Quid de la communauté chrétienne en Syrie ?

© RIA Novosti . Andrei Stenin / Accéder à la base multimédiaNezavissimaïa gazeta
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Cyrille, patriarche de Moscou et de toutes les Russies, a récemment envoyé une lettre au président américain Barack Obama lui demandant de renoncer à une intervention militaire en Syrie, qualifiant les événements dans ce pays de "Golgotha quotidien", écrit le mercredi 18 septembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Cyrille, patriarche de Moscou et de toutes les Russies, a récemment envoyé une lettre au président américain Barack Obama lui demandant de renoncer à une intervention militaire en Syrie, qualifiant les événements dans ce pays de "Golgotha quotidien", écrit le mercredi 18 septembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

"Nous sommes profondément préoccupés par l'annonce des plans d'attaque de l'armée américaine contre la Syrie, écrit le chef de l'Eglise orthodoxe russe. Une telle action ne ferait que souffrir davantage le peuple syrien et avant tout, les civils. Suite à l'intervention américaine, le pouvoir syrien pourrait se retrouver entre les mains de forces extrémistes, qui n'arriveront pas ou ne voudront pas assurer une entente interconfessionnelle au sein de la société syrienne."

Par ailleurs, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, porte-parole du patriarche, a déclaré que le règlement de la crise syrienne se compliquait car la Syrie est devenue l'arène d'un conflit armé impliquant des Etats étrangers. "Certains pays incitent à la haine interconfessionnelle au Moyen-Orient, ce qui entraîne des conséquences gravissimes pour la région, estime le métropolite. Les chrétiens locaux sont otages de la politique occidentale et, parce qu'on les identifie à cette politique, on les considère comme des alliés de l'Occident et ils sont victimisés."

Le thème de la protection de la minorité chrétienne en Syrie, notamment après la prise du village chrétien de Maaloula près de Damas par les islamistes, n'est pas évoqué uniquement par les représentants de l'Eglise. Les dirigeants et les diplomates russes ont eux aussi, à plusieurs reprises, pris la défense des chrétiens syriens.

Selon Alexeï Malachenko, membre du conseil scientifique du centre Carnegie de Moscou, les autorités russes ne sont pas du tout préoccupées par l'aspect religieux du conflit syrien mais par la possibilité d'un "changement de l'ordre mondial où la Russie perdrait son influence". De plus, selon l'expert, la Russie a des intérêts concrets au Moyen-Orient car Bachar al-Assad est son partenaire stratégique depuis l'époque soviétique - et c'est son dernier allié dans la région.

L'expert de l'islam politique Gueorgui Enguelgardt est également de cet avis. Selon lui, la position russe en Syrie n'est pas dictée par le soutien de la communauté chrétienne mais avant tout par les intérêts nationaux. D'après l'expert, en cas de reversement d'Assad et de l'arrivée au pouvoir des islamistes, l'influence du Qatar et de l'Arabie saoudite augmenterait dans le pays, sachant qu'il s'agit de pays concurrents de la Russie sur son principal marché d'exportation d'hydrocarbures. "Et si le pétrole et le gaz du Moyen-Orient, moins chers, passaient par le territoire syrien pour arriver plus rapidement sur le marché européen, cela infligerait un immense préjudice économique à la Russie", poursuit Enguelgardt.

Roman Silantiev, sociologue islamique, voit une autre raison à l'inquiétude de Moscou. Selon lui, la Russie craint que le scénario syrien se concrétise sur son territoire, qu'il se réalise déjà par endroits et que les terroristes qui combattent Assad arrivent en Russie. "La Syrie est considérée comme une sorte de forteresse qui protège les accès à la Russie contre les forces hostiles. Et si cette forteresse tombait la sécurité russe chuterait significativement, fait remarquer Silantiev. Cet Etat est un allié de la Russie, il combat ses ennemis. Évidemment, son avenir dépend également de la victoire des Syriens et ces derniers en parlent ouvertement."

Le président de l'Institut du Proche-Orient, Evgueni Satanovski, ajoute que beaucoup de ressortissants de l'Union soviétique vivent en Syrie, notamment des Russes. En Russie même, il existe une communauté syrienne de dizaines de milliers de personnes.

Les experts ne sont pas prêts à exclure complètement le facteur religieux des relations russo-syriennes. Cependant, selon eux, il est loin d'être une priorité.

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