La Russie n'a pas trouvé sa place dans le monde moderne

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Pour l'instant, la vie politique en Russie tourne autour de la question de savoir comment, enfin, changer de gouvernement. Ou au contraire comment ne rien changer pendant le plus longtemps possible, écrit mercredi 28 août le quotidien Novaïa gazeta.

Pour l'instant, la vie politique en Russie tourne autour de la question de savoir comment, enfin, changer de gouvernement. Ou au contraire comment ne rien changer pendant le plus longtemps possible, écrit mercredi 28 août le quotidien Novaïa gazeta.

Mais c’est l’arbre qui cache la forêt : car l'existence physique du pays où se déroule ce combat suscite de plus en plus de questions. La Russie reste un "quasi-Etat", le plus grand débris de la comète URSS. Que Poutine vise à devenir le président éternel du pays importe peu, le fait est qu'il risque d'être son dernier chef si le gouvernement ne dessine pas à la Russie son avenir dans le monde de demain.

Récemment, le gouvernement a adopté le programme fédéral "Renforcement de l'unité de la nation russe et développement ethnoculturel des peuples de Russie" pour 2014-2020. Dans les six prochaines années, il est prévu de dépenser près de 170 millions d'euros pour "renforcer la nation". C'est 230 fois moins que le budget des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi, qui risquent sérieusement d'être à peu près ce que fut l'Olympiade de 1980 pour l'Union soviétique : le dernier festin d'un empire tombant dans l'oubli.

En langage bureaucratique, ce programme est présenté comme l'un des outils qui permettront de réaliser le projet national "La politique régionale et les relations fédératives" adopté par le gouvernement en mars dernier. La note explicative précise que ce programme "assurera la coordination de la politique nationale de l'Etat, l'élaboration des stratégies régionale de développement ethnoculturel, le soutien du dialogue entre les organismes du pouvoir public et les associations nationales publiques et religieuses. Parmi les priorités on cite, entre autres, les tâches définies par le "concept de la politique gouvernementale russe à l'égard des Cosaques".
Le programme devrait également contribuer à l'attractivité économique des régions, y compris le Caucase du Nord : on ne rigole plus.

La Russie continue d’hésiter entre l'impérialisme et la construction d'une sorte d'Etat national unique. Par exemple, pour un empire, la décision de lutter contre l'immigration clandestine est absolument absurde. Dans ce contexte les immigrants sont simplement une population "portée en son sein" par le gouvernement russe. D'autant qu'ils alimentent plutôt bien les organismes publics compétents et une fois légalisés, ils sont un appui solide pour le régime – ils ne voteront certainement pas pour l'opposition.

L'impérialisme fantôme des autorités russes se manifeste particulièrement dans les relations avec l'Ukraine – on a l'impression que Poutine et son entourage n'ont toujours pas reconnu l'indépendance de ce pays. Sinon, ils ne réagiraient pas par le chantage à toute tentative de rapprochement de Kiev avec l'UE.

22 ans après l'effondrement de l'URSS la Russie n'a toujours pas de structure étatique à part entière. La Russie n'est pas un empire ni un Etat nation, ni une monarchie, ni une république. Elle se prend pour un pôle de la politique mondiale mais n’entretient des relations qu’avec les Etats voyous. Sans avoir pour autant de potentiel économique ou encore d'attirance politique pour former autour de soi un "club de vassaux". En privé son élite est orientée vers le monde occidental, proclamé ennemi principal de la Russie dans le pays. La Russie tombe en morceaux – la région de Kaliningrad, le Caucase du Nord et l'Extrême-Orient ont pour seul point commun la possession d’un passeport russe par leurs habitants. Il n'existe simplement pas d'un pays en tant qu'une cohésion organique de sa population.

Il n’existe non plus aucun signe réel indiquant que le gouvernement russe est capable de faire un choix logique sur la place de la Russie dans le monde ou même qu'il comprend l'importance de cette tâche. La question de l'établissement d'une structure d'Etat substantielle n'a toujours pas été réglée. Le pays n'a pas d'économie nationale, ni d'institutions publiques à part entière, ni d'idées fondamentales sur le sens même de Russie. Aujourd’hui il ne faut pas renforcer la nation – il faut la créer.

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