Gazprom sans avenir

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Lors du forum "La Russie des affaires" hier, le premier ministre Dmitri Medvedev a déclaré que le gouvernement pourrait renoncer au concept de tarification équitable, que Gazprom voulait appliquer aux livraisons de gaz sur les marchés intérieur et extérieurs, écrit jeudi le quotidien Vedomosti.

Lors du forum "La Russie des affaires" hier, le premier ministre Dmitri Medvedev a déclaré que le gouvernement pourrait renoncer au concept de tarification équitable, que Gazprom voulait appliquer aux livraisons de gaz sur les marchés intérieur et extérieurs. L’idée ? Rapprocher les tarifs gaziers pratiqués en Russie et à l’export. Depuis le début des années 2000 les autorités voulaient prendre cette direction puis ont essayé de concrétiser leurs plans à partir de 2007. Ils ont été reportés à 2011, puis à 2014, écrit jeudi le quotidien Vedomosti.

Pour l'instant, il est moins rentable de vendre du gaz sur le marché intérieur que de l'exporter : le tarif européen moyen atteint 400 dollars les mille mètres cubes tandis qu'il est inférieur à 100 dollars sur le marché intérieur.

A une époque promouvoir la tarification équitable était parfaitement justifié car il existait un immense écart entre les tarifs réels du gaz sur le marché extérieur et intérieur, a déclaré Medvedev : "Mais nous devons tout de même nous arrêter et comprendre dans quelle mesure la tarification équitable directe est une méthode optimale de travail sur notre marché car il doit y avoir certains avantages concurrentiels. Parce que nous sommes la Russie – le plus grand fournisseur d'hydrocarbures".

"En fait on y assiste déjà [renoncer à l'idée de la tarification équitable du gaz], explique une source proche de Gazprom. Nous sommes déçus sans le montrer. Et les investisseurs votent avec leurs pieds."

Le porte-parole de Gazprom s'est refusé à tout commentaire.

Cette nouvelle était prévisible, estiment Mikhaïl Kortchemkine, directeur d'East European Gas Analysis, et Alexeï Kokine d'Uralsib Capital. On ne peut pas traire l'industrie russe éternellement : la part du pétrole dans la balance énergétique russe n'est que de 15% et Gazprom propose de faire en sorte que les tarifs gaziers sur le marché intérieur dépendent du cours pétrolier fixé à Rotterdam, s'étonne Kortchemkine : "Ce n'est pas logique".

"On renonce déjà aux principes de tarification équitable et le marché a déjà réagi à cette tendance en l'incluant dans la valeur des compagnies gazières", estime Alexeï Kokine. Si en 2005-2011 le gouvernement indexait chaque année les tarifs du gaz pour les consommateurs russes de 15-25%, en 2012 il ne s'agissait plus que de 7,5%. Cette année le tarif moyen pour toutes les catégories de consommateurs doit augmenter de 15% mais les autorités ont l'intention de limiter la poursuite de la hausse des tarifs. Il y a une semaine le président russe Vladimir Poutine a déclaré pendant le Forum économique de Saint-Pétersbourg que la décision avait été prise et qu'à partir de 2014 la hausse des tarifs ne devait pas excéder le taux d'inflation de l'année précédente.

Cette décision fera perdre 60 milliards de dollars de revenus à Gazprom, calcule Mikhaïl Kortchemkine : "C'est une somme immense, sachant que les investissements de Gazprom dans South Stream sont estimés à 52 milliards de dollars". Rien qu'en 2015, Gazprom perdra près de 6 milliards de dollars, déclare Alexeï Kokine.

Sergueï Novikov, directeur du Service fédéral de tarification, a déclaré hier que la hausse des tarifs de Gazprom pour le transport du gaz au profit des producteurs indépendants serait également à hauteur de l'inflation annuelle : à partir du 1er juillet ils augmenteront de 7,65%.

D'une part, les tarifs contribuent à l'inflation - qui à son tour ralentit l'afflux d’investissements. D'autre part, les prix bas sur le marché intérieur ne poussent pas la population et l'industrie à économiser l'énergie, remarque le fonctionnaire fédéral : "A l'heure actuelle, la priorité consiste à accélérer la croissance économique. C’est pour ça que le principe de tarification équitable passe à la trappe". La limitation des tarifs pourrait pousser Gazprom à maîtriser ses dépenses, espère Mikhaïl Kortchemkine.

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