Le "redémarrage" russo-américain mis sur pause

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L'annonce du président américain Barack Obama concernant la nécessité de "marquer une pause" dans les relations avec la Russie, réalisée au cours de la visite à Washington des ministres russes des Affaires étrangères et de la Défense, a constitué une surprise désagréable pour Moscou, écrit lundi 12 août le quotidien Kommersant.

L'annonce du président américain Barack Obama concernant la nécessité de "marquer une pause" dans les relations avec la Russie, réalisée au cours de la visite à Washington des ministres russes des Affaires étrangères et de la Défense, a constitué une surprise désagréable pour Moscou, écrit lundi 12 août le quotidien Kommersant.

Une source diplomatique russe a affirmé que Moscou n'avait pas l'intention d'entreprendre des mesures de riposte susceptibles d'affecter la coopération entre les deux pays. Toutefois, il sera difficile d'éviter un gel au moins partiel des relations.

Avant le voyage de Sergueï Lavrov et de Sergueï Choïgou à Washington, les sources diplomatiques russes évoquaient la possibilité de mesures démonstratives de la part des Américains. Après tout, le président américain avait annoncé la veille l'annulation de sa visite à Moscou. Le premier de ces gestes a été l'absence de la photo de groupe habituelle pour les réunions dans le format 2+2, ainsi que de conférence de presse conclusive, sur demande insistante de la partie américaine. A l'issue des pourparlers, le secrétaire d'Etat John Kerry et le chef du Pentagone Chuck Hagel ont préféré s'abstenir de tout commentaire.

Les ministres russes ont déclaré qu'il n'y avait aucune crise dans les relations entre les deux pays. Sergueï Lavrov a affirmé que la Russie et les Etats-Unis adoptaient des positions similaires sur plusieurs points : l'Afghanistan, la Syrie, le problème nucléaire iranien, la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive, l'espace et bien d'autres. De plus, selon Lavrov, John Kerry a reconnu que le sort de l'ex-analyste de la CIA Edward Snowden, qui a obtenu l'asile en Russie, ne devait pas faire de l'ombre aux autres thèmes de négociations et saper les intérêts communs qui coïncident sur beaucoup de points.

Puis a suivi le principal geste démonstratif des Américains: Barack Obama a annoncé qu'il était nécessaire de "marquer une pause" dans les relations avec Moscou. Il a également déploré que le retour de Vladimir Poutine au Kremlin ait entraîné en Russie une montée en puissance de la rhétorique antiaméricaine et un retour des stéréotypes de la Guerre froide.

"Le discours d'Obama est inacceptable, a indiqué une source diplomatique russe. Il a déclaré qu'il était nécessaire de suivre l'évolution de la situation en Russie. Suivre quoi? Il ferait mieux de venir et de parler avec nous". La source a laissé entendre que Sergueï Lavrov et John Kerry avaient établi des relations de confiance. Selon la source, après avoir appris la préparation de la conférence de presse d'Obama, le secrétaire d'Etat est allé à la Maison blanche, "cependant, il n'a pas été autorisé à voir le président".

Une source diplomatique russe a déclaré qu'en dépit de la rhétorique du président américain, Moscou n'avait pas l'intention d'adopter de mesures de rétorsion susceptibles d'affecter la coopération réelle entre les deux pays. Toutefois, il sera désormais difficile d'aller de l'avant.

"La déclaration du président américain ne signifie pas que nous ne travaillerons plus comme avant avec Moscou dans les secteurs où nous nous entendons, a déclaré une source proche du département d'Etat. Mais sur le court terme, la Maison blanche ne cherchera plus à convaincre le Kremlin d'arriver à un compromis sur les questions cruciales telles que la réduction d'arsenaux nucléaires et le bouclier antimissile (ABM). Toutes nos propositions ont été mentionnées dans le message adressé par Obama à Poutine en avril. Mais aucune des initiatives n'avait convenu à Moscou. Cette fois, la balle est dans le camp de la Russie – si elle veut éviter que la "pause" dans les relations dure, elle doit elle-même prouver sa volonté de réaliser une coopération productive."

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