Moscou se sert d'Interpol pour ses persécutions politiques

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Le fondateur du fonds Hermitage Capital William Browder, qui a activement contribué à l'adoption de la loi Magnitski aux Etats-Unis, est une nouvelle fois la cible d’une campagne de persécution politique par le biais d’Interpol, selon les militants de droits de l'homme cités mercredi par le quotidien Vedomosti.

Le fondateur du fonds Hermitage Capital William Browder, qui a activement contribué à l'adoption de la loi Magnitski aux Etats-Unis, est une nouvelle fois la cible d’une campagne de persécution politique par le biais d’Interpol, selon les militants de droits de l'homme cités mercredi par le quotidien Vedomosti.

La justice russe a ordonné en avril l'arrestation par contumace de William Browder, accusé d’avoir volé des actions de Gazprom. Les autorités russes ont ensuite lancé un avis de recherche international : en mai la Russie a demandé à Interpol d'inscrire Browder dans sa circulaire rouge, qui stipule que tout pays dont il traverserait la frontière devrait en informer la Russie, qui à son tour pourrait exiger son extradition.

A une époque Hermitage Capital était le plus important investisseur étranger en Russie. Mais en 2005 Browder a été interdit de séjour en Russie et le fonds a fermé ses portes. En 2009, après la mort en détention de l'avocat Sergueï Magnitski, qui travaillait pour Hermitage et accusait les hauts fonctionnaires russes et les représentants des forces de l'ordre d'avoir détourné plus de 5 milliards de roubles du budget, Browder avait lancé une campagne internationale pour soutenir l'adoption de sanctions contre les personnes impliquées dans la mort de l'avocat. En arrivant à faire adopter la liste Magnitski, Browder avait particulièrement irrité les autorités russes.

Il n'est pas le seul à être recherché par Interpol à la demande de Moscou. Dans la circulaire rouge figure également l'ex-président de la Banque de Moscou Andreï Borodine, qui a obtenu l'asile politique au Royaume-Uni en février. Borodine affirme qu'il est également poursuivi pour des raisons politiques.

L'activiste antifasciste Petr Silaev à l’intention de faire appel contre la requête russe auprès d'Interpol. Accusé de troubles à l'ordre public en Russie après qu’il a participé aux manifestations pour protéger la forêt de Khimki, il a obtenu l'asile politique en Finlande mais a été arrêté en Espagne sur un mandat d'Interpol. Il risque d'être extradé en Russie.

Le cas de Browder soulève de nouvelles questions sur la possibilité d'utiliser Interpol afin de poursuivre des individus pour motifs politiques et sur les tentatives de contourner leur asile ou les refus d'extradition par d'autres pays.

L'organisation des droits de l'homme Fair Trials International, chargée de l'affaire Silaev, craint que certains pays comme la Russie, l'Indonésie, le Venezuela, l'Algérie et le Sri Lanka, se permettent une utilisation à mauvais escient des ressources d'Interpol. "Interpol est un puissant outil de lutte contre la criminalité sérieuse mais les avis de recherche pourraient limiter la liberté d'un individu ou porter atteinte à sa réputation. 190 pays, dont beaucoup sont connus pour les violations des droits de l'homme et la corruption élevée, sont membres d'Interpol. L’organisation doit instaurer un système efficace qui empêcherait une utilisation incorrecte de son réseau global", déclare Jago Russell, directeur de  l'organisation des droits de l'homme Fair Trials International.

Browder et Sinaev ont l'intention de faire appel auprès de la commission de contrôle d'Interpol, qui veille au respect des règles de l'organisation. "Contrairement à toute autre structure policière dans le monde, Interpol n'a pas d'organismes judiciaires de surveillance", a déclaré Browder.

La constitution d'Interpol interdit à l'organisation de "s'ingérer ou d'exercer toute activité politique, militaire, religieuse ou raciale". "Interpol prend très au sérieux cette interdiction. Chaque pays membre d'Interpol prend lui-même la décision des sanctions à appliquer sur son territoire contre ceux qui figurent sur la circulaire rouge. Interpol ne peut pas exiger des pays membres une arrestation immédiate de ces individus", déclare le communiqué de l'organisation.

Billy Hawkes, président de la Commission de contrôle des fichiers d'Interpol, a déclaré en novembre dernier qu’elle recevait de plus en plus de plaintes. Selon lui, elle applique de nouvelles règles pour le traitement des requêtes qui accusent les mandats d'arrêt d'Interpol d'avoir été lancés pour des motifs politiques.

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