J'ai lu avec un grand intérêt la relation des raisons de la visite plutôt inattendue du prince saoudien Bandar Bin Sultan. Vous en aviez brièvement fait mention dans un résumé des sujets abordés dans la presse russe en date de ce 12 août mais un grand quotidien allemand en avait déjà fait mention dans son édition du 10 août quoique de façon assez confuse. Mais on peut aisément résumer les thèmes principaux qui sont:
1) la demande expresse à la Russie de "laisser tomber" Bachar el Assad tant entendu que les Saoudiens de leur côté s'engageraient à ne pas tolérer une mainmise fondamentaliste sur le pays (venant de leur part, c'est un peu surprenant) encore que l'on puisse se demander si l'Arabie heureuse serait disposée à y envoyer un corps expéditionnaire pour matérialiser ses promesses. Cela paraît assez illusoire.
2) Il aurait également été question de l'engagement de ne pas déranger les fournitures ou l'expansion de Gazprom alors que des changements profonds s'annoncent dans le domaine des gaz liquéfiés grâce au schiste bitumineux en provenance des Etats-Unis et qui vont certainement provoquer des changements profonds dans les circuits de fournitures de gaz tout autant que de carburant. Tout cela est fort vague.
3) Reste l'appât principal puisque le prince Bandar aurait (?) propos à l'achat d'armes russes (non spécifiées à ma connaissance) d'un montant de 15 milliards de dollars moyennant l'abandon de la Syrie à une rébellion de toute façon dominée par les Salafistes mais qui ont affaire à une structure alawite disposant de ses alliances tout autant que des deux millions de chrétiens qui seraient éliminés par les Islamistes.
4) Quoi qu'il en soit et si je m'en tiens strictement à ce long article de ce journal allemand, le président Poutine a décliné l'offre (ou le marchandage) des Saoudiens et en toute sincérité, c'est tout à son honneur. D'un autre côté, il est certain qu'une Syrie islamiste ne manquerait pas de raviver des incidents au Nord du Caucase où la Russie a dû subir des attentats inédits ce jour ((Beslan, hôpital au Daghestan) sans compter ceux de Moscou et les longues guerres de guérilla facilitées par la Turquie (passage de "volontaires" étrangers ) et davantage encore par la Géorgie om la situation est plus nette pour le moment, en dépit des efforts du Secrétaire de l'Otan Fog Rasmussen pour convaincre ce pays de rejoindre le cercle des élus de l'Otan.
De cela, le prince Bandar n'a évidemment pas fait mention mais en géopolitique compliquée par les ethnies historiquement opposées et idéologiquement fanatisée.
Quoi qu'il en soit, nous estimons que cette démarche est maladroite et faussée par l'idée que l'argent a un pouvoir illimité, ce qui est le cas pour les Saoudiens et leurs soutiens que ce soit aux Talibans ou tout autre mouvement qui surtout soit théocratique et non inspiré par le sens de la démocratie.
