John Kerry et Chuck Hagel, nouvelle équipe d'Obama pour la sécurité nationale

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Les candidatures de John Kerry et Chuck Hagel, deux vétérans de la politique américaine soutenus par Barack Obama pour prendre les commandes de la sécurité nationale aux Etats-Unis, laissent présager une approche pragmatique des relations russo-américaines.

Les candidatures de John Kerry et Chuck Hagel, deux vétérans de la politique américaine soutenus par Barack Obama pour prendre les commandes de la sécurité nationale aux Etats-Unis, laissent présager une approche pragmatique des relations russo-américaines.

Dans ce contexte, les perspectives d’évolution de ces relations sont très faibles, estiment les experts.

Obama a suggéré que Kerry occupe le poste de secrétaire d'Etat et Hagel celui de patron du Pentagone alors que les relations avec la Russie se détériorent significativement suite à l'adoption de la "loi Magnitski" dirigée contre des hauts fonctionnaires russes accusés de violation des droits de l'homme et de sa réplique russe interdisant l'adoption d'orphelins russes par les Américains.

"Le pragmatisme prendra de l'importance et deviendra plus important que jamais des deux côtés. C'est une très bonne équipe pour en assurer un niveau nécessaire et tenter de s'abstenir d'une réaction émotionnelle aux événements", a déclaré à RIA Novosti Cliff Kupchan, expert pour la Russie d'Eurasia Group, société spécialisée dans l'estimation des risques politiques.

Kerry, sénateur démocrate du Massachussetts, et Hagel, ex-sénateur républicain du Nebraska, étaient et restent des partisans actifs de la coopération bilatérale avec Moscou sur les questions telles que la lutte contre le terrorisme, la non-prolifération des armes nucléaires ou encore le contrôle des armements et des canaux d'approvisionnement des forces américaines tout comme des troupes de la coalition en Afghanistan.

Mais beaucoup de ces questions sont des "fruits à portée de main", c'est-à-dire des tâches dont le règlement ne nécessite pas d'efforts particuliers - d'autant qu'Obama a déjà cueilli ces "fruits" pendant son premier mandat. Parmi eux l’on compte le nouvel accord sur la réduction des armes nucléaires START et les sanctions limitées contre les ambitions nucléaires de Téhéran, remarque Simon Sarajian, expert en sécurité à Harvard.

"Si l’ancien ordre du jour ne progresse pas, une amélioration significative des relations bilatérales est peu probable tant qu'Obama n'ira pas au compromis sur la défense antimissile", a déclaré Sarajian à RIA Novosti.

Les plans des Etats-Unis pour la création d'un bouclier antimissile (ABM) en Europe de l'Est ont irrité le Kremlin, qui y voit un nouvel élan dans la course aux armements. Aussi bien Kerry que Hagel suggèrent d'éviter que ces questions deviennent un obstacle dans les relations bilatérales avec Moscou dans d'autres secteurs liés à la sécurité.

Au printemps 2012, Obama avait promis à Dmitri Medvedev, président à l'époque, qu'il serait plus souple sur l'ABM pendant son second mandat: il avait demandé de transmettre ce message au président actuel Vladimir Poutine.

En quittant leur poste, Hillary Clinton, secrétaire d'Etat, et Leon Panetta, qui quitte le Pentagone, sont également réalistes dans leur caractère, font remarquer Kupchan et Sarajian. Même si Clinton a mis en colère les dirigeants russes le mois dernier en déclarant que la Russie cherchait à "resoviétiser" l'Europe de l'Est et l'Asie centrale.

"Le secrétaire à la Défense Léon Panetta et la secrétaire d'Etat Hillary Clinton ont également fait preuve d'une approche pragmatique envers la Russie et je pense que Kerry et Hagel suivront la même orientation", déclare Kupchan, ex-collaborateur du département d'Etat américain.

"Les ministres changent mais à mon avis, les nouvelles candidatures témoignent d'une continuité et non pas d’un changement dans les relations russo-américaines."

Comme Obama, Kerry a critiqué le candidat républicain Mitt Romney pour avoir qualifié la Russie d'ennemi géopolitique numéro un des Etats-Unis pendant la campagne présidentielle de 2012.

Russie dans le voyage d'un personnage fictif en Union soviétique, le boxeur Rocky Balboa, joué par la star hollywoodienne Silvestre Stallone.

"Sarah Palin dit qu'elle peut voir la Russie depuis l'Alaska", a déclaré Kerry en septembre. "Et Romney parle comme s'il ne l’avait aperçue que dans le film d'action Rocky IV."

Par ailleurs en 2009, Hagel avait suggéré aux USA d'"accepter" que les anciennes républiques soviétiques, l'Ukraine et la Géorgie, n’étaient pas prêtes à adhérer à l'Otan.

Les révolutions de couleur en Ukraine et en Géorgie sont souvent perçues en Russie comme des opérations orchestrées par l'Occident pour renverser les régimes et saper la sécurité de la Russie. Les deux pays ont donc terriblement mis en colère le Kremlin en voulant à adhérer à l'Otan.

John Brennan, choisi par Obama pour diriger la CIA, est le troisième candidat-clé dans la nouvelle équipe d'experts pour la sécurité nationale d'Obama. Bien que spécialiste du Moyen-Orient, il a commencé sa carrière à la CIA en pleine Guerre froide et a indéniablement conscience de l'importance de la Russie dans les questions les plus diverses et variées, de la non-prolifération des armes nucléaires jusqu’au retrait des troupes américaines d'Afghanistan, fait remarquer Sarajian.

D'après les informations disponibles, Brennan est également celui qui a parlé à Obama de l'arrestation, en 2010, d'un groupe supposé d’espions russes, qui ont été renvoyés en Russie lors d’un échange d'espions typique de la Guerre froide à l'aéroport de Vienne.

Etant donné qu'une progression importante dans les relations russo-américaines est peu probable pendant le second mandat d'Obama, la priorité de la nouvelle équipe consistera à empêcher la détérioration de ces rapports, estime Sarajian.

Le conflit actuel autour de la "loi Magnitski", interdisant la délivrance de visas aux hauts fonctionnaires russes soupçonnés par Washington de violation des droits de l'homme, et de l'interdiction faite aux Américains d’adopter des enfants russes n'aura probablement aucune influence directe sur les questions-clés de la sécurité bilatérale, pense Kupchan.

"Ce qui m'inquiète, c'est que ce genre de sérieux différends puisse, à terme, détruire les bases de nos relations amicales", ajoute-t-il. "Si des épisodes similaires se reproduisaient, je crains que la coopération sur les questions cruciales en termes de sécurité nationale deviendrait réellement plus difficile et problématique."

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction.

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