A cet égard le ministre des Finances, Alexeï Koudrine, a déclaré que prochainement le rouble figurerait dans les réserves de plusieurs Etats étrangers au même titre que les dollars, les euros et les yens. Les analystes sont partiellement d'accord avec Alexeï Koudrine. Ils pensent toutefois qu'il est peu probable que dans les années à venir les banques étrangères investissent plus de 50 milliards de dollars dans le rouble.
Parmi les probables acheteurs de roubles Alexeï Koudrine a cité la Chine, numéro un mondial pour les réserves de change (plus de 875 milliards de dollars), "plusieurs autres pays de la Communauté des Etats indépendants (CEI) et aussi d'Europe".
La Chine pourrait convertir en roubles une partie de ses réserves de change de manière à réduire les investissements dans le dollar, indique de son côté Vladimir Pantiouchine, économiste de Renessans kapital. Selon lui, des pays de la CEI vont eux aussi acheter de la monnaie russe.
Les banques européennes n'auront aucune raison de détenir des roubles si une demande appropriée n'émane pas des contractants européens des sociétés russes, fait remarquer Evgueni Nadorchine, de la banque de placement Trast. Ces pays achètent des matières premières russes et le temps aidant ils pourront investir aussi en roubles, relève Vladimir Tikhomirov, économiste d'Ouralsib. Parmi les acheteurs potentiels de roubles il cite la quasi-totalité de l'Europe orientale, l'Allemagne, l'Italie, la France et, par la suite, la Grande-Bretagne.
Toutefois, la demande de roubles ne sera pas importante. Elle pourrait se chiffrer à 30-50 milliards de dollars dans les années à venir, estime Vladimir Tikhomirov, car il ne faut pas oublier que la part de la Russie dans le commerce mondial ne dépasse pas 2-3%.
"Même les 10 milliards de dollars de roubles que la Banque centrale européenne pourrait acquérir constituent déjà une somme substantielle", souligne Evgueni Nadorchine. Pour que le rouble jouisse d'une confiance stable, "il faudra pas moins de cinq ans au cours desquels la Russie devra différencier son économie", fait remarquer Vladimir Pantiouchine. Par contre, si cela se produit, la Russie pourra saturer l'économie d'argent (en augmentant le rapport masse monétaire/PIB) tout en faisant reculer l'inflation, estime l'analyste de Trast.
