Poutine 3.0: plus de confiance, moins d'émotions (PAPIER D'ANGLE)

© RIA Novosti . Alexei NikolskiPrésident russe Vladimir Poutine
Président russe Vladimir Poutine - Sputnik Afrique
S'abonner
Le troisième mandat présidentiel de Vladimir Poutine se distingue sensiblement des deux précédents: il a davantage confiance en lui, se laisse moins aller aux émotions et doit s'adapter aux nouvelles conditions, estiment les politologues.

Le troisième mandat présidentiel de Vladimir Poutine se distingue sensiblement des deux précédents: il a davantage confiance en lui, se laisse moins aller aux émotions et doit s'adapter aux nouvelles conditions, estiment les politologues. 

Les experts remarquent que la mise en œuvre des promesses sociales rencontre des problèmes à cause du rythme du développement économique, mais que Vladimir Poutine applique ses décisions plus rapidement et avec plus d'exigence qu'auparavant. Dans l'ensemble, le modèle de gouvernement de son troisième mandat n'est pas encore déterminé selon les politologues. 

La majorité des experts se rejoint pour dire que pendant son troisième mandat, Poutine sera confronté à de nombreux nouveaux défis, dont le choix d'un nouveau scénario de développement du pays. 

Son programme d'action pour les six prochaines années a été exposé par des décrets, qui couvraient pratiquement tout le spectre de problèmes de la Russie contemporaine. Dans ses articles, Vladimir Poutine promettait notamment à la Russie une "démocratie-internet", l'éradication de la pauvreté et une nouvelle économie. 

Poutine ne sort plus de ses gonds 

"Vladimir Poutine a beaucoup changé. Sur le plan émotionnel, il est bien plus équilibré et a pratiquement cessé de sortir de ses gonds", estime le politologue Alexeï Moukhine. 

L'expert rappelle que pendant son deuxième mandat, les émotions de Poutine prédominaient sur sa position politique, menant à des déclarations austères. "Depuis un an on constate qu’il perd rarement son self-control", remarque Alexeï Moukhine. 

Le politologue Oleg Matveïtchev pense que la politique du président est plus confiante.  "Nous voyons aujourd'hui qu’il est plus sûr de lui et de ses actes. Il met en œuvre ses décisions plus fermement, plus rapidement et avec davantage d'exigence qu'auparavant", analyse-t-il. 

Evgueni Mintchenko, président de l'Institut international d'expertise politique, souligne que le chef de l'Etat a opté pour une tactique différente pour chaque groupe social. "Aucun dialogue avec l'opposition radicale… Une réforme politique et un rapprochement ostentatoire avec des personnalités telles que Koudrine, Tchoubaïs et les libéraux modérés. Avec les nationalistes, il emploie leur rhétorique. Et face à la protestation sociale il augmente les prestations sociales pour plusieurs catégories de population", note-t-il. 

La politique de Poutine à l'égard de l'Occident est devenue plus ferme, selon le politologue. 

Lié par ses engagements 

En comparant les trois mandats de Poutine, les experts remarquent qu'il a dû agir dans des conditions différentes, ce qui s'est reflété sur son style d'administration. 

"En observant le premier mandat de Poutine, on peut dire que c'était un homme lié par ses engagements avec Eltsine et divers clans et élites de Russie. Bien sûr, il était prudent et craignait de prendre des décisions pouvant se révéler néfastes. Il prenait des directives fermes une fois tous les six mois-un an", note M.Matveïtchev.  

Pendant son deuxième mandat Poutine était plus libre et faisait appliquer sa volonté avec plus de fermeté. La troisième fois, le président est arrivé avec un ordre de jour différent: la lutte contre la corruption et la démocratisation ne pouvaient plus être ignorées. 

Dur de tenir les promesses sociales 

Igor Nikolaev, directeur du département d'analyse stratégique de la société FBK, explique que les autorités ont pris d'"énormes engagements budgétaires irréductibles" dont la réalisation engendre des problèmes.

Evgueni Gontmakher, de l'Institut du développement moderne, estime que la mise en œuvre des promesses sociales "bute sur le fonctionnement désormais inefficace de l'économie". 

"Il y a quelques années c'était faisable: pendant la crise les réserves du pays ont permis de sauver les meubles. Mais aujourd'hui l'économie est arrêtée. Ce changement s'est produit et c'est un grand problème pour lui", déclare l'expert. 

Identifier une nouvelle politique 

De nombreux politologues s’entendent pour dire que 2013 était plutôt une année de transition et que la politique définitive du troisième mandat de Poutine n'est pas encore déterminée. 

"Cette année marque une éventuelle nouvelle politique, qui aurait pour objectif de mettre en place une société industrielle moderne… Mais pour l'instant ce régime n'a pas été créé, seulement esquissé. On ignore si ces prémisses iront plus loin", déclare Pavel Sviatenkov. 

Selon lui, Vladimir Poutine a conscience du besoin de changer de régime, de lutter contre la corruption, de faire cesser une situation où toute l'élite politique et économique détient des actifs en Occident - mais les mesures entreprises dans cette direction sont très prudentes et indécises. 

"On sent que Poutine marche sur une fine couche de glace, qu'il la sonde minutieusement et réfléchit où mettre son pied et quelle direction emprunter", ajoute M.Sviatenkov. 

"D'après moi, d'ici la fin de l'année, Poutine devra reformater sa politique. Pour l'instant il n'a pas choisi d’entamer ce virage ni le chemin à suivre", reconnaît M.Mintchenko. 

M.Matveïtchev remarque également que les conditions de cette nouvelle politique sont réunies seulement aujourd’hui. "Mais il est difficile de parler des résultats car il faut, premièrement, terminer ce qui a été fait et, deuxièmement, tirer au clair l'ordre du jour précédent qui lui a été plutôt imposé qu'il ne l'a lui même déterminé", conclut le politologue.  

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала