Kim Jong Un, une nouvelle ère de réformes pour la Corée du Nord

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La Corée du Nord commémorait lundi le décès de l'ex-dirigeant du pays, Kim Jong Il. Le même jour, le pays a également fêté le premier anniversaire de l'arrivée de son fils Kim Jong Un au pouvoir.

La Corée du Nord commémorait lundi le décès de l'ex-dirigeant du pays, Kim Jong Il. Le même jour, le pays a également fêté le premier anniversaire de l'arrivée de son fils Kim Jong Un au pouvoir.

Le deuil a fusionné avec la jubilation liée aux succès du nouveau leader, dont le physique rappelle beaucoup celui de son grand-père, le premier président du pays Kim Il Sung.

Kim Jong Il est décédé le 17 décembre 2011. Son fils presque inconnu, Kim Jong Un, a immédiatement pris sa place avant même d’atteindre ses trente ans - son âge exact reste inconnu.

Les sceptiques, à l'étranger, pensaient que ce jeune homme sans expérience n'arriverait à rien mais en un an, le nouveau système gouvernemental a fait ses preuves.

Quand, après que la Corée s’est libérée du Japon en 1945, son grand-père né Kim Song Ju est apparu pour la première fois en public à Pyongyang sous le nom du leader légendaire des partisans antijaponais, Kim Il Sung, le peuple était également très étonné par le jeune âge du commandant.Mais grâce à l'ex-URSS puis à la Chine, Kim Il Sung a réussi à instaurer le culte de sa personnalité et à construire son propre système socioéconomique, basé sur l'idéologie du Juche.

Cette idéologie implique le transfert du pouvoir de père en fils, un système assez habituel pour les Coréens au vu de leur passé monarchique. Quand une affaire n’a pas été conclue par une génération, elle doit l’être par les descendants.

Kim Il Sung est resté dans la mémoire des Nord-coréens comme le président "éternel", Kim Jong Il en tant que président du Comité de la défense nationale et Kim Jong Un comme "premier" président, puisqu’il est le dirigeant suprême du gouvernement. Mais selon la lignée du parti, son grand-père était secrétaire général du Comité central du Parti du travail de Corée (PTC), son père secrétaire général du PTC et Kim junior est devenu premier secrétaire.

Le système social nord-coréen n'implique aucun changement radical car l'héritage laissé par Kim Il Sung est considéré comme immuable et la forme de transmission du pouvoir est appelée à maintenir ce système en l’état. Mais certains changements sont possibles, même s’ils sont surtout des retours en arrière.

 

Pourra-t-il nourrir son peuple ?

L'effondrement de l'Union soviétique et de l'ensemble du système socialiste a privé la Corée du Nord d’une aide économique précieuse. Plus personne n'avait besoin des usines qui travaillaient au profit de l'URSS et elles ont cessé leur activité.

Après le décès de Kim Il Sung en 1994, Kim Jong Il a pris appui sur les forces armées en optant pour la suprématie militaire et la politique de Songun, pendant que chaque année on appelait le peuple à se serrer la ceinture.

Le nouveau dirigeant du pays s’est distingué immédiatement des leaders précédents et à l'occasion du 100ème anniversaire de Kim Il Sung, il a annoncé en avril aux Nord-coréens qu'ils n'auraient plus besoin de vivre dans la privation.

Que signifie gagner la sympathie du peuple ? Le nourrir suffisamment. Chose jugée impossible il y a un demi-siècle, justifiée par la résistance aux ennemis extérieurs et aux catastrophes.

La promesse de Kim Il Sung que chaque Nord-coréen puisse "manger du riz blanc et de la soupe à la viande, porter des vêtements en soie et vivre sous un toit en tuiles" n'a toujours pas été tenue. Le petit-fils du Grand guide semble avoir fait cette annonce afin de gagner la sympathie du peuple. Pour l'instant, son court séjour à la tête du pays a déjà été couronné par le lancement réussi de la fusée Unha-3, portant le satellite artificiel Kwangmyongsong-3.

En avril dernier, alors que la Corée du Nord fêtait le 100ème anniversaire de Kim Il Sung, ce lancement avait échoué. Les Nord-coréens ont réussi à rectifier le tir la semaine dernière : le satellite a été lancé sans aucune aide extérieure, ce que la Corée du Sud n'a toujours pas réussi à faire, malgré le fait qu’elle soit en avance technologiquement sur sa voisine du Nord.

Pendant la commémoration solennelle de la mort de Kim Jong Il à Pyongyang, la sortie du pays dans l'espace a été qualifiée de "victoire glorieuse". Désormais la Corée du Nord pourrait répéter, comme les Soviétiques à une époque, qu’"au moins nous savons faire des fusées" - mais le jeune leader nord-coréen ne semble pas vouloir en rester là.

 

Moins d'armée, plus de récoltes

Les observateurs sud-coréens cherchent des signes montrant que Kim Jong Un va renoncer à la politique de Songun et transmettre la gestion de l'économie au gouvernement et non à l'armée.
A titre d'exemple, le nouveau dirigeant a décidé que le polygone de cavalerie aurait désormais un usage civil sportif.

Pendant la cérémonie d'enterrement de Kim Jong Il en décembre 2011, sept civils et militaires les plus proches de son fils marchaient près de la limousine transportant le cercueil du défunt - on les considérait comme la carcasse du futur gouvernement du pays. Mais en un an, les quatre militaires de ce groupe ont démissionné.

Selon le quotidien sud-coréen Tona Ilbo, sur 195 fonctionnaires du parti, du gouvernement et de l'armée de Corée du Nord, 60 personnes ont été remplacées, dont 13 des 35 membres et candidats à une mandature au politburo du Comité central du PTC - et 4 des 12 membres du Comité de défense nationale du pays.

Contrairement à Kim Jong Il, le nouvel homme fort du pays s'est écarté du monopole du pouvoir alloué à une personne : la télévision nord-coréenne transmet aujourd'hui des reportages sur le gouvernement, montrant le chef de l'Etat en personne mais aussi d'autres membres du cabinet et du PTC. Les experts sud-coréens considèrent ce changement comme un signe de stabilité relative du gouvernement au Nord, du moins à court terme.

La "main droite" de Kim Jong Un, son oncle et chef adjoint du Comité de défense Jang Song Thaek, est aujourd’hui numéro 2 dans la hiérarchie du gouvernement nord-coréen. Il est considéré comme le mentor du jeune Kim.

En parallèle, on constate la rapide ascension d'un ancien fonctionnaire civil au sein de l'armée, Choe Ryong Hae, qui a commencé sa carrière dans les années 1980 au poste de président de l'Union des jeunes travailleurs socialistes de Corée et cette année, il a été nommé à la tête de la Direction politique principale de l'armée.

Les changements dans le secteur économique comportent notamment la réduction, depuis juillet, des chaînes dans les coopératives agricoles du pays. Une expérience qui n’est pas affichée en dehors de la Corée du Nord. Les plans de production sont devenus plus réels et les paysans ont la possibilité de garder plus de récoltes.

 

Les relations extérieures, l'éducation et les mini-jupes

Le gouvernement nord-coréen accorde énormément d'importance aux relations avec la Chine – cet été, Jang Song Thaek s’est rendu en visite à Pékin. Selon les observateurs la Chine, dotée d’un nouveau gouvernement, a l'intention de poursuivre ses relations avec la Corée du Nord pour développer les régions nord-est grâce à la mise en place de la zone de libre-échange Rason (anciennement Rajin-Sonbong).

Les autorités nord-coréennes communiquent avec les Etats-Unis, en dépit des engagements de Washington auprès de la Corée du Sud de ne jamais reconnaître officiellement son voisin du Nord – et malgré le programme nucléaire de Pyongyang.

Quant aux relations avec la Corée du Sud, gelées pendant le mandat du président actuel Lee Myung-bak, leur avenir dépend de l'issue de la présidentielle du 19 décembre. Si les démocrates arrivaient au pouvoir et décidaient de se rapprocher de Pyongyang, cela relancerait des projets économiques antérieurs entre les deux Corées, y compris l'ouverture du chemin de fer vers le Transsibérien.

En septembre dernier, la Corée du Nord a prolongé d'un an le cycle scolaire obligatoire, ce que les observateurs associent aux projets de développement économique du pays.

On constate également des changements purement visuels – Kim Jong Un apparaît plus souvent en public avec sa charmante épouse toujours sur son 31, la chanteuse Ri Sol Ju, bien que son père Kim Jong Il n'ait jamais rien fait de tel.

Lors d'un concert pour enfants à Pyongyang, on a vu apparaître des chanteuses en mini-jupe et des personnages de Disney.

Tout cela pourrait être considéré comme de simples déclarations d’intention mais elles sont notables, sachant que selon la tradition nationale le pays devait faire le deuil de Kim Jong Il pendant un an.

Aujourd'hui, il est possible que le gouvernement nord-coréen procède à des changements plus radicaux.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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