De l'avis des analystes, cette déclaration intervient à la veille du prochain sommet du G8 afin de rappeler à l'Occident que la sécurité énergétique est payante. Et que si c'est Chokhine qui l'a faite, c'est parce qu'il n'a pas de statut officiel.
"Le volume des livraisons (à la Chine) est tel que des problèmes risquent de surgir pour approvisionner l'Europe en gaz ", a-t-il déclaré à Paris dans son intervention lors d'une conférence internationale intitulée "Sommet de la CEI sur le pétrole et le gaz: Russie, Ukraine, Caspienne et Asie centrale". D'après ses dires, c'est une raison pour les consommateurs et les producteurs de gaz de réfléchir sur les moyens de diversifier les livraisons.
Les politologues sont enclins à considérer la déclaration de Chokhine comme faisant partie du marchandage politique à la veille du G8 de Saint-Pétersbourg. Le thème numéro un de la réunion sera, sur la proposition de Moscou, la sécurité énergétique. Il est donc proposé aux consommateurs de méditer sur le prix qu'ils sont prêts à payer pour cette sécurité.
"Les propos du président de l'Union des industriels ne sont qu'une ruse pour effrayer l'Europe et obtenir pour Gazprom des conditions plus avantageuses d'accès aux réseaux de distribution européens", affirme Galina Sapeko, du Centre de conjoncture politique. "Cela fait partie du marchandage gazier avec l'Europe, par exemple pour l'accès aux réseaux de distribution", acquiesce le directeur adjoint du Centre des technologies politiques, Alexeï Makarkine.
Cependant, les analystes divergent dans leur évaluation des conséquences qu'aura la déclaration d'Alexandre Chokhine. "Il ne convient pas aux autorités officielles russes de faire des déclarations de ce genre. Elles risqueraient que de se faire accuser de négliger leurs engagements. En ce qui concerne Chokhine, il représente l'opinion publique et peut donc faire savoir librement son avis sans que l'Etat soit ensuite obligé de le désavouer. On comprend pourtant qu'il le fait au su des autorités", estime Alexeï Makarkine.
"Cette déclaration tombe mal à propos. La Russie s'efforce depuis six mois déjà de rétablir sa réputation de fournisseur fiable de gaz à l'Europe et les propos de Chokhine jurent avec ceux des dirigeants de Gazprom qui avaient promis que tous les engagements contractuels seraient respectés", réplique Galina Sapeko.
Certes, poursuit l'analyste, l'Europe semble faire confiance au monopole gazier russe tandis qu'on a du mal à imaginer Chokhine parmi les politiques du plus haut rang. Mais ses propos peuvent être utilisés par la presse occidentale pour relancer la campagne antirusse.
