Les sentiments anti-européens grandissent en Moldavie

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98,4% des Gagaouzes se sont prononcés en faveur de l'Union douanière Russie-Biélorussie-Kazakhstan. Même si ce vote n’a pas de valeur juridique, ses résultats pourraient causer de sérieux problèmes à Chisinau, écrit mardi le quotidien Kommersant.

98,4% des Gagaouzes se sont prononcés en faveur de l'Union douanière Russie-Biélorussie-Kazakhstan. Même si ce vote n’a pas de valeur juridique, ses résultats pourraient causer de sérieux problèmes à Chisinau, écrit mardi le quotidien Kommersant.

Les experts considèrent ce référendum comme une grave menace à la politique des autorités centrales moldaves, qui visent l'euro-intégration et craignent une éventuelle réaction en chaîne dans d'autres régions du pays.

Cette popularité de l'Union douanière en Gagaouzie n'est pas nouvelle : la région autonome a toujours été considérée comme la plus prorusse du pays. Le taux de participation au référendum, qui dépasse 70%, fait la fierté des autorités gagaouzes : d'après la Commission électorale centrale de la région 70 700 personnes se sont déplacées aux urnes, soit 2,67% des Moldaves.
Ce référendum a également une importance politique puisque 2014 est une année décisive pour l'intégration européenne de la Moldavie.

En effet, les autorités s'apprêtent à signer avec l'UE un accord d'association, paraphé en novembre 2013. Contrairement à Kiev, qui a changé d'avis au dernier moment, Chisinau n’a pas l'intention de reculer. Mais si le refus de l'Ukraine avait provoqué des protestations de masse dans le pays, cela pourrait être l'inverse en Moldavie. La plus grande force politique du pays, le parti communiste, s'oppose justement au rapprochement avec l'UE, tout comme la région autonome de Transnistrie à majorité russophone. La Gagaouzie rejoint donc les rangs des
anti-européens du pays. L'autonomie a l'intention de réunir cette semaine un congrès extraordinaire des députés pour confirmer les résultats du référendum et adopter une déclaration dans laquelle les Gagaouzes exigeront du gouvernement moldave de prendre en compte les résultats du vote dans sa politique étrangère.

Le politologue Bogdan Tsyrdia pense que d'autres régions pourraient suivre l'exemple de la Gagaouzie, comme la Bessarabie et Taraclia, où des manifestations ont eu lieu en soutien au référendum gagaouze. Même si ce n'était pas le cas, ce vote en Gagaouzie aurait un énorme impact sur la souveraineté et l'intégrité de la Moldavie.

L'ancien vice-ministre moldave des Affaires étrangères, Valeriu Ostalep, est également convaincu que ce référendum aura une importance politique. "Une grande partie du pays a cette vision de la politique étrangère de l'Etat. Ajoutez à cela la Transnistrie et les communistes : tout indique que la légitimité de la politique du gouvernement est remise en question du point de vue logique et mathématique", analyse-t-il.

Moscou ne cache pas sa satisfaction. "Le référendum de Gagaouzie a enregistré un taux de participation sans précédent. Les protagonistes de l'intégration européenne sont furieux. Attendons le résultat et nous verrons ce qui préoccupait tant Chisinau", a écrit sur sa page Facebook le vice-premier ministre russe Dmitri Rogozine, qui a suggéré à la Moldavie de se tourner vers l'Union douanière Russie-Biélorussie-Kazakhstan.

 

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