L'Afghanistan fait ses adieux à l'ère Karzaï

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L'élection présidentielle se tiendra samedi en Afghanistan, tirant un trait sur douze années de gouvernement de Hamid Karzaï. Le premier changement de gouvernement démocratique après le renversement du régime des talibans aura lieu peu avant le départ du pays du contingent des USA et de l'Otan, écrit mercredi le quotidien Kommersant.

L'élection présidentielle se tiendra samedi en Afghanistan, tirant un trait sur douze années de gouvernement de Hamid Karzaï. Le premier changement de gouvernement démocratique après le renversement du régime des talibans aura lieu peu avant le départ du pays du contingent des USA et de l'Otan, écrit mercredi le quotidien Kommersant.

Le président sortant Karzaï et son clan ont misé sur l'ex-ministre des Affaires étrangères Zalmaï Rassoul. Cependant, la victoire du successeur de Karzaï ne promet pas au pays une transition vers un développement pacifique. Les talibans qui boycottent l'élection considèrent le départ de Karzaï et de la coalition occidentale comme une opportunité de rétablir le régime islamiste dans le pays.

La campagne électorale s'achève en Afghanistan. Les élections municipales se dérouleront parallèlement à la présidentielle le 5 avril, mais la principale intrigue est de savoir qui succédera au président Karzaï, à qui la Constitution interdit de se représenter pour un troisième mandat.

Parmi les huit candidats à la présidentielle figurent trois favoris. Il s'agit de l'ex-ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah, d'origine tadjike, qui était le principal rival de Karzaï à l'élection de 2009, d'un autre ancien chef de la diplomatie Zalmaï Rassoul, représentant de la majorité pachtoune, ainsi que de l'ex-ministre des Finances et ancien collaborateur de la Banque mondiale Ashraf Ghani (également pachtoune).

Abdullah Abdullah, le plus expérimenté des trois favoris, est entré en politique dans les années 1980 et a travaillé en tant que conseiller politique d'Ahmad Shah Massoud, leader de l'Alliance du nord (ce qui lui vaut le soutien d'influents chefs de guerre tadjiks et ouzbeks). Parmi tous les candidats, Abdullah Abdullah propose le programme de réformes le plus poussé, qui prévoit l'organisation d'élections directes des gouverneurs et une réforme de la Chambre des Anciens, chambre haute du parlement afghan.

Contrairement à Abdullah Abdullah, Zalmaï Rassoul n'a pas beaucoup d'expérience politique, ni de programme. Il semble peu disposé à régler le problème de la corruption dévastatrice, du détournement de fonds et de la faible administration, véritable fléau pour le gouvernement afghan. Cependant, de nombreux représentants de l'élite dirigeante, qui souhaitent maintenir le statu quo après le départ de Karzaï, jugent que c'est un point fort de ce candidat, et non un inconvénient. De plus, son appartenance à la majorité pachtoune offre à Zalmaï Rassoul l'opportunité de préserver l'équilibre entre les clans au pouvoir en cas d'élection.

Quant aux atouts du troisième favori, Ashraf Ghani est non seulement d'origine pachtoune et capable de s'entendre avec l'Occident, mais il est aussi le plus compétent en matière de gestion économique. Cette dernière compétence pourrait s'avérer particulièrement utile sur fond de suspension de l'aide extérieure à Kaboul et d'exacerbation inévitable de la crise économique afghane.

Mais si Karzaï compte sur l'arrivée au pouvoir de son successeur, ce qui lui permettrait de conserver un rôle influent en coulisse, les talibans veulent mettre un terme à l'époque de Karzaï, empêcher le maintien au pouvoir d'un régime laïque et pro-occidental et reprendre les rênes de l'Etat. Les partisans des talibans, qui boycottent la présidentielle, ont déployé à travers le pays une campagne de terreur et de violence destinée à saper le vote. Leurs confrères pakistanais leur sont venus en aide. La semaine dernière les talibans afghans ont conclu un accord avec l'organisation Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP, Mouvement des Talibans du Pakistan), basée dans le pays voisin, pour organiser des raids conjoints en Afghanistan.

"C'est une période cruciale. Nous devons concentrer toutes nos forces en Afghanistan", a déclaré un leader du TTP.

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