Le lancement de la fusée porteuse coréenne KSLV-1 (Naro-1), prévu pour le 26 octobre, a été reporté au 31 octobre, selon des sources coréennes. Le report du lancement est dû à une fuite de carburant au premier étage fabriqué en Russie. Cette histoire, qui ressemble à un nouvel échec de l'industrie spatiale russe, cache en réalité un bénéfice important pour la Russie.
Il s'agissait de la troisième tentative de lancement de la fusée KSLV-1, les deux précédentes ayant échoué en raison d'incidents sur la partie coréenne de la fusée. Le premier étage russe avait fonctionné normalement jusque-là. Et cette fois, un regrettable défaut fait surface juste avant le lancement.
Le premier étage de la fusée coréenne représente une variation du "lanceur modulaire universel" créé pour la nouvelle gamme de fusées-porteuses russes Angara. Ce qui se passe en Corée du Sud doit être pris pour l'essai "numéro moins un" d'Angara qui n'a pas encore décollé. Et malgré cette défaillance mécanique, c'est un grand succès du point de vue de l'organisation des futurs lancements d'essai de la fusée-porteuse russe.
Les travaux de conception d'Angara continuent activement et la fusée devrait enfin décoller l'année prochaine, en réussissant à se défaire de la malédiction surnommée par les experts de l'industrie spatiale "constante fondamentale égale à deux ans".
Cette "constante" signifie que la phrase "il reste deux ans jusqu'au premier tir d'Angara" est répétée par les officiels depuis le début du projet Angara à la fin des années 1990. Et ce laps de temps a perduré pendant les années 2000 jusqu'au début des années 2010.
Désormais, on arrive à la fin de ce délai, et le lancement de la fusée est officiellement prévu pour le premier semestre 2013. Les essais en Corée du Sud, même s'ils se soldent par un échec, pourraient potentiellement contribuer à la mise au point rapide de la nouvelle fusée russe.
A titre d'exemple, on peut citer un sujet bien étudié par la presse russe concernant la série d'échecs du missile Boulava. Strictement parlant, un tel pourcentage de défaillances aux essais d'un nouveau missile balistique n'était pas unique en son genre dans l'histoire russe. Cependant, il aurait pu être réduit.
Beaucoup d'experts faisaient remarquer que le financement déficient de l'Institut de technologies thermiques de Moscou pour les essais de l'engin n'avait pas permis de faire une mise au point à part entière de Boulava, comme c'était le cas pendant les années prospères de l'industrie de défense soviétique – en organisant une longue série de lancements et d'essais des modules et des systèmes. A en juger par les informations publiées, certaines expériences grandeur nature ont dû être remplacées par une simulation mathématique. Tout cela s'est reflété très négativement sur l'état opérationnel du missile lorsqu'on l'a testé.
Aujourd'hui, la Russie cherche à faire avec Angara ce qu'elle n'aurait en aucun cas osé faire avec le missile nucléaire Boulava: elle élargit le programme des essais grâce aux tirs coréens, et ce, aux frais de la princesse. Le principal élément de la fusée (lanceur modulaire universel) ne passe pas seulement sur le banc d'essai en Russie, mais fait également l'objet de tirs réels, bien que ce soit sur un site coréen.
La panne du premier étage conçu par le centre spatial russe Khrounitchev, est probablement une bonne chose: la défaillance sera analysée et prise en compte. En fin de compte, cela réduira le nombre de problèmes éventuels qui surviendront inévitablement en 2013, lorsque la nouvelle fusée-porteuse russe Angara quittera, espérons-le, la plateforme de lancement pour la première fois.
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