Des Syriens vivant à Moscou évoquent la crise dans leur pays

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Syrie - Sputnik Afrique
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Jeudi soir, le Conseil de sécurité des Nations unies examinera deux projets de résolution portant sur la Syrie: un proposé par les pays occidentaux, qui menace le régime syrien de nouvelles sanctions, y compris celles ouvrant la voie au recours à la force, et un autre russe, visant à proroger le mandat de la mission d'observation de l'Onu dans ce pays proche-oriental afin d'instaurer un dialogue entre le gouvernement et les rebelles.

Jeudi soir, le Conseil de sécurité des Nations unies examinera deux projets de résolution portant sur la Syrie: un proposé par les pays occidentaux, qui menace le régime syrien de nouvelles sanctions, y compris celles ouvrant la voie au recours à la force, et un autre russe, visant à proroger le mandat de la mission d'observation de l'Onu dans ce pays proche-oriental afin d'instaurer un dialogue entre le gouvernement et les rebelles.

Les positions des parties en conflit au sujet de cette crise longue de seize mois sont évidentes: le régime est décidé à ne pas lâcher le pouvoir, le Conseil national syrien, basé à Istanbul et s'exprimant au nom de la nation syrienne, exige le départ immédiat d'Assad et exhorte la communauté internationale à intervenir diplomatiquement ou militairement si nécessaire.

Les médias sont également en pleine bataille de l'information: la distorsion entre les faits et des interprétations contradictoires atteint parfois un niveau extrême (comme dans le cas de Treimsa).   

Le drame que vit le peuple syrien s'amplifie chaque jour, et l'on constate que les Syriens eux-mêmes sont partagés sur les moyens à mettre en œuvre pour résoudre la crise. Voici l'opinion de trois Syriens résidant à Moscou. Je tiens à souligner que ces trois points de vue ne cherchent pas à dresser un tableau exhaustif des opinions dans ce pays.

L'étudiant Maurice Al-Ead, 28 ans, reconnaît l'existence de problèmes économiques et sociaux dans son pays, mais considère que ces problèmes doivent être résolus au niveau national, sans révolution, ni intervention étrangère. Hostile à l'égard du CNS, il est reconnaissant à la Russie de sa position ferme.

"La crise actuelle est alimentée par l'Occident et les pays du Golfe, intéressés par la chute de la Syrie. (…) Quant au CNS qu'ils soutiennent, il ne représente pas la majorité du peuple syrien. La plupart des membres de ce conseil vivent depuis longtemps à l'étranger. Pourquoi personne ne se réfère à l'opposition intérieure, à ceux qui ont été poursuivis et qui ont passé des années derrière les barreaux?", a dit-il.

D'après lui, la Syrie est en proie aux terroristes et seule une opération militaire d'envergure serait en mesure de les arrêter.

"Si le pouvoir ne les arrête pas, le pays se transformera en second Afghanistan", estime Maurice.

Président du Centre culturel syrien à Moscou, Mohamed Al-Jouhari est partisan du Front populaire du changement et de la libération (opposition intérieure). Selon lui, l'apparition de cette crise était prévisible, et l'Etat n'a rien fait pour la prévenir.

"Problèmes économiques et sociaux, état d'urgence et absence de démocratie depuis quelque 40 ou 50 ans - tout cela a créé un fossé entre le peuple et le pouvoir. Avant le début des événements, l'opposition a pointé la nécessité de relâcher les prisonniers politiques et de procéder à une démocratisation du pays, (…) mais l'Etat a fait exactement le contraire", a-t-il déclaré.

Selon lui, le pouvoir a négligé le dialogue et a poussé les mécontents à s'armer, puis la révolution est sortie de son cadre et a perdu son sens initial.

"Aujourd'hui, il ne s'agit plus de révolution, mais de bandes armées financées par le Qatar et par l'Arabie saoudite. Le peuple s'est retrouvé en marge. Il guette la liberté, mais pas à ce prix", trouve-t-il.

Pourtant, il considère que la crise doit être résolue par des négociations.

"La Russie doit intensifier les pressions sur le pouvoir et sur l'opposition. Les autorités doivent faire des concessions et satisfaire les revendications de l'opposition, dont celle relative à la formation d'un gouvernement d'unité nationale".  

L'avis de Khaled Osmane, professeur d'économie, est proche de celui de M. Al-Jouhari. Il reconnaît, lui aussi, que la crise a été engendrée par l'irresponsabilité des autorités qui n'ont rien fait pour la freiner. Toutefois, selon lui, l'Etat n'est pas le seul responsable.

"Certains Etats, y compris les pays du Golfe, ont profité de la situation qui a vu le jour dans le pays. Ce sont eux qui ont financé et armé l'opposition et des groupes rebelles, si bien qu'aujourd'hui la Syrie est noyée dans le sang", a expliqué M.Osmane.

Ce dernier refuse de reconnaître le Conseil national syrien. Selon lui, ses membres prônent l'ingérence extérieure car ils n'ont aucune autre chance d'obtenir le pouvoir.

"Si les parties (l'opposition et le pouvoir) se mettent d'accord pour procéder à des réformes et à tenir un scrutin, le CNS se retrouvera hors-jeu. Ils refusent tout dialogue tant qu'Assad est président? Et s'il part, avec qui vont-ils négocier?", a poursuivi Khaled Osmane, avant d'ajouter que le dialogue national était le seul moyen de régler la crise syrienne, mais qu'avant de l'entamer, le pouvoir devait faire des concessions et entendre la voix de vrais patriotes qui sont des membres de l'opposition intérieure.

"Tous les Syriens doivent être impliqués dans l'extinction de cet incendie. Si l'on commence à regretter ce qui n'a pas été fait, on ne sortira jamais de cette crise. Il faut s'unir pour sauver le pays, quant aux coupables, on s'en occupera après".

 

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