Ne pas associer le sort de la mission de l'Onu à l'ultimatum lancé à Damas (AE)

© RIA Novosti . Vladimir Fedorenko / Accéder à la base multimédiaGuennadi Gatilov
Guennadi Gatilov - Sputnik Afrique
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La Syrie demeure l'un des plus grands points chauds de la planète. Le vice-ministre des Affaires étrangères Guennadi Gatilov a accordé une interview à RIA Novosti pour évoquer la position de la Russie concernant le règlement de la crise syrienne.

La Syrie demeure l'un des plus grands points chauds de la planète. Le vice-ministre des Affaires étrangères Guennadi Gatilov a accordé une interview à RIA Novosti pour évoquer la position de la Russie concernant le règlement de la crise syrienne et les projets de résolution sur la Syrie proposés au Conseil de sécurité des Nations unies par les délégations de Russie et d'autres pays occidentaux.

Monsieur Gatilov, quelle est la position de Moscou concernant le projet de résolution proposé au Conseil de sécurité des Nations unies, fixant de facto un ultimatum aux autorités syriennes, et qui, en cas de refus, prévoit des sanctions diplomatiques et économiques contre Damas, y compris en vertu de l'article VII de la Charte des Nations unies, impliquant la possibilité d'adopter de sévères mesures économiques et même d'utiliser la force contre un pays dont la politique représente une menace à la paix et la sécurité internationale?

La Russie désapprouve le projet de résolution proposé par les pays occidentaux. Nous avons déclaré à plusieurs reprises que l'article VII de la Charte de l'Onu était inacceptable pour nous. L'adaptation de la résolution à une action militaire à terme est inadmissible à nos yeux.

On estime qu'il faut continuer à utiliser le potentiel du document de Genève, et pour cela, toutes les parties et tous les acteurs extérieurs doivent travailler aussi bien avec le gouvernement syrien qu'avec l'opposition.

En ce qui concerne la Russie, elle poursuit son chemin. Et, comme tout le monde le sait, on travaille avec Damas et avec les mouvements d'opposition. Des représentants de plusieurs groupes d'opposition se sont rendus cette semaine à Moscou, et la position de la Russie relative à la crise syrienne leur a été expliquée.

Nous pensons que les pays qui ont une influence sur l'opposition doivent se comporter de la même manière. C'est le seul moyen permettant d'ouvrir le dialogue politique.

Quelles seraient vos commentaires sur les propos faits la veille à Moscou par Abdel Basset Seyda, chef de la délégation d'opposition du Conseil national syrien (CNS), qui a appelé la Russie à renoncer au soutien du régime du président Bachar el-Assad et à adopter au Conseil de sécurité de l'Ont la résolution portant sur l'article VII de la Charte des Nations unies, qui rendrait possible une intervention militaire internationale en Syrie?

Il existe divers groupes d'opposition. Ceux qui étaient à Moscou mercredi adoptent les positions les plus catégoriques. Bien qu'on estime qu'une approche aussi catégorique rende difficile la possibilité de parvenir à un dialogue politique. Si l'on a la volonté politique d'arriver à entamer les négociations, il faut alors faire preuve d'une certaine souplesse, autrement on va droit dans le mur. La fixation faite sur la personnalité d'Assad et ses défauts ne mènent à rien parce que, comme on le sait, le gouvernement syrien, lui, a fait preuve de souplesse, y compris pendant la récente visite de l'émissaire de l'Onu Kofi Annan à Damas. Le gouvernement syrien a nommé un représentant spécial pour mener les négociations avec l'opposition. D'ailleurs, lui-même est un représentant de l'un des mouvements d'opposition en Syrie. Pour cette raison, la réticence aussi catégorique d'entrer en contact ne permet évidemment pas d'avancer sur la question. Mais il existe une autre partie de l'opposition qui voit ces problèmes de manière plus souple et qui est prête à négocier, dont le résultat serait une solution concernant l'avenir du pays. Si on adopte une telle position, on peut alors parler d'une certaine perspective du début d'un règlement politique du conflit. Et ceux qui font une fixation uniquement sur le changement du régime d'Assad ont leur propre objectif politique, qu'on désapprouve et qui ne mène en fin de compte nulle part.

Monsieur Gatilov, quelle est la réaction des partenaires de la Russie au Conseil de sécurité des Nations unies au projet de résolution russe sur le prolongement du mandat de la mission des observateurs de l'Onu en Syrie, et que pense la Russie du projet de résolution "occidental"?

La résolution russe n'implique aucune confrontation. Les deux principales dispositions impliquent le prolongement du mandat de la mission de l'Onu en Syrie et le soutien des accords de Genève et des efforts de l'émissaire Kofi Annan. Il n'y a rien de conflictuel ou d'inapproprié, ou quoi que ce soit qui sortirait du contexte de la discussion de Genève. L'Occident refuse de l'adopter pour la simple raison qu'ils veulent imposer la prise d'une résolution sur l'article VII de la Charte de l'Onu par ultimatum et l'associent à l'avenir de la mission de l'Onu. Cette approche nous paraît inappropriée, car l'association de la présence de l'Onu avec des références à l'article VII de la Charte de l'Onu signifierait l'enterrement automatique de cette mission.

Dans quelle mesure la communauté internationale a-t-elle besoin de la mission de l'Onu en Syrie?

On en a besoin car elle a été créée sur décision de l'Onu. Les observateurs travaillent sur place. On reconnait qu'ils le font dans une situation difficile. Mais cette mission donne tout de même la possibilité de recevoir des informations plus ou moins objectives sur l'évolution de la situation sur place. C'est la raison pour laquelle le retrait des représentants de l'Onu de Syrie compliquerait l'ensemble de la situation et, en fin de compte, rendrait plus difficile la transition vers un règlement politique du conflit.

Propos recueillis par Oksana Polichtchouk

 

 

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