Vitali Chlykov, membre du Conseil pour la politique extérieure et de défense: Compte tenu de l'inacceptabilité de la moindre représaille nucléaire sur son territoire et de la situation prévalant dans le monde, l'emploi non pas du gourdin nucléaire mais des armes de haute précision est bien plus probable. Même à l'époque de la guerre froide les Etats-Unis étaient conscients que mieux valait terrasser un adversaire de l'intérieur que le soumettre au chantage nucléaire.
Alexeï Arbatov, directeur du Centre de sécurité internationale de l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales (IMEMO, Académie des sciences de Russie): on assiste effectivement à une réduction numérique des forces stratégiques russes, cependant on ne saurait prétendre que les Etats-Unis sont désormais en mesure de porter une première frappe désarmante. Les 1500 ogives nucléaires que la Russie possède encore sont plus que suffisantes pour causer un préjudice catastrophique au pays initiateur d'une agression nucléaire, par exemple pour raser ses dix plus grandes mégalopoles. Si à l'époque de la guerre froide on pouvait encore discuter sur l'acceptabilité d'un tel dommage, ce n'est manifestement plus le cas aujourd'hui.
Viktor Essine, général de corps d'armée, premier vice-président de l'Académie des problèmes de sécurité, de défense et d'ordre juridique, ancien chef de l'état-major principal des Troupes nucléaires stratégiques russes (1994-1996): Même si d'ici à 2020 les Etats-Unis réussissaient à installer une défense antimissile capable d'intercepter 300 ogives nucléaires, de toute façon ils ne parviendraient pas à faire face à une frappe massive de 1200-1500 ogives. Pour la défense antimissile américaine il serait extrêmement malaisé de calculer les trajectoires des ogives nucléaires manoeuvrant en vol dont dispose la Russie.