Obama attaque le Congrès, au lieu de la Syrie

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Ce week-end, le président américain Barack Obama a montré qu’il voulait jouer gros et que se débarrasser du régime du président syrien Bachar al-Assad ne lui suffisait pas. Il a ainsi décidé de déchaîner les passions à Washington, écrit lundi 2 septembre le quotidien Rossiïskaïa gazeta.

Ce week-end, le président américain Barack Obama a montré qu’il voulait jouer gros et que se débarrasser du régime du président syrien Bachar al-Assad ne lui suffisait pas. Il a ainsi décidé de déchaîner les passions à Washington, écrit lundi 2 septembre le quotidien Rossiïskaïa gazeta.

Les Etats-Unis n'attaqueront certainement pas la Syrie d'ici le 9 septembre, date de rentrée des congressistes américains. En effet, Obama veut savoir s'ils sont prêts à passer des paroles aux actes sur le dossier syrien. Le président américain lance donc un défi au Congrès, qui fait preuve d'une intransigeance extrême sur toutes les initiatives de la Maison blanche en matière de politique intérieure. Ces mêmes congressistes ont toutefois accusé le président d'être indécis sur la Syrie.

Obama a choisi un sujet très approprié pour montrer à ses électeurs le vrai visage du Congrès : si les parlementaires donnaient le feu vert pour attaquer Damas, ils seraient ouvertement opposés à la majorité des Américains. En effet, les derniers sondages ont montré que plus de 60% des citoyens du pays ne souhaitaient pas s'enliser dans une nouvelle guerre. Même à distance (Obama a promis que le pied d'un soldat américain ne frôlerait pas le sol syrien, quoi qu'il arrive). Mais le chef de la Maison blanche a reconnu qu'il avait déjà pris la décision d'attaquer la Syrie quoi qu'il en soit : pourquoi donc a-t-il besoin de l'approbation du Congrès ?

Premièrement, pour partager la responsabilité du chaos qui s'installera au Moyen-Orient car selon la majorité des experts, c'est précisément ce qui arrivera si les USA bombardaient la Syrie. Deuxièmement, pour marchander avec le Congrès. Une commission compétente se penchera sur l'examen du problème syrien dès le 3 septembre donc pendant les 6 jours précédant la rentrée des congressistes Washington sera littéralement en ébullition.

En évoquant l'attaque inéluctable contre la Syrie, le président américain s'est rangé du côté de ses opposants politiques – les républicains. Et les démocrates ont immédiatement critiqué ses positions. En d'autres termes, le locataire de la Maison blanche a mis un sacré coup de pied dans la fourmilière washingtonienne.

Tout le monde s'attendait samedi à ce qu'Obama déclare la guerre à Damas. Mais il ne l'a pas fait. La majorité des Américains a pensé que le président avait fait marche arrière après que ses alliés de l'Otan ont commencé à lui tourner le dos l'un après l'autre. Seul Paris a annoncé vouloir aller jusqu'au bout avec Washington. Quant aux autres, ils ont suggéré d'attendre la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies.

Les experts de l'Onu sont revenus de Syrie à la Haye et ont annoncé qu'ils présenteraient les résultats de leurs recherches sur l’arme chimique en Syrie dans deux semaines. Il sera ensuite possible de convoquer le Conseil de sécurité pour parler de choses sérieuses. L'Assemblée générale de l'Onu se réunira ensuite le 20 septembre, avec tout le beau monde diplomatique – difficile de trouver un meilleur endroit pour tirer au clair la situation syrienne.

A leur tour, les experts n'ont pas tiré de conclusions hâtives au sujet du discours d'Obama samedi dernier. Après réflexion, beaucoup ont apprécié la manœuvre du chef de la Maison blanche. Le président américain a manifestement voulu profiter de la pause offerte par les experts de l'Onu pour régler ses propres comptes à Washington. Toutefois, il a ainsi montré au monde entier qu'en réalité le sort des Syriens ordinaires ne le préoccupait pas vraiment. De même que celui de Bachar al-Assad. Car pour Obama il est bien plus important de remporter la victoire sur le congrès qui met sans cesse des bâtons dans ses roues. Et par la suite les experts de l'Onu pourraient annoncer qu'il n'existe aucune preuve d'implication du gouvernement syrien dans les attaques chimiques. Alors de quelles "lignes rouges" soi-disant franchies par al-Assad parlerait-on ?

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