20ème anniversaire de l'OTSC: fiche technique et priorités actuelles

© RIA Novosti . Alexey Nikolskiy / Accéder à la base multimédiaLa rencontre des leaders de l'OTSC à Moscou
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A l'heure actuelle, l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) vise essentiellement l'élimination des conflits et des menaces terroristes dans l'espace postsoviétique – avant tout sur le territoire des anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale.

A l'heure actuelle, l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) vise essentiellement l'élimination des conflits et des menaces terroristes dans l'espace postsoviétique – avant tout sur le territoire des anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale.

L'avatar du fantôme

La première tentative de mise en place d'un régime de sécurité a été entreprise dans l'espace postsoviétique vingt ans auparavant. Le TSC (traité de sécurité collective) a été signe le 15 mai 1992 par les dirigeants de l'Arménie, du Kazakhstan, du Kirghizstan, de la Russie du Tadjikistan et de l'Ouzbékistan. Fin 1993 les présidents de l'Azerbaïdjan, de la Géorgie et de la Biélorussie ont suivi leur exemple.

A la fin des années 1990, cette communauté d'Etats très indépendants avait plus ou moins défini l'axe de son développement, et de nombreux pays au départ alliés ont finalement choisi des chemins différents. En 1999 le TSC devait être reconduit, mais l'Azerbaïdjan, l'Ouzbékistan et la Géorgie ont refusé.

A l'époque, dans l'espace de la CEI semi-délabrée on cherchait activement à recoller la chimère géopolitique appelée GOUAM (Géorgie, Ouzbékistan, Ukraine, Azerbaïdjan, Moldavie). Cette union n'avait aucun sens et cherchait seulement à mettre en évidence l'effondrement de la structure axée sur Moscou de l'espace postsoviétique déjà très fragile.

La tâche, qui 5-7 ans plus tard commence à se dessiner avec plus ou moins de succès dans la logique des révolutions de couleur, a connu un échec cuisant à l'époque. Cependant, les rangs serrés du TSC se sont réduits et il s'est avéré qu'il fallait se séparer pour mieux se réunir. Le groupe de pays qui s'est alors formé a commencé à montrer bien plus de cohésion dans l'activité commune en créant sur la base du traité un bloc actif baptisé Organisation du traité de sécurité collective (OTSC).

En 2006, l'Ouzbékistan est revenu au sein de l'organisation: apparemment, l'histoire du raid des islamistes de Juma Namangani en automne 1999 accompagnée d'émeutes à Andijan en 2005 ont poussé le président ouzbek Karimov à changer d'avis concernant l'alliance militaire prorusse.

A la fin des années 2000, sur les territoires des anciennes républiques soviétiques ont éclaté des révolutions aux noms de fleurs "roses", "tulipes", et d'autres, plutôt réussies (en Ukraine, au Kirghizstan, en Moldavie et en Géorgie), ratées (en Biélorussie et en Arménie) et franchement écrasées par la force armée (en Ouzbékistan). Quoi qu'il en soit, beaucoup de dirigeants qui s'étaient éternisés au pouvoir ont commencé à sentir chanceler leurs postes présidentiels.

L'un des moyens de stabiliser la situation des "machines politiques" qu'ils avaient montées était de créer une alliance militaire et politique étroite avec Moscou, traditionnellement préoccupé par les "oranges" qui poussent dans l'espace postsoviétique.

En 2009 il a été décidé de former la Force collective de réaction opérationnelle (KSOR) de l'OTSC, dont le mandat d'application a été considérablement élargi en 2011. En fait, l'alliance militaire factice disposait enfin de sa structure de force.

Le gendarme du continent?

Beaucoup de dirigeants des pays de l'OTSC se sont permis d'insinuer à plusieurs reprises que la KSOR et les organismes de l'OTSC en général peuvent être tout à fait utilisés comme des forces militaires et policières destinées à intervenir pour soutenir les régimes politiques des pays membres de l'OTSC, par exemple pour réprimer les manifestations de l'opposition.

"Il ne s'agit pas seulement de l'utilisation de la KSOR en cas d'ingérence [militaire] d'Etats extérieurs à l'OTSC, mais également d'intervention de tiers dans les affaires intérieures des membres de l'OTSC. Parce que personne ne nous déclarera la guerre, mais beaucoup voudraient commettre un coup d'Etat", a déclaré en août 2011 le président biélorusse Alexandre Loukachenko pendant la rencontre avec le secrétaire général de l'OTSC Nikolaï Bordiouja à Minsk.

Toutefois, l'inamovible dirigeant du pays voisin à l'ouest de la Russie va un peu trop loin et se trompe légèrement de priorités. Evidemment, Moscou fait à ses partenaires de l'OTSC des allusions floues mais lourdes de sens, mais il voit certainement l'avenir de la KSOR sous un autre angle.

La menace au centre

Dans les années 2000, les militaires russes ont plus ou moins dressé la carte des menaces potentielles pour le pays. Dans le contexte de la "détente" en Europe et de l'équilibre tendu mais encore stable en Asie-Pacifique, l'Asie centrale est reconnue comme une région où la probabilité d'implication de l'armée russe dans un conflit armée est considérée comme maximale.

Les opérations internationales contre le terrorisme qui se déroulent sur le territoire afghan depuis 2001 n'ont pas réduit ces risques. Le danger de nouvelle offensive des islamistes dans la vallée de Ferghana (en Ouzbékistan) demeure, comme en 1999 et 2000.

Etant donné la situation aux apparences monolithes mais en réalité très fragile en Ouzbékistan, ainsi que le chaos au Kirghizstan, il faut reconnaître qu'au cours des 10-15 dernières années la vulnérabilité de la zone d'influence russe en Asie centrale ne s'est pas du tout réduite. Et la stabilité du Tadjikistan dépend carrément d'un facteur extérieur: la présence russe et l'opération de l'Otan contre les islamistes en Afghanistan.

L'année dernière, lors des exercices militaires Centre-2011, l'armée russe en coopération avec les forces armées des pays d'Asie centrale ont accompli un travail très important. Les priorités ont été mises en évidence: l'armée russe sous sa nouvelle forme apprend à combattre en Asie centrale avec le soutien de ses alliés régionaux.

Evidement, la KSOR de l'OTSC a été créée comme un outil multi-usage. Cependant, avec la main sur le cœur, il faut reconnaître qu'il ne serait pas "rentable" d'utiliser les unités qui en font partie dans des opérations purement policières. La 98e division aéroportée (Ivanovo) et la 31e brigade d'assaut aéroportée (Oulianovsk) sont des formations d'élite de type "russo-soviétique", dotées d'une infanterie aéromobile lourde bien préparée, qui a fait ses preuves en tant que moyen de lutte contre des groupements clandestins.

Les troupes russes ont déjà été de facto utilisées en tant qu'élément stabilisateur silencieux dans la situation au Kirghizstan, lorsqu'en 2010 pendant une nouvelle crise du "pluralisme politique" local, sur la base aérienne russe de Kant ont été projetées deux compagnies de la 31e brigade, ce qui a refroidi significativement la situation autour.

Ainsi, pour son 20e anniversaire, l'OTSC a reçu deux nouvelles: une bonne et une mauvaise.

La bonne est qu'au sein de l'organisation restent ceux qui en ont vraiment besoin, et désormais ont peut parler en toute conscience des perspectives, des institutions de contrôle, des outils de développement et des mécanismes du travail à suivre. La mauvaise – on pourrait très prochainement avoir besoin de l'OTSC.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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