L'Onu accuse le président syrien de crimes de guerre

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Ceux qui veulent voir partir le président syrien Bachar al-Assad du pouvoir ont un nouvel argument de poids: il est accusé d'implication dans des crimes contre l'humanité par la haut-commissaire aux droits de l'homme de l'Onu Navi Pillay, écrit mercredi le quotidien Kommersant.

Ceux qui veulent voir partir le président syrien Bachar al-Assad du pouvoir ont un nouvel argument de poids: il est accusé d'implication dans des crimes contre l'humanité par la haut-commissaire aux droits de l'homme de l'Onu Navi Pillay, écrit mercredi le quotidien Kommersant.

Un procès à la Cour pénale internationale (CPI) est pourtant peu probable car cette initiative sera certainement bloquée au Conseil de sécurité des Nations Unies par la Russie. Cette déclaration pourrait surtout profiter à ceux qui considèrent qu'Assad ne doit pas participer à la formation d'un gouvernement de transition en Syrie au cours de la conférence Genève-2 en janvier.

Selon Navi Pillay, plusieurs hauts représentants du gouvernement syrien seraient responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Toutefois, la haut-commissaire n'a cité aucun nom : ces informations ne seront dévoilées que si une enquête officielle était lancée à la CPI.

Jusqu'à présent les représentants de l'Onu n'avaient jamais publiquement lié Assad aux crimes commis au cours de la guerre civile en Syrie. Par ailleurs, la commission d'enquête sur la Syrie créée par une résolution du Conseil de sécurité en août 2011 avait accusé à maintes reprises les soldats de l'armée gouvernementale de meurtres, tortures et viols. L'opposition armée est également critiquée – selon Navi Pillay, "l'ampleur des cruautés commises par les deux camps est incroyable".

D'après l'Onu le nombre de victimes de ce conflit qui dure depuis plus de deux ans et demi dépasse les 100 000 morts. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) basé à Londres parle de 126 000 personnes tuées, dont un tiers de civils. Par ailleurs, selon le centre, plus de
50 000 soldats de l'armée gouvernementale ont été tués, tandis que l'opposition syrienne a connu deux fois moins de pertes.

Damas a réagi calmement à la déclaration de Navi Pillay. "Elle fait des déclarations insensées depuis longtemps. Nous ne l'écoutons pas", a déclaré à l'agence AP Faisal al-Mikdad, vice-ministre syrien des Affaires étrangères, lors d'une conférence de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques. Le plan de destruction des arsenaux chimiques syriens sera évoqué demain dans le cadre de cette conférence.

En dépit des appels de l'Onu, il est peu probable qu'un procès soit engagé contre les autorités syriennes à la CPI. Damas n’en fait pas partie et toute enquête doit donc être autorisée par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Selon Kirill Koktych, expert à l'Institut des relations internationales de Moscou (MGIMO), toute initiative de ce genre à l’Onu serait de toute façon bloquée par la Russie. "Il est fort probable que les rebelles aient commis davantage de crimes que l'armée gouvernementale. Cependant même dans ces conditions, Moscou sera très certainement réticent à l'ouverture d'un procès. Cela saperait sa victoire diplomatique", analyse l'expert.

Les conclusions des experts de l'Onu pourraient tout de même être très préjudiciables pour Assad et ses collaborateurs les plus proches. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry espère que la conférence Genève-2 prévue le 22 janvier permettra de former un gouvernement syrien de transition. Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal, a affirmé que le "président Assad ne devait pas jouer le moindre rôle dans la période de transition de la Syrie". La déclaration de Navi Pillay apporte aux partisans de ce point de vue un argument de poids supplémentaire.

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