentiment du devoir accompli", déclare l’un des casques bleus, le commandant Oleg Kren, qui commande le groupe de maintenance des hélicoptères et des moteurs.

Avec l’apparition en 2005 d’une mission de l’Onu au Soudan du Sud, dans le cadre de laquelle travaillaient les forces de maintien de la paix russes, la vie dans la zone de déploiement de la mission et dans la capitale du Soudan du Sud, Djouba, a commencé à changer rapidement.

Les militaires russes qui ont servi ici pendant les premières rotations et sont revenus pour la dernière fois constatent avec surprise à quel point la "civilisation" a progressé à Djouba par rapport à ce qu’il en était au début de leur mission.

"Les tirs ont cessé, des maisons et des routes ont été construites, il y a de l’électricité. Tout cela n’existait pas en 2006, lorsqu’on venait d’arriver", déclare l’officier Mikhaïl Anichtchenko.

Les soldats russes estiment qu’ils ont contribué à l’amélioration de la vie au Soudan du Sud. Viktor Deliaev, chef du Groupe aérien russe, fait remarquer que durant les six années de mission dans ce pays, le commandement de la mission de l’Onu ne leur a fait aucun reproche, et au contraire a très souvent félicité les pilotes russes.

Il est vraiment difficile de surestimer l’aide apportée par les casques bleus russes dans le cadre de la mission de l’Onu au Soudan. Pendant cette période, le GAR à Djouba a accompli plus de 11.800 vols, effectué plus 11.800 heures de vol et transporté plus de 92.000 passagers et près de 1,5 million de tonnes de chargements.

Comment tout a commencé

Le territoire désert où est déployé aujourd’hui le camp était infesté de serpents. Aujourd’hui, c’est un village sympathique avec des allées où poussent les ananas, les bananes et les hibiscus plantés par les casques bleus. A côté des algecos se trouvaient des gloriettes où les militaires se reposaient, lisaient et jouaient au backgammon. Même les équipements pour faire du sport ont été fabriqués avec les moyens du bord.

"Bien sûr, c’est dommage d’abandonner des choses pour lesquelles autant de temps, de forces et d’énergie ont été dépensés", déclare le commandant Oleg Kossovanov, qui a participé à la création du camp des casques bleus russes à Djouba.

Il se souvient de la première rotation, lorsque les militaires vivaient sous des tentes, sans climatisation, au milieu d’un champ de serpents. Il y avait beaucoup d’animaux et d’insectes là où se trouve aujourd’hui le camp russe – les casques bleus avaient même commencé à collectionner des papillons bizarres et ont apprivoisé un varan.

Selon Oleg Kossovanov, dès les premiers jours au Soudan du Sud les membres du GAR vivaient en cohésion et voyaient la mission comme une possibilité d’apprendre de nouvelles choses et de passer une sorte d’épreuve. "On a aménagé la ville tous ensemble, indépendamment des grades. On a aménagé des chemins en béton, on a cultivé des plantes, on a aidé les habitants locaux à monter des cabanes", se souvient-il.

Les militaires russes ont même installé un sauna, qui était au départ considéré comme un luxe inutile en raison du climat tropical du Soudan du Sud, mais en réalité c’était un moyen merveilleux de changer d’air, et tous les jeudis les casques bleus allaient au sauna. Aujourd’hui, le commandant Kren, qui a construit le sauna de ses propres mains, lorsqu’il est venu pour l’une de ses premières rotations, regarde avec tristesse le containeur avec le tas de planches qui restent du sauna. "Lorsqu’on a démonté le sauna, j’ai failli pleurer. Tellement de souvenirs ont soudainement fait surface", reconnaît-il.

Les singes Chico et Coco vivaient avec les militaires dans le camp : ils étaient encore petits, lorsque les militaires les ont accueillis au début de leur mission au Soudan. Aujourd’hui, la grande cage est déserte : lorsque le retrait du GAR du Soudan du Sud a été annoncé, il a fallu relâcher les singes. Ils ont trouvé une nouvelle maison sur la rive du Nil. Les casques bleus racontent que la séparation a été difficile. Les singes habitués depuis leur plus jeune âge à communiquer avec les gens, aux soins et à la nourriture abondante n’arrivaient pas à croire qu’on les quittait pour toujours et ont suivi pendant un certain temps le camion sur lequel ils avaient été amenés.

En quittant le camp avant le départ pour l’aéroport, le commandant Kossovanov dévisse et prend en souvenir la plaque de bois avec l’inscription (Torjok), la ville dans laquelle il retourne.

Le totem avec les indicateurs de direction des villes russes et les distances depuis Djouba a été installé par les militaires pour se souvenir de leur Patrie dans la lointaine Afrique.

Une expérience qui servira

Les militaires les plus professionnels, qui ont connu les points les plus chauds et d’autres missions de maintien de la paix en Afrique, ont été sélectionnés pour cette mission.

"On n’avait pas le temps d’apprendre ou de souffler, ni même de demander un conseil à quelqu’un. On pouvait compter seulement sur soi-même, les connaissances et l’expérience qu’on avait acquises ", explique le commandant Kren.

A cette époque, la situation au Soudan du Sud était perturbée, il y avait une guerre contre le gouvernement du Nord, des obus explosaient souvent sur le territoire de la base du Groupe aérien russe. Le commandant se souvient encore qu'un obus a explosé près de lui en blessant le cuisinier à la jambe.

"Mais c’était quand même une période intéressante, on a vécu beaucoup de choses et il est dommage de quitter tout cela aujourd’hui", dit-il avec tristesse en regardant les marabouts qui se sont installés à l’endroit où se trouvait le sauna qu’il avait lui-même construit.

On ignore qui remplacera les casques bleus russes au Soudan du Sud, mais le commandement de la mission reconnaît déjà qu’il sera difficile de retrouver des professionnels de leur niveau.

"Au moins, nous avons aidé à rétablir une vie pacifique ici, on a acquis beaucoup d’expérience, et aujourd’hui nos compétences peuvent servir pour une autre mission de l’Onu" , disent les militaires russes en quittant le Soudan du Sud.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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