Venise suspend ses relations avec Saint-Pétersbourg "anti-gay"

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Venise doute de l'utilité de son partenariat avec Saint-Pétersbourg. Si la loi contre la propagande de l'homosexualité était adoptée au niveau fédéral, la situation pourrait se compliquer.

Venise doute de l'utilité de son partenariat avec Saint-Pétersbourg. Si la loi contre la propagande de l'homosexualité était adoptée au niveau fédéral, la situation pourrait se compliquer.

Le conseil municipal de Venise a suspendu lundi ses relations de partenariat avec Saint-Pétersbourg. En cause? La loi sur l'interdiction de la propagande de l'homosexualité auprès des mineurs adoptée à Saint-Pétersbourg au printemps dernier.

Camilla Seibezzi, responsable de la culture au sein du conseil municipal, a déclaré à RIA Novosti que Venise ne pouvait pas ignorer les actions des institutions publiques de Saint-Pétersbourg: "En particulier l'adoption d'une loi qui rend illicites les articles, les manifestations gays et l'évocation publique de l'homosexualité".

Les membres du conseil municipal proposent donc à la mairie de Venise de suspendre toute initiative prévue dans le cadre de l'accord de coopération signé le 18 février 2006 tant que les autorités de Saint-Pétersbourg n'abrogeront pas la loi "anti-gay". Ils promettent également d'informer officiellement les autorités de Saint-Pétersbourg des causes de cette suspension.

Venise et Saint-Pétersbourg avaient lancé beaucoup de projets communs: des carnavals annuels, des activités culturelles, un échange d'expériences pour la conservation des valeurs, des festivals de cinéma et des expositions. Des musiciens, des peintres, des restaurateurs et des hauts fonctionnaires de Saint-Pétersbourg se rendaient également à Venise dans le cadre du projet "Villes partenaires. Mission culturelle". L'Association Venise-Russie a été spécialement créée à cet effet et le Centre d'étude de la culture russe a ouvert ses portes en 2011 auprès de l'université Ca' Foscari.

Svetlana Medvedeva, à l'époque première dame de Russie, avait personnellement rencontré le maire de Venise pour signer tous les accords de partenariat. "Pendant des siècles, Venise et Saint-Pétersbourg ont entretenu des liens économiques, commerciaux et spirituels. J'espère sincèrement que nos projets communs font partie intégrante de la vie culturelle des ces deux grandes villes de Russie et d'Italie", déclarait récemment Svetlana Medvedeva.

Et voici que ces contacts séculaires risquent d'être rompus.

Décisions émotionnelles

En fait, cette idée de rompre ses relations avec une ville qui adopte des lois discriminant les individus d'orientation sexuelle non traditionnelle est née dans une autre ville au nord de l'Italie: Milan.

En novembre dernier, le conseil municipal milanais suggérait de "ne participer à aucune activité dans le cadre de l'accord de jumelage liant les deux villes depuis 1967, tant que Saint-Pétersbourg n'abrogerait pas la loi interdisant la diffusion de l'information sur les lesbiennes, les gays, les bisexuels et les transsexuels".

Toutefois, la mairie de la ville n'a pas approuvé cette décision et l'intention du conseil milanais de rompre cette amitié de longue date est restée au stade de la déclaration.

Plus tard, les autorités de Saint-Pétersbourg ont reçu une note officielle de la mairie de Milan selon laquelle aucun obstacle n’entravait leur coopération.

A la même époque, Luigi Estero, consul italien de Saint-Pétersbourg, a souligné que la décision du conseil municipal de Milan était émotive et n'avait aucune valeur juridique.

Peut-être était-elle émotionnelle. Jumeler deux villes est plutôt un geste formel de toute façon. Cela n'implique aucun engagement particulier. Mais lorsque l'une des parties renonce à cette amitié, qui plus est en citant une raison concrète, cela laisse un arrière-goût d'amertume.

La rupture des relations de partenariat ou du jumelage entre deux villes est une situation extraordinaire et extrêmement rare. Un geste d'autant plus surprenant dans le cas de Saint-Pétersbourg puisque les Italiens sont loin du politiquement correct et ont beaucoup d'intérêts commerciaux communs avec la Russie. Une réaction aussi brusque à la "loi anti-gay" de la part de l'Italie était clairement inattendue.

Par exemple quand à une semaine de la démarche milanaise en novembre, le gouverneur Poltavtchenko signait des accords de partenariat avec une autre ville italienne, Turin, il a déclaré que plus de 70 entreprises de capital italien travaillaient à Saint-Pétersbourg.

Turin a aussi annoncé son intention de rompre les relations avec son nouvel ami.

Relations de haut rang

Toutefois, les autorités de Saint-Pétersbourg affirment qu'elles n'ont reçu aucune note officielle de Venise sur la suspension des relations de partenariat.

Alexandre Prokhorenko, chef du comité municipal pour les relations extérieures, a également rappelé que dans le cas de Milan, cette décision avait valeur de recommandation.

Andreï Kibitov, porte-parole de la mairie de Saint-Pétersbourg, a précisé sur sa page Twitter que seul l'hôtel de ville pouvait prendre la décision de rompre les relations de partenariat et que cela ne relevait pas du conseil municipal de Venise.

"Chers collègues journalistes: Venise, de même que Milan, n'a pas rompu les relations de jumelage avec Saint-Pétersbourg. L'avis des membres du conseil municipal ne définit pas la position de la mairie", a-t-il écrit.

Avant cela, Venise avait proposé à Saint-Pétersbourg un jumelage et un accord était supposé être signé en février 2013.

On ignore désormais quelle suite connaitront les relations entre ces deux villes autrefois si proches. Toutefois, Saint-Pétersbourg doit avoir près d'une centaine de villes jumelles et toutes ne vont pas tourner le dos en raison d'une loi.

Mais tout cela, y compris le procès anecdotique de Madonna, affecte indéniablement de manière négative l'image de la ville qui se veut "capitale culturelle" et "fenêtre sur l'Europe".

Par ailleurs, si la Russie adoptait cette loi au niveau fédéral, la situation pourrait changer pour les Italiens. Rompre l'amitié avec une ville et annuler des activités est une chose, mais partir du fait qu'un Etat tout entier avec lequel il existe des relations amicales adopte une loi désagréable en est une autre. Après tout, les amis ont des défauts. Alors serait-ce une raison pour rompre les relations?

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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