La Russie vue par la presse francophone le 12 mai

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Paris veut sceller un accord avec Berlin et Moscou sur " l'espace commun européen "/ Le président kalmouk et les extraterrestres/ La Russie, en quête de modernisation, revoit sa doctrine étrangère

Le Monde

Paris veut sceller un accord avec Berlin et Moscou sur " l'espace commun européen "

L'Elysée a voulu faire approuver une déclaration politique à trois, avant les cérémonies du 9 mai

L'Elysée a tenté, à l'approche des cérémonies du 9 mai à Moscou commémorant la fin de la seconde guerre mondiale en Europe, d'afficher une entente entre la France, l'Allemagne et la Russie, sur la notion d'" espace commun européen " que tente de promouvoir depuis près de deux ans Nicolas Sarkozy. Cette initiative n'a pas abouti, selon des sources diplomatiques, parce que l'équipe de la chancelière Angela Merkel aurait eu des hésitations sur le contenu de la démarche et la hâte dans laquelle elle a été élaborée.

Cet effort français s'inscrit dans le contexte général d'une quête d'arrangement de sécurité sur le continent européen, qui puisse arrimer la Russie à des règles communes. Mais en se fondant sur un axe France-Allemagne-Russie, l'initiative risque de susciter des réticences de pays comme la Pologne, qui, bien que ses relations avec Moscou se soient récemment apaisées, reste méfiante à l'égard des intentions russes et soucieuse de ne pas être mise à l'écart.

La présidence française avait préparé un document de deux pages mettant notamment en exergue l'idée que l'Europe et la Russie ont des " valeurs communes " et qu'elles doivent être des partenaires privilégiés. La France cherche à se placer au coeur d'un nouveau dialogue avec Moscou sur les questions politico-militaires en Europe, brandissant comme illustration de cette confiance affichée son projet de vente d'un navire militaire Mistral à la Russie.

La présidence française cherche maintenant une nouvelle occasion pour sceller cette proclamation politique commune avec l'Allemagne et la Russie. L'Elysée explique l'échec de cette première tentative uniquement par le fait que M. Sarkozy a renoncé à son déplacement à Moscou en raison de la crise de l'euro.

On souligne dans l'entourage de M. Sarkozy qu'il ne s'agit pas de rééditer des épisodes passés, comme les sommets de 2005 ou 2006 entre Jacques Chirac, Vladimir Poutine et, successivement, les chanceliers allemands Gerhard Schroeder et Angela Merkel.

Paris est convaincu que la Russie a opéré, avec Dmitri Medvedev, un profond tournant vers plus de coopération avec ses voisins européens et qu'il faut conforter ce choix - même si les signaux envoyés par Moscou restent contradictoires, comme l'a montré la nouvelle doctrine militaire russe décrivant l'OTAN comme un danger. La France cherche à tirer profit des effets jugés positifs de la politique de " reset " (relance des relations bilatérales) entre l'administration Obama et la Russie, affaiblie par une crise économique qui l'obligerait à modérer ses ambitions extérieures.

Le Monde

Le président kalmouk et les extraterrestres

La Russie devra-t-elle construire un bouclier antimissile pour se prémunir d'éventuelles attaques extraterrestres ? Les petits hommes verts n'ont pourtant émis aucune revendication territoriale, pas plus qu'ils ne montrent quelque animosité à l'égard du pouvoir russe.

Seulement, voilà : Kirsan Ilioumjinov, le président de la république de Kalmoukie - un sujet de la Fédération de Russie, dans le sud du pays - ne fait pas mystère de ses contacts extraterrestres. Depuis plusieurs années déjà, il raconte à qui veut bien l'entendre sa rencontre inopinée, à Moscou, avec de petits hommes venus d'outre-ciel.

Reçu, fin avril, par le journaliste Vladimir Pozner, qui accueille chaque semaine un invité de marque sur la première chaîne d'Etat russe, le président Ilioumjinov a pu ainsi évoquer de tendres souvenirs avec ses petits amis qui, à défaut d'être verts, portaient " une sorte de combinaison jaune ".
" On peut ironiser, mais je l'ai vu ", assure le président kalmouk, qui est également, à la ville, président de la très officielle Fédération internationale des échecs. " J'étais assoupi devant la télé et, du balcon, quelqu'un m'a appelé. Je l'ai suivi dans une sorte de tube, où nous communiquions par la pensée. Ils ne disposent pas d'assez d'oxygène pour parler ", explique, pour qui l'ignorerait, Kirsan Ilioumjinov.

" J'ai donc voyagé dans ce navire ", poursuit l'homme d'Etat, l'une des plus grandes fortunes de Russie. " Pourquoi ne venez-vous pas vous exprimer sur la première chaîne de télévision ? ", a-t-il alors demandé à ses petits camarades jaunes, visiblement soucieux de l'Audimat de la télé russe. " Ils n'étaient pas prêts ", déplore-t-il aujourd'hui.

Les affinités extraterrestres du leader kalmouk ne sont pas du goût de tous. Un député russe s'est ainsi adressé au président Dmitri Medvedev, afin de savoir " si Kirsan Ilioumjinov avait fait un rapport en haut lieu " sur ses rencontres paranormales. " Y a-t-il un règlement qui oblige les responsables de ce pays, qui ont accès à des secrets d'Etat, à rendre compte de ce genre de contacts ? ", s'est interrogé Andreï Lebedev.

Outré par le témoignage jugé farfelu de Kirsan Ilioumjinov, le député Lebedev remet en cause les capacités intellectuelles du président kalmouk. " Nos hommes d'Etat doivent être en bonne forme, encore devrait-on vérifier leur santé mentale ", estime-t-il. Il est vrai que le président Ilioumjinov défraye régulièrement la chronique avec ses frasques. Il a, par exemple, fait bâtir, dans les faubourgs désolés d'Elista, la capitale kalmouke, une grandiose " Cité des échecs " dédiée à sa passion pour ce jeu.

Reste à savoir si le président Medvedev, qui a le dernier mot sur le choix des hommes placés à la tête des exécutifs régionaux, appréciera l'enthousiasme extraterrestre du dirigeant kalmouk. Le mandat du président de la république de Kalmoukie doit être renouvelé l'automne prochain.

L'Orient le jour

La Russie, en quête de modernisation, revoit sa doctrine étrangère

rrêter de voir les relations internationales à travers le prisme « amis-ennemis » et ne prendre en compte que les intérêts de la Russie sont les maîtres mots du projet de doctrine étrangère élaboré par le ministère russe des Affaires étrangères, dont la version russe du magazine Newsweek s'est procuré une copie. Publié intégralement sur le site Internet de l'hebdomadaire, ce document, intitulé « Programme sur l'emploi efficace et systématique des facteurs de politique étrangère en vue du développement à long terme de la Fédération de Russie », a déjà été approuvé par le président Dmitri Medvedev, souligne le périodique.

Cette stratégie s'inscrit dans la droite ligne de l'ambition de modernisation du chef de l'État, qui a l'an dernier qualifié son pays d'« arriéré et corrompu », avec une « économie primitive » et une « démocratie faible ». D'autant que la crise économique et financière mondiale a secoué le pays, très dépendant de ses exportations d'hydrocarbures : après avoir connu pendant plusieurs années des taux de croissance enviables grâce aux cours élevés des matières premières, elle a vu en 2009 son produit intérieur brut plonger de 7,9 % et subi la chute des investissements étrangers.

« La crise a montré que la Russie ne pouvait se développer toute seule - il faut s'appuyer sur quelqu'un », a commenté une source au sein de la diplomatie russe, citée par Newsweek. Dans ce contexte, la nouvelle doctrine préconise de renforcer les relations avec l'Union européenne et les États-Unis, et de suivre attentivement l'évolution du rôle de la Chine dans les affaires internationales.

«Une importance toute particulière sera accordée (...) au renforcement des liens d'interdépendance avec les principales puissances mondiales et régionales fondé sur l'interpénétration de l'économie et de la culture », souligne dans l'introduction du projet le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Avec l'UE, son voisin à l'Ouest, la doctrine propose de mettre en place un « projet pilote d'alliance pour la modernisation », qui servirait d'exemple ensuite pour renforcer les liens avec des pays tels que l'Inde ou le Brésil.

Le projet plaide aussi pour trouver des moyens permettant d'utiliser « le potentiel technologique américain » et de mettre fin « aux restrictions toujours en vigueur aux États-Unis sur les transferts de technologies en Russie », alors que les relations avec Washington connaissent une embellie depuis l'élection de Barack Obama. Toutefois, M. Lavrov met en garde contre les tentatives d'une partie de l'establishment américain de « revenir à la politique de confrontation » de l'administration précédente. Contacté par l'AFP, un porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a refusé de commenter ces informations.

« Cela signifie que la politique extérieure (de la Russie) ne se résume plus à l'obsession sur le statut du pays et sur sa place dans la hiérarchie mondiale et que son objectif est autre : attirer les ressources extérieures pour le développement du pays », relève Dmitri Trenine, directeur du centre Carnegie à Moscou, interrogé par l'AFP. « Il est devenu clair qu'il fallait faire des efforts, changer les fondements de l'économie et du système politique. Je pense que le président l'a compris - subjectivement, il est proche d'une vision des choses qui me paraît moderne et adéquate pour la Russie », ajoute-t-il.

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