Bataille pour l'Arménie : la Russie mène 1-0 face à l’UE

© RIA Novosti . Alexei Druzhinin / Accéder à la base multimédiaNezavissimaïa gazeta
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L'Arménie a vite oublié son accord d'association avec l'Union européenne alors qu’il était prêt à être paraphé. A la place, le pays a entamé son travail pour adhérer à l'Union douanière.

L'Arménie a vite oublié son accord d'association avec l'Union européenne alors qu’il était prêt à être paraphé. A la place, le pays a entamé son travail pour adhérer à l'Union douanière.

Russie-Biélorussie-Kazakhstan. Ce changement de cap fait suite à l'entretien entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue arménien Serge Sargsian. Une partie de la communauté arménienne a accusé le gouvernement d'avoir trahi les intérêts nationaux et a évoqué la fin du mythe sur les relations particulières entre la Russie et l'Arménie, écrit lundi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Pour justifier leur décision d'adhérer à l'Union douanière, les autorités arméniennes ont annoncé l'ouverture prochaine de la portion ferroviaire abkhaze - déclaration déjà été démentie par Tbilissi et Soukhoum - et la poursuite du dialogue avec Bruxelles - ce qui n'est pas non plus le cas. Une seule question pourrait aujourd’hui être évoquée avec les dirigeants européens: quelle est la cause du changement de position d'Erevan ?

Evidemment tout le monde connaît la réponse, aussi bien la communauté arménienne qui proteste que les dirigeants européens. Les raisons qui ont poussé Sargsian à annoncer l'adhésion de l'Arménie à l'Union douanière sont claires mais on ignore cependant le sens de l'épopée de deux ans de négociations avec l'UE, sachant que Bruxelles et Moscou ont averti dès le départ que l'adhésion aux deux alliances à la fois était inadmissible. Erevan a élaboré, disons, une version "light" d'accord avec l'UE. Il y était question de réformes internes et de mise en place d'une zone de libre échange. En se tournant vers la Russie pour la coopération militaire et la sécurité, et en renonçant à la discussion sur les perspectives d'adhésion à l'UE, l'Arménie comptait probablement sur la complaisance de Moscou. A première vue, il n’y avait rien de grave à ce qu'un allié mineur ne partageant aucune frontière avec la Russie commence à régler lui-même ses problèmes économiques par ses propres moyens grâce au commerce avec l'UE, d’autant qu’il ne recevait pas de Moscou l'aide espérée. Cela ne suffit pas ? Alors il était possible de créer des coentreprises et la production russe serait arrivée sans problème sur le marché européen. Cela semble parfaitement rationnel.

Mais ces arguments seraient tangibles si la position de l'Ukraine était déterminée. Et en principe, peu importe si l'Ukraine met le cap sur l'UE ou l'Union douanière. Après tout, ce n'est pas la minuscule Arménie qui représente un objectif d'intégration de la Russie mais des pays "plus intéressants" dans l'espace postsoviétique. Mais tant que l'Ukraine n'a pas choisi son camp, présenter aux opposants de l’intégration à l'Union douanière un atout comme l'Arménie revient à assassiner l'idée en soi.

Bien sûr, l’intégration de l'Arménie à l'Union douanière n'est pas un objet de fierté particulière pour la Russie. De la même manière que la victoire de l'équipe du Brésil sur l'équipe des explorateurs du Groenland ne peut apporter de whists. Mais la Russie ne pouvait pas renoncer à cette victoire. Elle ne pouvait pas se permettre ce luxe même si elle avait parfaitement conscience des problèmes du pays allié et de l'inefficacité de l’aide russe pour les régler.

Aujourd'hui, l'important n'est pas seulement de savoir quelle alliance choisiront l'Ukraine ou la Moldavie – l'UE ou l'Union douanière. Ou dans quelle mesure la Géorgie est sincère - dont le premier ministre n'a pas écarté la possibilité d'adhérer à l'Union douanière si cela présentait des avantages. Il est à noter la réaction curieuse de la Russie à l'alliance des Etats turcs qui a, entre autres, pour but de créer un espace et un marché économique commun. Cette décision a été annoncée au cours du récent sommet à Gabala, en Azerbaïdjan, entre les dirigeants de la Turquie, de l'Azerbaïdjan, du Kazakhstan (membre de l'Union douanière) et du Kirghizstan qui se prépare à adhérer à l'Union douanière. Pour l'instant, Moscou n'a fait aucune déclaration publique concernant l’impossibilité de cumuler la participation à des alliances commerciales et économiques entre ex-républiques soviétiques.

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