Le 16 janvier 1926, il y a 85 ans, le public a assisté à la première projection du film Le cuirassé Potemkine, réalisé par Sergueï Eisenstein. On dit de ce film mythique qu’il a conféré au cinéma le statut d’art. Ce fut le premier film à être tourné sans décors et sans acteurs célèbres: les personnages et les événements sont tous authentiques.
Le 16 janvier 1926, il y a 85 ans, le public a assisté à la première projection du film Le cuirassé Potemkine, réalisé par Sergueï Eisenstein. On dit de ce film mythique qu’il a conféré au cinéma le statut d’art. Ce fut le premier film à être tourné sans décors et sans acteurs célèbres: les personnages et les événements sont tous authentiques.
Sergueï Eisenstein a fait coïncider la sortie du film avec le 20ème anniversaire de la révolution russe de 1905. Commandé par l’Etat, le film n’était pas initialement destiné à être projeté dans des salles de cinéma mais dans des clubs lors des conférences politiques.
Tout a changé après la soirée de gala, lorsque le film a été projeté au Théâtre Bolchoï en décembre 1925, à l’occasion des festivités dédiées au 20ème anniversaire de la première révolution russe de 1905. Le jour suivant, Sergueï Eisenstein, alors âgé seulement de 27 ans, a écrit dans son journal intime: "Je me suis réveillé célèbre." Sur la photo: une scène du film Le Cuirassé Potemkine.
Les premiers spectateurs venus dans la salle de cinéma Khoudojestvenny (à Moscou) ont été frappés aussi bien par le film lui-même que par l’atmosphère de gala. Le personnel tout entier de la salle de cinéma, du vendeur de billets au projectionniste, arborait l’uniforme de la marine, la façade de la salle de cinéma faisait songer à un navire de guerre et les affiches du film avaient été dessinées par le célèbre Alexandre Rodtchenko (peintre, sculpteur, photographe et designer russe). Sur la photo: la reproduction de l’affiche publicitaire du film Le Cuirassé Potemkine dessinée par Alexandre Rodtchenko et publiée en 1926 par la maison d’édition Goskino.
Le Cuirassé Potemkine a marqué l’année 1926 tout entière. Naoum Kleiman, directeur du musée du cinéma, a déclaré dans une interview: "Cette première manifestation de l’amour du cinéma russe a coïncidé avec le premier amour du cinéma en tant qu’un art à part entière."
Le film s’inspire de l’histoire de la mutinerie de l’équipage du cuirassé russe Prince Potemkine Tavritcheski qui a déclenché en 1905 des émeutes révolutionnaires de masse en Russie. Bien que Sergueï Eisenstein n’ait pas suivi les faits historiques à la lettre, le film n’en est pas moins perçu à ce jour pratiquement comme une chronique documentaire. Sur la photo: une scène du film Le Cuirassé Potemkine (exécution de matelots).
Le film débute par la mutinerie de l’équipage du cuirassé Potemkine provoquée par la viande avariée servie aux matelots.
Les instigateurs de la mutinerie sont condamnés à la peine de mort, mais l’équipage empêche leur exécution. Lors de l’affrontement, les officiers du navire sont jetés par-dessus bord. Toutefois, l’instigateur de la mutinerie des matelots, Vakoulentchouk, périt également.
Les obsèques de Vakoulentchouk attirent la population d’Odessa, mais cette insurrection spontanée est réprimée dans le sang par l'armée.
L’une des scènes les plus fortes du film, citée et reproduite dans des centaines d’autres films, est celle du massacre de la foule sur les marches de l’escalier monumental d’Odessa et la séquence du landau qui en dévale les marches.
La bande musicale du film avait été initialement créée par Edmund Meisel, compositeur berlinois. Le film a été sonorisé pour la première fois en 1930. Vingt ans plus tard, une nouvelle version sonore du Cuirassé Potemkine a été créée en utilisant la musique du compositeur Nikolaï Krioukov. Enfin, en 1965, le génial Chostakovitch a également composé la musique du film.
Le Cuirassé Potemkine n’a pas évité la censure, et pas seulement celle de l’Union Soviétique. L’Allemagne, premier pays à avoir acheté le film, a malheureusement reçu la pellicule originale. Or, la censure locale a redouté l’effet contagieux des scènes de mutinerie, incroyablement fortes sur le plan émotionnel, et elle en a coupé quelques-unes. Les restaurateurs ont mis des années à retrouver les scènes retirées pour reconstituer le film. La version intégrale et restaurée du film a été projetée pour la première fois en 2005, au Festival du film de Berlin.
Dans la scène finale du film, on voit le drapeau rouge hissé par les insurgés qui flotte fièrement sur le mât du cuirassé. Chaque cadre de cette partie du film en noir et blanc a été peint personnellement par Sergueï Eisenstein.
